Les chasseurs-cueilleurs ont associé les
rythmes de la nature, l’abondance de ses dons nourriciers, la magie de la
naissance et de la vie, avec la femme et son pouvoir de procréation auquel ils
se sentaient étranger.
La perception intuitive de ces hommes immergés
dans la nature et soumis à ses cycles leur avait fait prendre conscience des
faisceaux d’énergie qui sous-tendent le vivant et animent le monde naturel.
La Terre elle-même leur apparaissait comme un
être vivant qui les abritait, les nourrissait et déterminait leur vie et leur
mort. Elle était parcourue d’ondes de vie, parfois terribles, elle avait tout
pouvoir sur eux, un pouvoir qui dépassait leur compréhension.
L’ivresse de vivre des premiers hommes dans
leur fusion perpétuelle avec les rythmes de la nature leur rappelait sans doute
l’extase vécue dans l’accouplement avec leurs compagnes. Et de plus, elles
donnaient la vie, tout comme la Terre elle-même. Ils n’avaient alors aucune
conscience de leur rôle procréateur, ils accordaient alors
toute la magie de la naissance aux seules femmes.
C’est sans doute ainsi que la fascination et
le mystère de la vie prirent dans la conscience des enfants de la Terre une
forme féminine : Le sens du sacré fut paré des formes et des attributs de la
femme, car Nature et Femme appartenaient au même monde magique des ondes et des
forces de Vie, un monde qui échappait à la compréhension
de l’homme mâle.
Le mythe de la création apparut alors et
donna un ancêtre unique à l’ensemble de l’humanité et au monde : La Grande Mère
Cosmique. L’apparition de la Grande Déesse dans la conscience magique est
l’élément fondateur de toute religion, avec ses rituels chamaniques et
magiques.
Extrait
de "LE FEMININ SACRE ET LA QUETE DE L’UNITE PERDUE" Par Jean Bernard
Cabanes
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