Article de Delphine Lhuillier est ethnologue de
formation. Responsable éditoriale de generation-tao.com, elle a participé à la
création du Centre Tao Paris et est également formatrice en Wutao®. Elle est
initiatrice du Festival du Féminin®, né en 2012, qui a désormais acquis une dimension
internationale.
La ménopause, on la
craint. C'est la fin d'un cycle, celui des menstruations. Les règles nous
quittent progressivement après 35-40 ans de bons et loyaux services. Parfois
avant l'âge de 50 ans, parfois plus tard. Delphine Lhuillier, auteur de
"Feminin sans tabou" nous apprend à accueillir cette période de notre
vie.
L’étymologie du mot
ménopause signifie "arrêt des mois", autrement dit, l’arrêt des menstrues. Le nombre de
follicules contenus dans les ovaires est limité (environ sept cent
mille). Ces follicules sécrètent la plus grande partie des hormones
féminines et contiennent les ovules fécondables. Au fur et à mesure qu’ils
disparaissent, la production d’hormones féminines diminue avant de cesser
complètement. On admet qu’est ménopausée toute femme non réglée depuis un
an, mais c’est impropre, puisque certaines maladies peuvent stopper
les règles jusqu’à deux ans.
En définitive, la
ménopause pourrait être considérée comme le pendant de la puberté : la fin et le début d’un cycle. Celui des
menstrues.
Les règles nous
accompagnent pendant trente-cinq à quarante ans de notre vie, puis elles
nous quittent. À tout jamais. Elles s’arrêtent tout comme elles
ont commencé. Progressivement. Comme si la nature nous donnait le
temps de nous habituer et de nous déshabituer. Parfois avant l’âge de 50
ans, parfois plus tard.
Une période de
transition
Le temps de transition de
la préménopause est injuste. Eh oui ! Pour certaines, pas de grands
bouleversements, le passage se vit en douceur. Pour d’autres, un vaste
cataclysme hormonal se prépare : bouffées de chaleur intempestives, suées,
fatigue, etc. pendant deux à trois ans. Entre gêne sociale et désagréments
à gérer dans le couple sous l’influence de la préménopause, la
ménopause est parfois accueillie avec soulagement !
À quoi seraient dues ces
différences ?
Les médecins avancent
des composantes génétiques. Autrement dit, si votre mère a vécu
une préménopause facile, réjouissez-vous, il y a de grandes chances pour
que ce soit pareil pour vous. Dans le cas contraire, eh bien oui, vous pouvez
vous attendre à vivre quelques moments difficiles.
Heureusement, il existe
des remèdes naturels et des compléments alimentaires pour apaiser tous ces
désagréments : les phytoestrogènes en phytothérapie, Féminabiane® en
micronutrition, etc. Il semblerait également qu’une pratique
corporelle régulière qui sollicite intelligemment notre chaîne musculaire
"booste notre système hormonal et allège les symptômes".
Ah, mais j’oubliais, la préménopause n’est pas une maladie ! Juste
un processus naturel. Nous l’oublions parfois.
Ménopause, la fin de tout
?
Après la préménopause
vient le moment où le cycle s’arrête définitivement. Les femmes pourraient se
sentir soulagées à cette idée. Certaines, oui, parce que leurs règles étaient
douloureuses, parce que l’arrivée de la ménopause a stoppé la progression d’un
fibrome hémorragique. Elles se sentent rassurées. Mais pour beaucoup, ménopause
rime avec fin de la séduction, de la sensualité, de la sexualité : "Ma vie
de femme, c’était avant. Si je ne suis plus capable de procréer, alors je ne
suis plus vraiment une femme." Quelle tristesse !
En fait, toutes ces
remises en question sont profondément liées à un contexte sociétal.
Christine Northrup, dans son ouvrage La sagesse de la ménopause, paru en 2003, avait révolutionné les mentalités.
N’oublions pas que dans certaines cultures primordiales, la ménopause
était perçue d’une tout autre manière. Elle était au même titre que la
puberté considérée comme une initiation profonde, une transformation du corps
et de l’âme qui octroyait à la femme un nouveau pouvoir, de nouvelles
énergies, un nouveau savoir. On écoutait les aînées. On les
respectait.
"Plonger dans son
processus de renaissance"
Elles avaient aussi
pour rôle d’éduquer les jeunes générations. Mona Hébert, homéopathe, naturopathe
et herboriste qui se consacre à la santé des femmes, nous explique:
"La période de la ménopause permet à la femme de plonger dans son
processus de renaissance et d’accoucher d’elle-même ; d’entrer un moment
dans cette grotte au fond d’elle pour faire le point sur son passé et se
dépouiller de tout ce qui voile ou fait de l’ombre à sa vérité. Ainsi mise
à nue, elle est prête à reprendre sont autonomie dans chacune des facettes
de sa vie et de ses riches possibilités."
Elle ajoute, dans son
ouvrage La médecine des femmes (éd. Le Souffle d’Or) : "L’étape de la procréation révolue, le cycle se
transforme et libère en nous des énergies créatrices qui ouvrent la porte à une
nouvelle forme de fécondité. Ainsi, chaque femme peut renaître et entrer dans
son propre pouvoir."
Célébrons notre ménopause
!
Nous avons donc chacune
le pouvoir, et je dirais le devoir, de changer notre regard sur la
ménopause pour lui accorder toute la force qu’elle représente. Imanou Risselard, cocréatrice du Wutao® et de la trans-analyse, nous témoigne son envie
de célébrer sa ménopause pour acter une transformation pleine de promesses
:
"Je m’approche de la
porte où le temps s’inverse. Je me prépare à mettre mes pas là où des milliards
de femmes avant moi les ont posés dans ceux de tant d’autres. Et je me
prépare à fêter ce jour au grand jour avec mes amis, femmes et hommes. Oui, je
vis les marques du temps comme autant de joyaux et de surprises, la promesse de
déployer encore et encore mon essence vitale. Oui, vieillir me semble une bien
belle option que m’offre mon corps à vivre pleinement."
Alors oui, préparons ce
moment. D’autant que la nature nous en donne le temps. Les signes de la
préménopause nous montrent le chemin pour trouver une date, un lieu, un
acte, un symbole, un rituel, une danse, un chant et les personnes avec qui
nous souhaitons célébrer notre transformation.
Et comme il n’est jamais
trop tard pour acter le changement, je vous invite, Mesdames, vous qui lirez
ces lignes, si vous avez déjà franchi ce cap, à le ritualiser. En
sororité, ou entourée d’amis proches (vous pouvez avoir envie que des
hommes soient présents). Et pensez aussi à vos amies, faites-leur savoir.
Aidez-les à s’organiser. Accompagnez ce passage.
Réinventons notre présent.
Extrait du livre "Féminin sans tabou" de Delphine
Lhuillier. Editions Eyrolles 2014.
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