Entre l'homme et la femme. Cet écart entre les
deux sexes a deux conséquences: une durée d'union souvent courte, et des
remariages fréquents. Dans les autres milieux sociaux, c'est le père qui impose
un parti, objet là aussi de tractations entre les familles respectives.
L'épousée apporte une dot qui provient de ses
parents (selon la tradition romaine) et qui se présente sous diverses formes:
biens, terres, animaux… L'époux constitue une dot à sa femme. A l'époque
mérovingienne s'ajoute le don du matin, le lendemain des noces. Dot du mari et
don du matin constituent le dotalicium, le douaire qui sera un gain de survie pour
la veuve. A la campagne, les familles doivent économiser ou s'endetter pour
payer le repas de noces, la confection du trousseau et la dot. Le mariage est
autant un acte social que privé, c'est pourquoi parentes, amies, voisines
accompagnent la jeune épousée à la préparation de la nuit de noces et lui
donnent une leçon d'éducation sexuelle. La voilà prête à remplir son devoir
d'épouse et de mère !
Charte de la femme mariée
L'auteur du « Ménagier de Paris » indique comment
doit se comporter une bonne épouse : après ses prières du matin, habillée
convenablement en tenant compte de sa position sociale, elle sortira
accompagnée de femmes honnêtes et marchera les yeux baissés sans regarder à
gauche ni à droite (beaucoup de représentations de cette époque la montrent en
effet les yeux baissés pudiquement).
Elle placera son époux au-dessus de tous les hommes,
avec le devoir de l'aimer, de le servir, de lui obéir, se gardant de le
contredire en toutes choses. Elle se montrera douce, aimable, débonnaire et
devant les colères de celui-ci restera calme et modérée . Si elle constate une
infidélité, elle confiera son malheur à dieu uniquement. Elle veillera à ce
qu'il ne manque de rien, faisant montre d'une humeur égale.
Violences conjugales au Moyen Âge, Battre sa femme
était courant au Moyen Âge et parfois conseillé. Au XIII siècle, les coutumes
de Beauvesis autorise le mari à corriger son épouse surtout en cas de
désobéissance. Brutalité, dépravations étaient données en exemple par la
plupart des rois mérovingiens. Il était facile d'accuser sa femme d'adultère et
de l'enfermer, voire de la tuer pour pouvoir se remarier, car les sources
législatives confirmaient la suprématie de l'homme dans le foyer, ce dont il
abusait impunément. Cette brutalité se retrouvait dans tous les milieux
sociaux. Il y eut cependant des cas de mariages heureux mais il était malséant
d'en faire état, on ne devait pas en parler. Dans l’aristocratie, l’amour
courtois avec ses règles et ses coutumes permirent aux jeunes gens de s'ouvrir
aux émois du monde amoureux sans en dépasser les limites.
L'église et la sexualité
Au Moyen Âge, L'église n'admet la sexualité que si
elle a pour but la procréation. Déjà les stoïciens dans l'antiquité
s'opposaient aux plaisirs de la chair. Pendant ses règles, l'épouse est
déclarée impure et doit éviter tout rapport, de même pendant la grossesse.
L'église en profite également pour interdire toute relation sexuelle entre les
époux pendant les fêtes du calendrier liturgique: Carême, Noël, Pâques, jours
des saints, avant la communion, le dimanche jour du seigneur, les mercredis et
vendredis jours de deuils.
C'est pour contenir l'amour excessif que les
clercs en limitèrent l'expression ! En cas de non respect de ces règles le
terme d'adultère pouvait s'appliquer entre époux !
Grossesse et accouchement
Si la vocation de la femme mariée est d'enfanter, la
femme stérile étant mal vue, la grossesse et l'accouchement représentaient un
grand danger pour la jeune mère qui risquait sa vie, de même que celle de son
enfant. Par manque de moyens, de connaissances médicales et surtout par manque
d'hygiène, beaucoup de femmes mouraient en couches ou de ses suites (fièvre
puerpérale).
