Nombre total de pages vues

dimanche 30 novembre 2014

Les Déesses Terre en Méditerranée


Introduction
Qu’est-ce que cela signifie lorsque nous identifions une déité féminine comme étant une Déesse Mère ? Est-ce que le terme Mère signifie une personne maternelle qui protège les enfants? Est-ce qu’une Déesse Mère signifie aussi une Déesse des naissances ? Est-elle une Déesse créatrice de l’univers ou une Déesse Terre (nommée aussi Terre Mère) ? Est-ce qu’elle est alors une Déesse de la fertilité ou une Déesse de la nature ?
Et que représente le terme fertilité ?
Déesse Mère pourrait signifier Déesse de la fertilité mais le terme fertilité est en soi plutôt vague et a plusieurs connotations. Le mot fertilité pourrait représenter la Terre en soi (fertilité de la terre) ou encore la vie végétale et agricole. Il pourrait aussi signifier la fertilité de la vie animale, comme celle des humains, et, conséquemment, la reproduction et les relations amoureuses. Comme vous le constatez, le terme fertilité est trop ambigu.

La Déesse Mère a d’ailleurs autant de rôles que de définitions. Elle peut aussi jouer le rôle de Terre Mère (Déesse Terre) et, parfois, les deux rôles sont confus et s’intermêlent comme dans le cas de la Déesse grecque Gaïa qui était connue pour son rôle de Terre Mère et de Déesse Mère. La Terre Mère est souvent perçue comme la force primale et la source de toute vie. Elle ne possède pas nécessairement un côté maternel. La Déesse Mère, elle, protège ses enfants et donne naissance aux divinités comme dans le cas de Rhéa, mère des divinités olympiennes. La Déesse Mère peut aussi être accompagnée par un consort de nature humaine ou divine, avec lequel elle doit s’unir périodiquement comme dans le cas de Cybèle et de son consort Attis. La Déesse Mère peut aussi avoir plusieurs attributs comme dans le cas de Déméter, Déesse du blé, Déesse Mère et Déesse de la fertilité.

Jusqu’ici, nous avons mentionné des Déesses connues grâce à la littérature et la mythologie. Nous n’avons pas mentionné les Déesses des civilisations égéennes de l’âge de bronze. Toutefois, les seuls écrits existant à propos de l’existence des divinités de l’âge de bronze sont les tablettes en linéaire B2 trouvées à Knossos et Pylos. Il n’existe aucune littérature ni aucune mythologie. Nous ne possédons aucune information à propos de leur culture, leurs croyances et leur histoire. Nous ne possédons que les noms qui apparaissent sur ces tablettes.

À Pylos, des tablettes dévoilent le nom de ME-TE-RE TE-I-JA, ou Mater Theia signifiant Déesse Mère. Qui était-elle? Nous ne pouvons que deviner et supposer…
Étant donné que les tablettes en linéaire B fournissent très peu d’informations pour déceler les divinités durant l’âge de bronze, les artefacts ont été d’une aide précieuse. Toutefois, les figures représentées sur les artefacts ne sont nullement identifiées et nous devons faire confiance aux experts qui tentent d’interpréter. Il est donc difficile de déterminer si les figures féminines représentent une Déesse, une prêtresse ou une chef de clan.
Ce que nous savons avec de plus en plus de cer­titude, c’est que les divinités féminines étaient plus adorées que les divinités masculines. Aus­si, il est de plus en plus certain que ces Déesses étaient généralement des Déesses Mère.
Certains experts croient que les civilisations minoennes et mycéniennes ne vouaient pas un culte à plusieurs Déesses, mais à une seule Déesse puissante, comme les Israélites qui adoraient un seul Dieu. Jusqu’au moment où nous décrypterons les textes en linéaire A, faits par les Crétois, nous ne saurons jamais avec certitude si les Minoens adoraient seulement des Déesses ou si des divinités masculines existaient.
L’arrivée des tribus helléniques apporta aussi le panthéon olympien dans lequel les divini­tés masculines dominaient, dont Zeus le Dieu suprême. Nous ne pouvons que spéculer sur le nombre de Déesses pré-helléniques qui ont survécu à la transition de l’âge de bronze à l’âge de fer. Nous avons ensuite assisté à la suppres­sion du culte des Déesses ou à la réduction de leur importance et de leur rôle.
La Maîtresse (Potnia)
PO-TI-NI-JA ou Potnia ressemble plus à un titre ou un rang qu’à un nom. Potnia signifie Maîtresse ou Dame. Potnia était une Déesse Mère ou Déesse de la nature. Il y a plusieurs épithètes au nom Potnia qui veut soit dire qu’une même Déesse avait plusieurs attributs ou visages, ou encore qu’il existait plusieurs Déesses. Étant donné le manque de sources fiables, le peu que nous savons sur les différentes Potnias sont pures spéculations.

