Eternelle adolescente, immature,
névrosée, vicieuse, putain, hystérique, Jules, en tout cas mal baisée, et
dangereuse. Voilà comment on interprète un comportement qui échappe à la
société patriarcale et pour laquelle il est, en effet, impensable.
Face
au pouvoir : Les femmes
lesbiennes contestent à la fois aux médecins, psychiatres et psychanalystes,
politiciens, théologiens et sexologues de toute espèce, le droit et le pouvoir
qu’ils s’arrogent de tenir un discours et de porter un jugement sur la
sexualité de la femme en général et des lesbiennes en particulier. Ces savoirs
masculins sont en effet suspects de vouloir tout simplement justifier et
entretenir un état d’ignorance de la femme sur elle-même, un état d’oppression,
un véritable détournement des relations amoureuses et sexuelles à leur profit
exclusif.
Pourquoi ?
C’est que le choix du lesbianisme remet
en cause la famille, cellules de base du système patriarcal, que la femme
lesbienne élabore et crée ses valeurs propres et ne sert pas de courroie de
transmission à la société masculine. En effet, le rapport de ces femmes est
subversif, puisque il ne crée pas de produit à échanger sur le marché (les
filles), et ne reproduit pas le système d’oppression au sein même de la cellule
familiale (c’est à dire le fils).
Tout être humains doit avoir le droit de
disposer de son corps sans autre limite que la liberté d’autrui. Cette libre
disposition concerne bien sûr le droit de circuler, de travailler, de conserver
sa santé, mais aussi le droit de sa propre jouissance. Et des femmes osent, non
seulement vivre sans hommes, mais JOUIR sans hommes. Si la première chose est
déjà suspecte, la seconde est inadmissible ; Des femmes osent dire que le
pénis n’est pas essentiel, que la femme peut être autonome jusque sur ce
point ; la sexualité, où on l’a
toujours dite passive par excellence. La femme prouve donc qu’elle a une
sexualité tout à fait indépendante alors que l’homme, lui, dit en gros qu’elle
n’est qu’un trou pour lui.
C’est toujours à "ça" que
l’homme veut arriver et même si elle est flattée et comblée, ce n’est pas
"le tout de la femme". Et ce n’est pas ce qui se passe entre femmes.
Mais on ne les laisse pas dire, on ne les laisse pas parler, on leur fait
croire qu’aborder ce sujet est inconvenant, qu’avoir envie d’autre chose,
autrement et avec une femme, et c’est le cas, c’es tune perversion, et plus
perfidement, une régression, on essaie de les impressionner, de les
culpabiliser, de minimiser, de dévaloriser, de marginaliser leurs rapports et
leur désir. On les isole et on les oblige au silence. Elles ne peuvent exprimer
leur bonheur, et on lance à leurs trousses les grands corps phalliques du Savoir
et de l’Autorité, déguisés en Nature ou en Norme, notions qui, on le sait bien,
sont sans le moindre fondement.
Isoler pour mieux régner : Et l’homme détenteur du pouvoir
quantitatif :
Pénis + Fric + Savoir = Jouissance,
écarte la femme, et la femme lesbienne
surtout, des grands courants de son histoire, car la lesbienne est, pour
l’homme fétichiste de son pénis, le pire danger, le plus immédiat et le plus
visible dans la lutte pour la libération de la femme. C’est pourquoi, même les
autres femmes féministes prennent peur, se méfient, car elles pensent que nous
allons trop loin et que nous prenons trop de risques. Risquer de perdre l’appui
des hommes, de se priver de leurs valeurs, c’est à dire les seules
valables ? C’est encore la Grande peur, hélas.
On pense empêcher ainsi d’autres femmes
de prendre la parole à leur tour, et de mettre à jour ce qui est refoulé,
enfoui, nié, mais vivace et non mort en chacune de nous. On espère, en
empêchant la naissance d’une histoire ou des mythes (pourquoi pas une déesse
lesbienne, un(e) écrivain(e) lesbienne ?) étouffer la naissance du désir
et son épanouissement. Il devient ainsi impensable pour beaucoup de femmes de
penser, situer, "leurs" désirs pour une autre femme, faute de modèle
culturels et sociaux.
Et, si des femmes parviennent à se dire
et vivre leur amour, la situation est si inconfortable, le regard de la société
conditionnée est si trouble, si morbide et si sournois, que peu y résistent. Et
l’on prend la conséquence pour la cause ; invisibles, les lesbiennens
n’existent pratiquement pas.
Qu’est-ce donc que l’amour
lesbien ? Il faut le dire simplement ; c’est le désir multiple d’une
femme pour une autre femme, c’est ce choix, cette prédilection du corps offert,
semblable et si différent, en face de nous ; chaque être manifeste son
mystère dans son altérité fondamentale. Personne n’a le droit de dire que,
seule, la différence des sexes fonde le droit au désir et au plaisir.
NOUS
PROPOSONS
I – Que l’enfant et l’adolescent soient informés objectivement des
différentes formes de sexualité et qu’ils soient ainsi réellement responsables
de leur choix.
II- Que soient supprimées toutes les lois répressives, en particulier
le fameux amendement Mirguet (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Amendement_Mirguet ) , que soient dénoncées, à chaque fois, toute
discrimination sournoise et déguisée (refus, suppression d’emploi ou
déplacement), toute assimilation et confusion avec des maladies, mentales ou
physiques, qui entraînerait une discrimination dans le travail et la
profession.
III – Que les médias diffusent la véritable image de la lesbienne et
détruisent ainsi l’image fausse et caricaturale qui en est faite.
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