La moindre complication, l'enfant qui se présentait
en siège, la présence de jumeaux, un accouchement long et difficile pouvaient
être fatals pour la mère, aussi la joie de remplir leur rôle était-elle doublée
d'angoisse pour les femmes. Cette mortalité atteignait un pic entre vingt et
trente ans. Quand une femme mourait en couches, la matrone devait se hâter de
pratiquer une césarienne pour extraire le nouveau-né et lui donner l'ondoiement
autorisé par l'église, car ce baptême empêchait son âme d'errer dans les
limbes.
L'accouchement était le monopole des sages-femmes
dont le savoir empirique se transmettait de générations en générations Après
l'accouchement, la mère déclarée impure ne peut entrer à l'église pendant
quarante jours au terme desquels le prêtre pratiquera la cérémonie des
relevailles. L'amour maternel guide la jeune mère conseillée par les femmes de
sa famille. Avoir un garçon était plus valorisant que d'avoir une fille. Au cas
où ses parents lui feraient défaut, l'enfant est placé sous la protection de
parrains et marraines parfois nombreux pour assurer sa survie.
La contraception au Moyen Âge
Pour éviter les grossesses à répétitions, les femmes
utilisaient des méthodes abortives à base de plantes, décoctions, amulettes et
potions, se provoquaient des chocs tout cela proscrit par l'église ! En
désespoir de cause il leur restait la solution de l'abandon ou pire de
l'infanticide. Afin de lutter contre ces abandons l'église accepte, en l'an
600, que les mères les plus démunies déposent leurs enfants sur les parvis afin
que le prêtre puisse les proposer à l'adoption par quelques fidèles.
Le viol
Menace permanente sur les jeunes filles et pour les
femmes mariées, le viol au Moyen Âge était pratiqué en temps de paix comme en
temps de guerre. Ce crime rarement puni faisait peser sur la femme la honte du
déshonneur et la grossesse redoutée. Les seigneurs se donnaient le droit de
cuissage sur leur terres qui consistait à passer la nuit de noces avec la jeune
mariée sans son consentement encore moins celui de l'époux ! Seul était puni de
mort le viol commis sur une femme de la haute société. L'infortunée qui tombait enceinte à la suite d'un viol était très mal
vue, on considérait qu'elle était responsable. Le viol en temps de guerre était
hélas banal et courant,aucun être féminin n'était épargné. Pillages, incendies,
viols, meurtres, brutalité, destructions, tout était permis aux conquérants. Il
régnait une insécurité permanente en ces sombres périodes de l'histoire, et la
femme en payait le lourd tribut.
La prostitution
Au Moyen Âge, l'Eglise et les autorités laïques
avaient une position ambigüe sur le problème de la prostitution. Elles la
condamnaient, et en même temps la considéraient comme un mal nécessaire. Les
femmes qui se prostituaient étaient pour la plupart des femmes déshonorées par
le viol, des servantes engrossées par leur maître ou des ouvrières réduites à
la misère. L'essor des villes à partir du XIIe siècle provoquera l'apparition
des bordels, afin que regroupées elles ne traînent plus dans les rues affichant
un exemple déplorable aux passantes.
Au XIVe et XVe siècle les épidémies et les guerres
précipitent les femmes dans la misère les incitant à se prostituer pour
survivre. Las, dans le contexte du Moyen Âge, une fille ne pouvait être que
pure ou publique de sorte que la fille violée malgré son innocence et son
ignorance des choses de la vie se trouvait reléguée parmi les filles communes,
il lui était impossible de se réinsérer dans la société. Des femmes entraient
comme chambrières dans les étuves et finissaient au bordel. Les plus riches
tentaient de s'habiller comme les bourgeoises malgré la législation leur
imposant une tenue spéciale. L'écrivain Christine de Pisan qui prit fait et
cause pour la condition féminine s'élève contre une attitude dévalorisante pour
les femmes. L'église finit par mettre en place des fondations destinées aux
pècheresses repenties leur redonnant une chance de sortir du cercle vicieux, de
prendre le voile ou de se marier.
Sources :
des moines et des paysans du Moyen Age de Eric Birlouez. Editions Ouest France,
2009.
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