Maîtresse des Animaux (Potnia Theron)
Potnia Theron ou Maîtresse des Animaux est la Potnia la plus communément représentée dans l’art minoen et mycénien. Elle était aussi connue sous le nom de Dame des créatures sauvages, Maîtresse des bêtes sauvages et plusieurs autres appellations.
Toutefois, il est important de noter que le nom Potnia Theron n’a pas été retrouvé sur les tablettes en linéaire B. Ce nom est en fait une appellation moderne pour désigner les Déesses phoégéennes de l’âge de bronze représentées avec des animaux. Ce serait donc une erreur que d’affirmer qu’une Déesse en particulier portait ce nom. Potnia Theron est une Déesse de la nature, plus particulièrement une Déesse sauvage des animaux. Elle dirige tout ce qui est de l’ordre de la nature et des animaux.
Influences du Proche-Orient
Potnia Theron est associée à la Crète ou à la Grèce mais aussi à la Syrie et à Babylone. Durant l’âge de bronze, les liens commerciaux entre la civilisation minoenne et celle du Proche-Orient étaient si forts que l’on considère l’influence religieuse du Proche-Orient très importante. Dans l’art oriental, la Maîtresse des animaux est souvent représentée nue avec des animaux de chaque côté. Parfois, elle les tient dans ses mains par leurs oreilles, leur cou ou leurs pattes. Aussi, elle était parfois représentée se tenant derrière un animal démontrant son pouvoir auprès de la nature et de ses créatures sauvages.
Ces influences sont bien illustrées grâce à un vase datant du 4ème siècle avant J.C. repré­sentant la Déesse Artémis tenant un lion et un cerf par la gorge. Cependant, Artémis porte une longue robe, contrairement à son équivalent oriental.
Artémis est la Déesse la plus associée à Potnia Theron. Elle est la Déesse de la chasse, de la forêt et la protectrice des animaux sauvages. Potnia Theron peut aussi être associée à la Déesse chasseresse crétoise Britomartis ou Dyctinna. D’ailleurs, Britomartis est considérée comme l’ancêtre d’Artémis. Inutile d’expliquer plus longuement les liens infinis entre toutes ces Déesses.

Différences entre Potnia Theron et Artémis
Nous l’avons vu, Artémis est la Déesse grecque la plus proche de Potnia Theron, à cause de son engagement auprès des animaux sauvages. Toutefois, voici les différences pertinentes entre ces deux Déesses.
Artémis est habituellement représentée comme une vierge tenant un arc, symbole de chasse­resse. Potnia Theron n’a jamais été représentée avec un arc. Elle était une Déesse de la nature mais pas une chasseresse. Son pouvoir est re­présenté par le fait qu’elle tient les animaux avec force par leurs oreilles, leur gorge ou leurs pattes. De plus, Potnia Theron est représentée avec des ailes, ce qu’on n’a jamais vu dans les repré­sentations d’Artémis. Aussi, Artémis était sou­vent accompagnée de nymphes ou de femmes inconnues tandis que Potnia Theron était plutôt accompagnée de figures masculines, habituelle­ment des mortels comme des grands chefs ou des grands guerriers (comme dans les repré­sentations des Déesses du Proche-Orient). Ceci s’explique surtout par le fait que Potnia Theron était aussi la patronne des jeunes guerriers ce qui est plutôt intéressant car Artémis était parfois considérée comme la patronne de l’initiation des garçons devenant de jeunes guerriers à Sparte.

La Déesse Serpent
En 1903, l’archéologue Sir Arthur Evans décou­vrit deux figurines de femmes dans un temple dans le palais de Knossos en Crète. Les figu­rines n’étaient pas complètes et donc, ont été reconstituées. Ces figurines ont été nommées « Déesses Serpent ».
Les Déesses Serpent ont été créées pendant la période minoenne, autour de 1700 avant J.C., au moment où la Crète avait atteint un niveau artistique très élevé. Il y a eu beaucoup de spé­culations à propos de ces figurines, surtout pour savoir quelle Déesse était représentée par celles-ci. Certains ont dit qu’elles représentaient sim­plement une charmeuse de serpents et d’autres, une prêtresse. Toutefois, la plupart croient que ces figurines représentent une Déesse tout sim­plement nommée Déesse Serpent mais aucune preuve ne confirme cette théorie.
La première figurine représente une femme por­tant une robe peu commune et sa poitrine est exposée. Sur sa tête, elle porte un chapeau et sur celui-ci, un chat est assis. Elle tient aussi deux petits serpents dans chacune des mains nous rappelant Potnia Theron, Maîtresse des Animaux tenant un animal dans chaque main. Les deux animaux qui l’accompagnent donnent quelques indices sur la nature divine de la Déesse Serpent. Le serpent, comme le chat, est un symbole de la vie après la mort, ce qui pour­rait signifier qu’elle est une Déesse chthonienne. Le serpent est aussi symbole de guérison, don­nant à la Déesse le pouvoir de guérir. Aussi, le chat pourrait représenter l’aspect sexuel et fertile de cette Déesse. D’ailleurs, ses seins ronds ex­posés appuient cet aspect important. Tout ceci pourrait indiquer que la Déesse Serpent est une Déesse Mère.
La seconde figurine est plus grande, elle porte une robe différente mais, comme la première, sa poitrine est aussi exposée. De plus, elle porte un haut chapeau. Elle tient un long serpent dont la tête est tenue dans la main droite. Le corps du serpent s’enroule autour du corps de la figurine et sa queue se trouve dans sa main gauche. Le second serpent est placé sur le sommet du cha­peau et s’enroule aussi autour du corps.

Les deux statuettes représentent le fait qu’il exis­tait une seule Déesse représentée de deux ma­nières ou encore le fait qu’il y avait deux Déesses Serpent.

Est-ce que la Déesse Serpent a survécu à l’inva­sion dorienne ? Plusieurs se demandent si une des Déesses de la mythologie grecque a hérité du rôle de la Déesse Serpent minoenne. Peut-être Artémis, Cybèle, Perséphone ou Déméter ?

