Nous femmes, sommes solidaires de toutes
celles qui, pendant des millénaires, ont subi l’esclavage de maternités
successives, aux dépens de leur santé, de leur plaisir, de leur jeunesse, de
leur autonomie, de leur vie propre, qui ont été maintenues par les tabous et
les lois dans la subordination à la reproduction de l’espèce et dans
l’ignorance de leur corps.
A ces femmes innombrables, qui furent
nos mères et nos grands-mères, nous dédions nos luttes actuelles. Nous femmes,
prendrons toutes les mesures nécessaires pour qu’aucune de nous n’ignore plus
son corps et son fonctionnement.
Pour que les femmes cessent d’être
impuissantes, pour qu’elles puissent aimer leur corps, au lieu de le subir et
de la craindre, pour que les femmes puissent vivre leur sexualité sans être
enceintes, contre leur gré, pour que les femmes enceintes sans l’avoir choisi
aient les moyens d’avorter, pour qu’enfin elles cessent de transmettre à leurs
propres filles leur résignation et que cesse de se perpétuer le cercle de
l’ignorance et de la soumission.
Combien d’entre nous ont reçu pour
explication de leurs premières règles : "Tu es une jeune
fille" ? Combien ont reçu pour explication de leur ménopause :
"C’est le début de la vieillesse et la fin de l’activité
sexuelle" ? Combien subissent encore le "devoir conjugal"
les yeux fixés au plafond ou en prenant "leur part" de plaisir,
muettes, parce qu’elles ne peuvent ou n’osent pas exprimer leurs désirs ?
Combien subissent des maternités par ignorance ou mauvaise application d’une
contraception ? Combien ont avorté en cachette, avec entêtement, mais non
librement ?
C’est la circulaire Fontanet du 23
juillet 1973 ; qui pour la première en France, a été le seul texte légal
régissant l’information sexuelle ne concerne que les élèves de l’enseignement
secondaire et professionnel ;
La
contraception : mon choix.
L’avortement :
mon ultime recours.
Donner
la vie : ma liberté.
Extrait
de Choisir la cause des Femmes de Gisèle Halimi.
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