Le Point.fr ouvre son espace de débat au
professeur Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses tropicales émergentes
à la faculté de médecine de Marseille-2.
Le dernier prix Nobel de médecine a été attribué à deux chercheurs, Gurdon
et Yamanaka, qui ont réussi à reprogrammer des cellules humaines matures pour
en faire des cellules embryonnaires, c'est-à-dire des cellules capables de se
transformer en n'importe quelles cellules spécialisées (coeur, cerveau, peau).
Ce qui ouvre de grandes perspectives thérapeutiques, ces cellules pouvant se
substituer aux cellules défaillantes chez l'adulte.
Or, cette "reprogrammation cellulaire" se fait de façon naturelle
chez la femme enceinte. En effet, on a découvert, il y a quelques années, que
les femmes étaient souvent porteuses d'un "microchimérisme",
c'est-à-dire qu'elles portaient des cellules qui étaient des cellules d'origine
différente des leurs. On trouve ainsi, chez la plupart des femmes qui ont eu un
garçon, des cellules possédant des gènes de garçon, en particulier dans leur
cerveau.
En clair, ces femmes ont été colonisées par des cellules souches de leur
enfant pendant leur grossesse. Des cellules issues de l'embryon ou du foetus,
qui passent dans le sang maternel. Par ailleurs, on sait que les femmes ont une
espérance de vie beaucoup plus longue que celle des hommes. Et cela reste vrai,
même une fois corrigés les biais liés aux comportements (tabac, alcoolisme,
violence). Les femmes vivent en moyenne plus longtemps et en particulier celles
qui ont eu des enfants, encore plus quand ce sont des mères de famille
nombreuse !
Quid des hommes ?
Cette colonisation cellulaire des mères
par leurs enfants fonctionne donc comme une fontaine de jouvence ! En outre,
ces cellules souches, acquises pendant la grossesse, pourraient jouer un rôle
dans la protection contre les cancers du sein et contre la maladie d'Alzheimer.
Quid des hommes ? Ils ne deviennent pas
des chimères, sauf, éventuellement, à l'occasion de transfusions massives chez
les immunodéprimés, mais dans ce cas, hélas, ce ne sont pas des cellules
souches, et elles ont un effet plutôt négatif. Ainsi, contrairement à ce que
disait Simone de Beauvoir - "On ne naît pas femme, on le devient" -, il apparaît que
certaines femmes, nées totalement femmes, deviennent un peu des hommes, sans le
savoir, après avoir été enceintes d'un garçon ! Ce qui, du même coup, contredit
la classification simpliste hommes-femmes sur la totalité des gènes.
*Auteur de De l'ignorance et de l'aveuglement : pour une science
post-moderne, Kindle Édition, 317 pages, 5,53 euros.
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