Britomartis (Dictynna)
Britomartis est une Déesse crétoise de la nature et de la chasse. Son nom signifie « Douce Vierge ». Elle est la fille de Zeus et Carme, fille d’Eubulus. Elle est née à Caeno en Crète. Elle était considérée comme une nymphe crétoise. Britomartis était une chasseresse et était considérée comme la compagne d’Artémis. Il y eût même une théorie selon laquelle elle fût son amante. Comme Artémis, sa chasteté était très importante. Un jour, Minos, roi de Crète, tomba amoureux d’elle mais Britomartis refusa son amour, considérant que celui-ci était son demi-frère. Minos se mit à la poursuivre et la piégea sur le bord d’une falaise. Elle décida de se jeter à la mer, préférant mourir. Elle fût heureusement sauvée grâce aux filets d’un pêcheur. À cause de son ardeur et son désir de demeurer chaste, Artémis la récompensa en lui donnant l’immortalité.

Elle fut alors nommée Dyctinna, signifiant Dame des filets, désormais Déesse. Il semblerait que ce nom lui fût désigné plus tôt car Britomartis a in­venté le filet de pêche. D’autres croient qu’elle fut nommée Dyctinna en l’honneur du Mont Dicte où elle chassait avec Artémis. Dyctinna serait aussi possiblement la Mère Montagne minoenne qui avait ses sanctuaires sur le sommet d’une mon­tagne. Britomartis est probablement identique à ou dérivée de la Déesse de l’âge de bronze Pot­nia Theron. Dyctinna était aussi nommée PI-PI-TU-NA, un nom trouvé sur les tablettes Linéaire B de Knossos. Si cette théorie est vraie, alors Dyctinna est une Déesse minoenne archaïque et plusieurs liens peuvent encore être faits.
Britomartis possède plusieurs attributs d’Arté­mis. Britomartis devint Déesse de la chasse, de la terre, de la nature et des animaux sauvages. Elle fût la patronne des chasseurs, des marins et des pêcheurs. D’ailleurs, Artémis a déjà porté le nom d’Artémis Dyktinna dans ses sanctuaires dans la baie de Chania et à Chersonesos. Donc, plusieurs présument que Dyctinna et Artémis sont la même.
Le culte de Britomartis avait lieu en Crète mais aussi sur l’île d’Égine, en tant qu’Aphaea, Déesse locale. Sur l’île de Cephallonia, elle était connue sous le nom de Laphria.

Gaea et ses filles
Dans la mythologie grecque, Gaea et ses filles (Rhéa, Thémis et Dione) sont les Déesses Terre et Déesses Mère les plus anciennes. Elles ont joué un rôle essentiel dans la Théogonie d’Hé­siode3 .
Gaea était considérée comme la Terre en soi. Son nom était parfois Ge ou Gaia et les Romains la nommaient Tellus ou Terra. Non seulement elle était la Déesse Mère ultime mais elle était aussi une Déesse créatrice. Gaea a été engendrée par Éros (amour) et par Tartare venant de Chaos (abysse primale). Ils étaient les premières matières physiques nées.
Du ventre de Gaea, sont nés plusieurs enfants gigantesques. Soit sans partenaire masculin ou soit avec Éther, Gaea est devenue la mère d’Uranus (ciel), de Pontus (Mer) et d’Ourea (montagnes). Uranus épousa sa mère et de­vint le chef suprême de l’univers. Gaea et son époux/fils représentent la séparation du ciel et de la terre. Elle mit au monde beaucoup d’en­fants avec Uranus : les Cyclopes, les Titans et les Géants. Aussi, avec son frère Tartare, elle mit au monde un des plus grands monstres : le Typhon.

Gaea créatrice de la Terre
Uranus décida de cacher ses enfants et provo­qua beaucoup de colère et de peine chez Gaea. Elle demanda l’aide de son fils Cronos, le plus jeune et le plus brave des Titans. Elle lui donna même l’arme, une faucille, pour tuer Uranus. Cronos gagna du pouvoir pour régner sur l’uni­vers mais il la mit en colère lorsqu’il refusa de libérer ses propres frères. Gaea avait un talent pour la divination (qu’elle passa plus tard à sa fille Thémis) et elle est connue pour être la pre­mière à avoir possédé les oracles de Delphes. Alors, elle prédit à son fils que celui-ci chuterait à cause de son fils. Ayant peur de perdre son pou­voir de régner, il avala chacun de ses enfants que Rhéa, son épouse, mit au monde. Gaea et Rhéa aidèrent alors Zeus, le plus jeune des fils de Cronos, à prendre la place de son père et de celle des autres Titans.
Gaea porta plusieurs autres enfants. Elle demeure une des plus grandes Terre Mères ayant existé. Rhéa
Rhéa, ou Ops ou Magna Mater, est une autre grande Déesse Mère. Elle est fortement identi­fiée à la Déesse Mère phrygienne Cybèle (voir plus bas sur Cybèle). Rhéa fait partie des Titans, enfants de Gaea et d’Uranus. Elle est la soeur de Cronos, et lorsque celui-ci devient le chef suprême, elle l’épouse. Toutefois, leur mariage n’est pas une union très heureuse.
Lorsque Gaea annonce que Cronos sera écrasé par l’un de ses enfants, Rhéa voit cinq de ses enfants se faire avaler par leur propre père. Une grande peine pour Rhéa. Ayant peur de perdre tous ses enfants, Rhéa cache son plus jeune fils, Zeus, dans la grotte d’une montagne en Crète. Elle pousse le courage en faisant passer une roche enveloppée dans du linge pour Zeus que Cronos avale. Avec l’aide de sa mère Rhéa et de sa grand-mère Gaea, Zeus réussit à faire cra­cher Cronos pour redonner les enfants avalés. Zeus et ses frères défient alors Cronos.
Rhéa est aussi responsable de la réconciliation entre Zeus et Déméter, donnant la possibilité à Perséphone de passer les deux tiers de l’ année auprès de sa mère et un tiers de l’ année auprès de son époux, Hadès.

