EMPLOI - Etre une
femme et de surcroît âgée de plus de 45 ans: deux caractéristiques de trop sur
le marché du travail? Oui, à en croire les statistiques et les nombreux
témoignages de seniors évincées de l'emploi, parce que considérées trop chères
ou peu compétentes.
Alors
que le ministre du Travail, François Rebsamen, doit annoncer aujourd'hui des
orientations en faveur de l'emploi des seniors, toutes les études montrent que les
femmes sont particulièrement pénalisées.
Selon les dernières
données diffusées par le ministère du Travail en 2011, le taux d'activité des
personnes âgées de 55 à 64 ans était de 47,2% pour les hommes et de 41,8% pour
les femmes. Pour cette dernière tranche d'âge, 34% d'entre elles travaillent à
temps partiel, contre 11% pour les hommes.
Indicateurs inquiétants
Le
Centre national d'information sur les droits des femmes et des familles
(CNIDFF) s'est récemment ému d'indicateurs inquiétants, alertant sur la
nécessité de se préoccuper de ce public. Selon Claire Caminade, conseillère
technique de Centre explique que "les seniors auraient du mal à s'adapter
aux évolutions technologiques, coûteraient plus cher qu'un
jeune,
ne seraient pas mobiles, ou accepteraient mal la hiérarchie."
D'après les études,
ce sont aussi les femmes qui s'occupent majoritairement d'un proche en perte
d'autonomie, les obligeant parfois, à 45 ou 50 ans, à mettre une nouvelle fois
leur carrière entre parenthèses. Françoise Holder, présidente de l'association
Force femmes, rappelle que 'les femmes séniores subissent une double
discrimination. (...) C'est toujours plus compliqué pour une femme qui sort
d'un licenciement ou de plusieurs grossesses de se réinsérer dans la société,
de retomber sur ses pieds. Le deuxième problème est lié à l'âge."
Selon elle,
l'association accueille parfois des femmes "tellement démoralisées, qu'il
faut avant tout les sortir de leur solitude, les faire entrer dans un
réseau". C'est le cas de Monique Desserme, bientôt 58 ans, qui évoque un
parcours "pas facile, sans faute", mais ponctuée par la violence d'un
mari alcoolique. Obligée de quitter son poste, Paris, et d'élever seule sa
fille en province, elle dit "ramer" depuis une dizaine d'années. "A
mon âge, on vous prend, on vous exploite et on vous jette", juge-t-elle,
amère.
La discrimination par l'âge ouvertement assumée
A 52 ans, Claire
Audiffret, confie, elle, être rentrée dans "une problématique de survie
économique". "J'ai deux handicaps: mon sexe - car les hommes se
cooptent -, et mon âge énormément", affirme-t-elle. Ancienne dirigeante
d'association, remplacée il y a trois ans par "quelqu'un de plus jeune, en
CDD", elle est au RSA depuis six mois. "Je cherche de manière très
active, par le réseau, les annonces, les candidatures spontanées; je me déplace
même pour déposer des CV, aujourd'hui je prendrais n'importe quoi, je n'ai plus
aucune prétention salariale", assure cette diplômée de Sciences-Po Paris.
Désabusée, elle
songe aujourd'hui à essayer de vivre de la vente de ses peintures - "mais
c'est trop risqué avec un enfant à charge"- ou à passer un Capes de
lettres, pour devenir professeur. Selon Sébastien Bompard, le président de
l'association A Compétence Egale, qui veut lutter contre tout type de
discrimination à l'embauche, l'âge est l'un des rares sujets de discrimination
encore ouvertement "assumé" par les recruteurs.
A 57 ans, Françoise
Chassande-Baroz, ancienne commerciale au chômage, affirme avoir subi lors d'un
récent CDD, du "harcèlement lié à l'âge, dans un environnement très
machiste". Elle jure qu'à la rentrée, "elle va tout faire pour
trouver un job". Mais avec une certitude: il lui faudra trouver le moyen
"de surtout ne pas dire son âge".
source : http://www.huffingtonpost.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire