Les ambitions de ce livre sont de
comparer les récits de la création de la « moitié » de l’Humanité et de ses
répercussions dans le monde contemporain. Cet ouvrage est né du souci
d’élucider les représentations originelles des femmes. A Mécôné, se réglait la
querelle des hommes et des dieux. Prométhée, fils de Japet, partagea un bœuf en
deux et proposa une part à Zeus. Les parts étaient inégales et Zeus s’en rendit
compte. Le Cronide refusa de partager le feu infatigable avec les hommes. Mais
Prométhée le rusé leur déroba, ce qui déclencha le courroux de Zeus. Il créa en
place du feu un mal destiné à se venger des hommes. Avec l’aide d’Athéna et
d’Héphaïstos, ils façonnèrent un piège qui fut une merveille pour les yeux.
Tout paré de dentelles et bijoux incroyables, ce mal si beau, émerveillant même
les immortels, était un piège profond et sans issue destiné aux humains. Zeus
commande « […] à l’illustre Héphaïstos de tremper d’eau un peu de terre sans
tarder, d’y mettre la voix et les forces d’un être humain et d’en former, à
l’image des déesses immortelles, un beau corps aimable de vierge; Athéné lui
apprendra ses travaux, le métier qui tisse mille couleurs ; Aphrodite d’or sur
son front répandra la grâce, le douloureux désir, les soucis qui brisent les
membres, tandis qu’un esprit impudent, un cœur artificieux seront, sur l’ordre
de Zeus, mis en elle par Hermès, le Messager, tueur d’Argos. »
« Car c’est de celle-là qu’est sortie la
race, l’engeance maudite des femmes, terrible fléau installé au milieu des
hommes mortels. »
Zeus leur a fourni un mal qui causera la
chute de l’Homme. Celui qui choisit le mariage, «[…] s’il tombe sur une espèce
de folle, alors, sa vie durant, il porte[ra] en sa poitrine un chagrin qui ne
quitte plus son âme ni son cœur, et son mal est sans remède. »
Zeus l’a puni par un lien terrible que
la ruse ne pourra défaire. Les Heures la parent de fleurs dans les cheveux, les
Grâces de colliers, Athéna de sa ceinture et sa parure, et Hermès implante en
son cœur mensonges et mots trompeurs comme le voulut Zeus. Il lui donna la
parole et la nomma Pandora (celle qui a tous les dons). Tous les habitants de
l’Olympe lui firent des présents et donnèrent le malheur aux hommes. Zeus lui
confia une jarre qu’elle ouvrit sur son ordre. Tous les maux s’en échappèrent,
seule l’elpis, qui signifie l’attente, resta auprès de Pandora. Pour Jean-Pierre Vernant, Pandora est un être double.
C’est un « beau mal », un cadeau divin qui fixe le statut de mortel et celui de
dieu. Pandora, « […] par son ambivalence - malheur des hommes, amour des hommes
-, elle exprime un trait essentiel de la condition humaine, ce qui la distingue
fondamentalement de la vie divine : une forme d’existence où il ne peut y avoir
de bien sans mal, où tout positif a son revers de négatif. »
Epiméthée le frère de Prométhée, épousa
Pandora. Il ouvrit ainsi deux choix aux hommes; celui de rester célibataires ou
celui de se marier. Le ventre féminin est celui qui crée et celui qui détruit
car il fait croître mais aussi affaiblit.
Extrait
de l’Essai : Relecture des multiples facettes du féminin sacré et profane
par Marilyn RENERIC-CHAUVIN École Doctorale Montaigne Humanités
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