Déméter et Perséphone
Perséphone est la fille de Zeus et Déméter et la Déesse du printemps, du blé mais aussi la reine des souterrains. Elle jouait avec ses amies les Océanides ramassant des fleurs dans la nature. Hadès, le frère de Zeus et Déméter, le seigneur des souterrains, quittait rarement son royaume. Par contre, lors de cette journée, il tomba amou­reux de Perséphone. Il reçut la permission de Zeus d’apporter Perséphone dans son royaume pour en faire sa reine. Déméter ne fut pas mise au courant. Personne n’entendit le cri de dé­tresse lorsque Hadès emporta de force Persé­phone, sauf Hékate et Hélios.
C’est la nymphe Cyane, qui a vu la scène de loin, qui raconta tout à Déméter. Déméter, pleine de colère et de tristesse, se mit à la recherche de sa fille pendant neuf jours, sans succès. Au dixième jour, Hékate prit en pitié Déméter et lui raconta qu’elle avait entendu Perséphone crier. Elle lui dit aussi d’aller voir Hélios qui voit tout durant le jour. Ensemble, les deux Déesses se rendirent chez Hélios, le Dieu Soleil. Hélios raconta tout à Déméter, dont l’intention d’Hadès d’épouser Perséphone. Déméter fut encore plus colérique à l’annonce de cette nouvelle. Tellement, qu’elle refusa de retourner à l’Olympe et qu’elle décida de partir à la recherche de sa fille. Elle vagabon­da, empruntant une forme humaine et déformant sa beauté, visitant des villages. Poséidon se mit à désirer le retour de Déméter et se mit à la poursuivre. Déméter tenta de se cacher et de se dissimuler. Pour cette raison, elle se transforma en jument. Toutefois, Poséidon la trouva et il se transforma à son tour en étalon. Il la prit et celle-ci tomba enceinte. À ce moment, Déméter se fit nommer Déméter Érynie ou Déméter Noire. En bas, sur la terre des humains, on se mit à subir la famine due à la colère de Déméter, Déesse du blé, qui avait le pouvoir de gérer l’agriculture. Elle mit au monde une fille nommée Desponia, la Déesse des chevaux.

Déméter à Éleusis
Toujours à la recherche de sa fille, Déméter se rendit à la ferme de Céléus, Seigneur de la ville d’Éleusis. La Déesse fit la connaissance des quatre filles de Céléus mais elle se présenta sous le nom de Doso en tant que servante cher­chant du travail. Céléus et son épouse Metanei­ra l’accueillirent sous leur toit. Déméter se mit à prendre soin du jeune enfant en lui offrant un charme de protection et en confectionnant des onguents. Un soir, Meteneira interrompit un rite de guérison que Déméter éxécutait, par peur que la Déesse brûle l’enfant. Déméter, prise de colère, révéla sa vraie identité. Elle dit à Céléus et Meteneira qu’elle leur enseignerait, à leur fa­mille et aux gens d’Éleusis, les rites pour l’ho­norer elle et sa fille Perséphone, connus sous le nom des Mystères d’Éleusis. Céléus et les habitants d’Éleusis débutèrent immédiatement la construction du temple pour honorer les deux Déesses. Déméter fut donc apaisée.

Le compromis
Déméter souffrait toujours de l’absence de sa fille et ne retournait pas à l’Olympe. Sa colère face à ses frères, Hadès et Zeus, était si intense qu’elle causa une famine globale. Aucune ré­colte n’avait lieu. La race humaine faisait face à l’extinction due à la faim… C’est à ce moment que Zeus intervint. Il tenta par plusieurs moyens de faire revenir sa soeur à l’Olympe mais celle-ci continua de menacer les déités et de promettre que le monde mourra de faim si sa fille ne lui revenait pas. Découragé, Zeus envoya Hermès quérir Perséphone dans les souterrains pour que celle-ci retourne auprès de sa mère. Hadès ne s’y opposa pas. Perséphone, joyeuse de retour­ner auprès de sa mère, mangea une grenade, au grand désespoir de Déméter. Hadès lui rappela la règle qui affirme que manger de la nourriture des souterrains force la personne à y rester…
Zeus décida donc que Perséphone devrait faire un compromis : passer un tiers de l’année dans les souterrains avec son nouveau mari et les deux autres tiers auprès de sa mère dans l’Olympe ou sur la Terre. Zeus fit part de ce com­promis à sa propre mère, Rhéa, qui elle, en fit part à Déméter. Celle-ci accepta le compromis et rétablit l’ordre dans la nature et l’agriculture, mettant un terme à la famine.

Ce mythe est donc le symbole du cycle de la na­ture, des saisons et de la roue de l’ année.

