Les Pères de
l’Eglise s’accordent sur la supériorité de l’âme et des hommes sur les animaux.
Mais tous ne
concèdent pas la participation de la femme au modèle divin. Il est difficile de
voir la femme comme « théomorphe ». Dans le Talmud ce n’est que dans l’union
harmonieuse de l’homme et de la femme que se réalise l’image de Dieu bien que
la supériorité d’Adam soit incontestable pour les docteurs de l’Eglise. Philon
d’Alexandrie, dans De Opificio Mundi, voit dans la femme absente du paradis
originel la raison de l’éloignement de l’homme du divin. Paul, dans la première
Epître aux Corinthiens, pèse de toute son autorité sur l’exégèse des Pères. Cor
11, 7-8 « « L’homme, lui, ne doit pas se voiler la tête : il est l’image et la
gloire de Dieu; mais la femme est la gloire de l’homme. […] Et l’homme n’a pas
été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. […] Oui, vous tous qui avez
été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni esclave ni
homme libre; il n’y a plus l’homme et la femme; car tous, vous n’êtes qu’un en
Jésus-Christ. » »
Gal., 3,
27-8. En Christ disparaissent les différences sexuelles. Quelques Mères de
l’Eglise se disaient femmes par nature et non par la pensée, car pour
ressembler au Christ il fallait « devenir mâle » et surpasser sa condition de
femme. Même si certains tentent de défendre le féminin, comme Basile de
Césarée, la faiblesse de la femme reste la faute originelle. Sa force d’âme
égale celle de l’homme. La femme aurait été créée pour que l’homme ne reste pas
seul, non pas dans une optique de reproduction mais dans une préscience de la
chute. Eve reçut son nom de Mère de l’humanité lorsqu’elle fut chassée du
paradis. En Orient, Eve n’a pas sa place au royaume des anges car elle a une
dimension sexuelle. « En Occident, par une rhétorique habile, Augustin a
restitué sa cohésion à l’ensemble des deux récits bibliques; au nom du mariage,
il a rendu Eve au jardin d’Eden, mais à condition d’y être simplement
l’auxiliaire de son mari. Auxiliaire sur le chemin du péché comme sur celui de
la rédemption : le féminin, à travers Marie et l’Eglise, aux côtés du Christ
nouvel Adam, prenait désormais sa part à l’instauration de l’ordre du salut. »
La femme
créée par Dieu à partir de l’homme provoque sa perte et plus tard elle lui
permet au contraire de racheter les péchés de l’humanité en étant enfantée par
un ange sans jamais avoir connu l’homme, afin qu’elle offre la vie de son
enfant. La femme est une création de Dieu à partir de l’homme. Elle rétablit
l’équilibre en faisant chuter l’humanité et la rachète par le sacrifice de son
fils.
Extrait de l’Essai : Relecture des
multiples facettes du féminin sacré et profane par Marilyn RENERIC-CHAUVIN
École Doctorale Montaigne Humanités
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