Mère et fille, vie et mort
De tous les mythes gréco-romains, aucun ne peint une image aussi sensible et humaine de la relation mère/fille comme le fait le mythe de Dé­méter et Perséphone. Les Déesses, particulière­ment Déméter, réagissent de manière tout à fait humaine face à la perte d’un être aimé. Déméter réagit exactement comme une mère humaine qui perd son enfant. Elle vit la perte, la douleur, le désespoir et la colère ultime comme n’importe quelle mère humaine.
Leurs noms, Déméter et Koré (Perséphone) signifient « mère » et « fille ». Déméter était connue comme la mère du blé tandis que sa fille était l’esprit ou l’essence du blé. Même s’il existe plusieurs versions du mythe, la moitié des informations liées à ce mythe nous provient de l’Hymne Homérique à Déméter qui détaille l’enlèvement de Perséphone. Il existe plusieurs niveaux d’interprétation à ce mythe lié aux Mys­tères d’Éleusis et plusieurs auteurs ont écrit sur le sujet. Les Mystères expliquent entre autres le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance. Même si cet article ne fait pas l’analyse de ce mythe, il y a beaucoup à apprendre de celui-ci…
Au départ, Perséphone incarnait la vie en soi. Sa vie sur terre était symbole de printemps, de renouveau et sa vie dans les souterrains était symbole de la mort et de l’hiver. Ironiquement le symbole de la graine a une double signification la graine qui pousse au printemps est un sym­bole de renaissance mais la graine de la gre­nade est un symbole de mort. Il existe plusieurs versions sur comment Perséphone mangea ces graines de grenade : certains croient que Hadès la força à les manger et d’autres disent qu’elle les mangea volontairement. Ce qui peut signifier que la mort et la vie ne sont qu’un.
Étant donné que nous ne connaissons pas les secrets des Mystères d’Éleusis (nous en savons très peu), nous ne pouvons que spéculer sur la signification des rites. Une chose est claire : de plus en plus on croit que le savoir et la sagesse légués par ces mystères concernaient un espoir donné aux humains. Et que cet espoir est qu’il existe une vie après la mort. Les Mystères se tenant à Éleusis se déroulaient en l’honneur de Déméter et de Perséphone, ou Koré, comme on la nommait parfois. En gros, une partie des cérémonies, des rites et des fes­tivals était basée sur le changement des sai­sons et sur l’agriculture. Des festivals spéciaux avaient lieu spécifiquement pour les récoltes. En l’honneur des deux Déesses, les participants fai­saient revivre le mythe sur une scène de théâtre.

Artémis d’ Éphèse
À Éphèse, en Asie Mineure, il y avait un temple immense construit en l’honneur de la Déesse Artémis (Diane). Ce temple, connu sous le nom d’ Artémésium, était une des Sept Merveilles du Monde. Ce temple était immense et orné des plus beaux objets d’art. Il était le plus grand des temples de l’époque, bâti par Croesus, roi de Lydie, autour du 6ème siècle avant J.C. Détruit en 356 avant J.C. par un fou nommé Hérostra­tus, il fut reconstruit par Alexandre le Grand et redétruit par les Goths en l’an 262 de notre ère. Il n’a jamais été reconstruit après la seconde des­truction.
Chez les Grecs, Artémis était vue comme une vierge chasseresse, tandis que sur le territoire de l’Anatolie, elle était vue comme Déesse Mère. La sculpture d’Artémis trouvée en Anatolie confirme cet aspect : la Déesse est représentée avec plusieurs seins, un symbole de maternité et de fer­tilité. Elle est d’ail­leurs associée à Cybèle et certains se demandent si ce n’est pas plutôt cette Déesse qui est représentée.
L’ Artémis des Grecs est une Déesse de para­doxes et de contra­dictions. Elle est une vierge mais elle protège les enfants et est considérée, entre autres, comme la Déesse des nais­ sances. Cet aspect est tout à fait en contradic­tion avec l’Artémis éphésienne qui n’a rien de chaste et qui est loin d’être une vierge.
Au sein des Amazones, elle reçoit le plus grand des honneurs : elle est honorée comme la Déesse officielle des tribus d’Amazones et comme la protectrice des femmes. Toutefois, ses attributs guerriers et sauvages sont en contradiction avec la Déesse Mère d’Éphèse et la Déesse des nais­sances des Grecs. Toutefois, l’Artémis d’Éphèse était aussi une Déesse de la nature et des animaux sauvages, res­semblant étrangement à Potnia Theron, la Maîtresse des Animaux.

Cybèle
Déesse Mère dans toute son essence. Cybèle (Kybele) est une Déesse Mère phrygienne qui était honorée en Grèce et en Italie. Elle a été souvent asso­ciée aux deux autres Déesses Mère grecques : Rhéa et Déméter. Cybèle fut si grande qu’elle fut nommée « La Mère de tout » ou « La Grande Mère des Dieux ».
Cybèle portait aussi le nom de Dindy­mème ou Mère Dinymenienne car elle est née sur le Mont Dyndimus. Zeus éjacula sur la Terre autour du Mont Din­dymus et une créature jaillit de la terre, possédant les organes reproducteurs mâle et femelle. Les déités, ayant peur de cette créature, la castrèrent et elle devint une femme. Cette créature devint la Déesse Mère Cybèle, nommée Agdistis à Pessinus. Les déi­tés jetèrent le phallus coupé de Cybèle et un amandier poussa instantanément au même en­droit. Un jour, Nana, fille du Dieu de la rivière Sangarius, jouait sous l’amandier et une graine tomba sur sa cuisse. La graine disparût et Nana fut enceinte. Elle mit au monde un fils nommé Attis qu’elle abandonna dans la nature. Attis sur­vécut grâce à une chèvre qui l’allaita. Attis gran­dit et devint un très bel homme. Cybèle le vit et tomba amoureuse de lui. Toutefois, il était pro­mis à la fille du roi de Pessinus. Cybèle fut prise d’une colère immense et causa la mort d’Attis et de son père qui furent forcés de se castrer mutuellement. Cybèle, regrettant son action face à Attis, enterra son corps près d’un pin.

D’autre versions racontent qu’Attis fut tué lors d’un combat avec une bête sauvage.
Le culte de Cybèle a voyagé jusqu’en Italie, en 204 avant J.C. grâce à la grande pierre d’obsidienne sacrée à Cybèle que l’on apporta à Rome, suite à la demande de l’oracle de  Sibylle de Cumes. Les Romains honoraient Attis comme le Dieu de la végétation et de la fertilité et il était considéré comme le consort de Cybèle. Le festival de Cybèle se déroulait le 4 avril et son animal préféré est le lion. D’après la légende, il semblerait qu’elle aimait que ce soit des lions qui tirent son chariot doré. Les adeptes du culte de Cybèle et d’Attis se nommaient corybantes et ses prêtres se nommaient gallis. Les gallis dansaient en transe jusqu’ à la castration en l’honneur d’Attis.

Retrouvez cet article ainsi que d’autres articles sur diverses Déesses sur le site Amna Dea : http://deesse.feminin-sacre.org/ , associé au Temple de Dea :  http://ordrededea.weebly.com/
  

LA VERITAGE DEESSE DE LA GENESE


Il y a un pouvoir que possède cette femme que vous ne possédez pas : une conscience et un pouvoir absolus ; Il se trouve que ce pouvoir s’exprime dans le corps d’une femme mais sont but est de glorifier la femme, de glorifier les trésors dans votre vie, de glorifier la droiture et la vérité dans votre vie. Il n’est pas un homme qui n’ait besoin d’être glorifié par une femme. Sinon, il ne siègera jamais comme un roi. Il ne siégera jamais comme un homme de la noblesse parce qu’il y a un trait génétique qui qualifie le sang royal ; le sang royal n’est pas transmis par le sperme de l’homme, il est transmis par l’œuf de la femme. Génétiquement, les maisons royales sont transmises par le sexe féminin. 

Eh bien, écoutez, je suppose qu’il faudrait que vous soyez des généticiens pour comprendre que c’est la lignée féminine directe qui pourrait être retracée jusqu’à Eve. C’est la femme qui donne la continuité, non pas l’homme. L’homme possède de la continuité mais ce n’est pas grâce à sa partie masculine, c’est grâce à sa partie féminine que cette continuité existe. Cette femme qui est assise devant vous ici, et vous tous, hommes et femmes assis ici, vous pouvez remonter jusqu’aux Dieux qui vous ont créés à travers votre génétique féminine et le Dieu suprême qui vous a créés fut une femme. Ce fut une femme.

Les hommes, que sont-ils donc ? Chauds, lourds, ayant besoin de s’exprimer tous les jours mais étant les premiers à appeler leur mère quand ils sont proches de la mort .
C’est parce que je ne veux pas que vous me dépréciiez à cause de mon apparence ; Et j’ai aussi un corps, et ce corps a une apparence fort différente de celui-ci. Quel est donc le message au vingt et unième siècle ? C’est que les femmes sont Dieu et qu’elles sont plus proches de Dieu dans leur compassion, leur amour, leur faculté de pardonner, de comprendre et de nourrir que l’homme, qui n’a pas de passion envers sa propre semence. Quelle est donc notre contribution au vint et unième siècle par notre nouveau rassemblement et notre nouvel enseignement ? Un nombre considérable de femmes à qui sont enfin accordées leur divinité et leur importance, qualités qu’elles ont toujours dissimulées car elles n’étaient pas acceptables socialement.

Maintenant, je suis sûre que vous êtes tous familiers avec le Livre de la Genèse, ce document frauduleux du Fichier National. Les Juifs n’ont fait que copier un texte ancien remontant aux Sumériens et à leur histoire, leur histoire de Terra. Terra était le nom que les Dieux donnèrent à la Terre.

Savez-vous quand ils sont venus ici, Enki et Enlil ? Ils sont venus ici il y a 455 000 ans, mais ils ont vraiment tout commencé il y a environ 25 000 ans ; Maintenant, savez-vous ce qu’ils firent entre ces deux époques ? Se disputer, se disputer. Et savez-vous qui mit fin à la dispute ? "Leur grande sœur mit fin à la dispute. C’est elle qui mit fin à la dispute parce qu’elle était la brillante généticienne dans la famille d’Anu. Ce fut leur sœur qui règle le problème ; elle descendit ici et commença à séparer les gènes. Ce que vous êtes sur le point de découvrir au sujet du génome humain, elle le savait déjà il y a 455 000 ans. Elle descendit ici et opéra le croisement entre le sperme d’Enki, d’Enlil et d’Anu et ses enfants de la terre. C’est elle qui fut la mère qui créa ce que vous êtes, l’hybride de l’homme de Cro-Magnon. Qui donc fut le Dieu de la Genèse ? Eh bien, ce ne fut évidemment ni Jéhovah, ni Enlil, ni Enki, ni Anu. Ce fut leur sœur qui fut le Dieu de la Genèse".

Le Dieu de la Genèse était une Déesse. Son nom était Nisgal ou Ninharsag. Son nom était aussi abrégé et on l’appelait Mammies, d’où Maman. Vous ne me croyez pas ? C’est le vérité. Dans les textes Sumériens – on trouve ces textes dans tous les grands musées du monde – il est dit qui était le Dieu de la Genèse, la sœur des deux frères rivaux. Qui est venu faire le travail ? Leur sœur. C’est pourquoi on l’appelle Mammie.

Et ainsi, quand notre corps nous quitte, quand le souffle de notre vie nous quitte et que notre sang s’est écoulé sur le sol, nous appelons Maman. Nous appelons la Mère des premiers âges, la Déesse qui nous a faits. Et c’est elle qui dit : "Que mes enfants soient qui ils sont". Et ce furent ses frères qui s’évertuèrent à les diviser, à en abuser et à se complaire en abusant d’eux. Les hommes sont des seigneurs de la guerre. Les mères sont compassion et amour. Et à qui revient le mérite de la survie de l’humanité sur la terre ? A Mammie.

La vérité est toujours stupéfiante. Elle va au-delà de ce que nous savions mais, dans la mort, nous saurons toujours la vérité et qui nous appelons alors est Maman. Voici ce qu’il en est de la grande Déesse qui croisa le singe avec les Dieux et créa l’homme de Cro-Magnon ; c’est à elle que remonte notre génétique la plus remarquable. Il est possible de remonter génétiquement jusqu’à son laboratoire. Ils l’ont déjà fait et prouvé. Pourquoi donc la femme devrait-elle être opprimée ? Parce que les hommes veulent la guerre. Et que veulent les femmes ? L’amour, la compassion et la paix. Dieu n’a jamais été plus virulent lorsqu’il est une femme. Les femmes font les scientifiques les plus brillants. C’est leur nature de comprendre la création. Combien d’entre vous comprennent ? Qu’il en soit ainsi.

Vous ne vous intéressez pas à l’histoire ; ce qui vous intéresse, c’est votre sexualité, vos problèmes, si bien que vous avez un système de croyances fondé sur votre corps émotionnel. Cela est totalement faux et, si vous aviez fait usage de votre cerveau au lieu de votre pénis, vous comprendriez que votre histoire génétique remonte à cette époque en Afrique, la demeure du souffle de vie. Et quel scientifique était à sa tête ? Mammie. C’est à l’Afrique cela remonte, l’Afrique, le berceau de la civilisation. Où ses enfants furent-ils emmenés ? Dans le pays situé entre les deux fleuves, le Tigre et l’Euphrate. Ils furent dispersés sur toute la surface de la terre. Ils deviendraient les esclaves des Dieux . Mammie aimait-elle ses enfants ? Absolument.

Voici de quoi faire votre éducation et du travail à faire à la maison. Vous avez à votre disposition toutes les bibliothèques du monde. La religion la plus ancienne du monde représente la Déesse et ils aiment la Déesse. C’est la religion la plus ancienne du monde, Mammie, la mère suprême.  Mettez-vous en route, la connaissance se trouve dans vos bibliothèques et dans vos musées. Allez-y.

Combien d’entre vous ont compris ? Vous êtes donc en vie à cause de Mammie. Et de la même manière que la plupart des hommes ont la propension de ne porter aucun intérêt à leur progéniture et de la considérer comme un fardeau, le créateur et le progéniteur de votre vie fut une femme, une Déesse qui fut une scientifique brillante, Mammie. Et elle vit. Elle est bien vivante en chacun de vous parce que vous avez tous ses gènes à l’intérieur de vous. C’est vrai. Quel est donc le plus grand ? Si vous avez deux parents comme progéniteurs d’une force entière de l’humanité, qui devrait être le plus grand parent ? C’est une femme qui devrait être le plus grand parent parce qu’elle prendra toujours soin de ses enfants. 

Compris ? Même votre mère prendrait bon soin de vous. Combien d’entre vous comprennent cela ? Pourquoi donc suis-je dans un corps de femme ? Maman, ma Maman, ma Maman.

 pour en savoir plus, allez sur mon autre blog http://francesca1.unblog.fr/ 
  Extrait du livre RAMTHA : « Intervention des Dieux il y a 455 000 ans» aux Editions AdA.


vendredi 28 novembre 2014

L’art de devenir sorcière


L’enfance nous rend beaucoup plus lucide sur nos peurs et nos aspirations que ce que l’âge adulte ne fera jamais. Sous la curiosité inhérente à cette période de notre vie, il y a une grande liberté d’esprit qui se manifeste notamment par le jeu, et par les questions posées aux adultes, celles-ci les agaçant très – ou trop – vite. Je viens à l’origine d’une famille chrétienne, mais je me souviens qu’à six ou sept ans, j’étais fascinée par les légendes médiévales et antiques, la nature, les animaux... Sans oublier la figure de la sorcière. Elle n’était pas si laide dans mon souvenir, car j’imaginais toujours une femme douce et sage, bien loin de l’image de la vieillarde méchante qu’on voit d’habitude au cinéma et dans les dessins animés, dont j’ai peine à croire, encore maintenant, au fait qu’elles aient toujours été ainsi. Puis en grandissant, je n’y pensais plus, tout en gardant le souvenir de mes premières potions concoctées avec les pissenlits et les marguerites du jardin...

Lorsque j’ai commencé ma recherche spirituelle, à Mabon 2012, et que je me suis souvenue de mon enfance, je savais à peine ce qu’était la Wicca. Et en lisant tout ce que je pouvais trouver de correct ou de complet sur le sujet (notamment grâce à Lune Bleue), j’ai eu un déclic doucement évident, un peu comme une flamme qui consume peu à peu un énorme fagot de bois. J’y retrouvais les principes qui me tenaient à cœur depuis longtemps, le respect de la nature et de toute forme de vie, l’interconnexion de toutes choses, quelque chose qui me laissait entrevoir un espoir d’équilibre intérieur que je ne connaissais pas jusqu’ici, et sans que j’ai pu mettre auparavant un nom dessus. On ne peut pas forcément expliquer en détail ce qui nous amène à honorer la Terre, les dieux... C’est un désir très fort qui ne prévient pas toujours. Je me suis mise à approfondir mes recherches, et cela malgré leur découverte par ma famille, ce qui m’a valu d’affronter la peur, l’ignorance, mais surtout une bonne dose d’intolérance et d’orgueil religieux, et encore aujourd’hui, lorsque c’est surtout elle qui aborde le sujet, pour me décourager. C’est Notre premier contact avec la figure de la sorcière, pour la plupart d’entre nous, a surtout été culturel (cinéma, télévision, littérature...) mais souvent erroné, totalement déconnecté de la réalité du terrain, si j’ose dire. On a tous eu une camarade de classe qui regardait Charmed à la télévision, ou une période Harry Potter où on lisait ses aventures tout en traquant le produit dérivé à côté. Cependant, tout le monde sait pertinemment que la sorcellerie est quelque  chose de beaucoup plus subtil que simplement jeter des sorts à une méchante rivale lycéenne, ou avoir la capacité de voler dans les airs et lancer des éclairs, idées largement reprises par Hollywood. Lorsqu’on évoque le sujet avec un quidam, il pensera toujours à une vieille femme préparant un liquide bizarre dans son chaudron...

A la fois proche et loin de la réalité actuelle. De plus, les monothéismes aidant, la signification profonde de cette figure a été largement écornée au cours des siècles. La femme sensuelle (sans verrue sur le nez et sans chapeau pointu), pleine d’assurance et érudite, est devenue une idée de déguisement pour Halloween et un personnage négatif de conte moraliste dans l’imaginaire collectif.

En revanche, il existe une poignée de personnes qui eurent dans leur ascendance familiale un rebouteux, un guérisseur ou un sorcier (ça marche aussi au féminin), connu pour apporter officieusement son aide à quelques villageois. Ainsi, elles choisirent pour quelques-unes de développer à leur tour leur propre don et se constituèrent une « clientèle » comme cela arrive souvent. La plupart du temps, si l’on ne compte pas les dérives malheureuses et les charlatans qui arrivent (encore) à escroquer des personnes en détresse, ces quelques personnes ont pour objectif sincère d’apporter une aide à qui la demandera. Bien sûr, même si c’est une motivation tout à fait honorable, elle n’est pas forcément la seule qui devrait donner à réfléchir.

Comme beaucoup de novices en la matière, l’aspect magique de la Wicca a été parmi ceux qui m’attirèrent en premier lieu. Or une bonne pratique est impossible sans une sérieuse réflexion sur le sujet. Actuellement, je préfère attendre encore un peu avant de décider si oui ou non, je suis prête pour cela. C’est d’ailleurs ce que je conseille à tout païen débutant qui n’a pas encore pratiqué de rituel, voire à ceux qui font, comme souvent, l’erreur de le faire sous le toit de leurs parents, quand ils n’habitent pas encore ailleurs. La pratique personnelle n’est pas exempte d’erreurs techniques, et celles-ci peuvent largement discréditer quiconque les rencontre... De plus, au départ, on a tous en nous quelque chose de conformiste qui fait que la famille ou les amis ne comprennent pas toujours quand on s’y met sans vraiment réfléchir aux conséquences.

Or, une sorcière ne l’est pas pour faire comme une autre, même si le Rede est le même pour toutes. Devenir sorcière implique, dans le meilleur des cas et le moins dangereux, Comme l’écrit en substance Rhonda Byrne dans son livre Le Pouvoir (au passage excellent) : donnez, pensez quelque chose de négatif, et vous  recevrez du négatif en retour. Donnez, pensez quelque chose de positif, et vous obtiendrez du positif en retour. Apprendre à se connaître soi-même est le premier de nos pouvoirs, celui qui permet de ne pas répéter les erreurs de la veille et de donner le meilleur de soi dans quelque chose qui mérite d’être achevé. De même que prendre exemple sur l’archétype divin (la Déesse, le Dieu, ou une divinité en particulier) quelle que soit notre tradition, nous évite de trop nous axer sur nos seules capacités. L’amour de la création, de nous-mêmes, des autres, de la Vie, est un aspect, sinon le plus important, de cet archétype, et par conséquent la motivation de la sorcière que nous nous efforçons d’être, pour une partie d’entre nous, sans attentes précises comme  la tranquillité de l’ego ou l’appât du gain. Mais vouloir devenir sorcière ne se résume pas à la pratique magique, évidemment. Il suffit aussi de peu pour que l’on puisse pleinement être proche de la déité que nous cherchons à honorer et des valeurs que nous voulons mettre en pratique. La foi en elle-même se résume aussi souvent à la   simple observation des Sabbats qui ponctuent la Roue de l’Année, à allumer une bougie de couleur selon l’objectif du moment et visualiser ce dernier, pour soi ou pour une personne qui le demande, ou simplement à remercier la déité pour ce que la Vie nous accorde en temps voulu ou dans l’instant présent, sans qu’on s’en rende compte tout de suite : une bonne santé, le repas quotidien, une relation solide...

Je suis consciente, en écrivant cela, que comme pour beaucoup de païens ou wiccans, la voie que j’ai choisi n’est pas quelque chose d’inné. C’est un long travail, parfois une lutte contre les moments de doute ou de désespoir. Toujours se rappeler que cette vie peut aussi trouver le plus fort de son sens dans ce qu’on apporte à une relation, à son chez-soi, à sa personne ou celle d’une autre, et à l’environnement qui nous entoure. Sans que l’on puisse déduire sur le moment que c’est l’amour divin qui nous fait parfois agir pour le bien de nos semblables, nous agissons aussi pour lui, avec lui, en lui, de façon spontanée et sans espérer de reconnaissance de la part de qui que ce soit, sinon que les choses aillent ou rentrent dans l’ordre. L’équilibre.
Après l’amour, c’est la deuxième motivation fondamentale d’une sorcière digne de ce nom.

L’exemple de quelques figures contemporaines, telle Starhawk, nous le rappelle constamment. Pourquoi vouloir devenir sorcière si c’est pour contribuer au désordre, et ainsi compromettre son objectif de départ ?

Troisième point non négligeable : la créativité ! En effet, comment prendre du plaisir à ce qu’on veut être si l’on n’exprime pas un peu de soi ? Des auteurs comme Scott Cunningham l’ont bien compris : si l’on veut faire quelque chose qui nous permet d’être en accord avec nous-même et la déité, il est inutile de s’efforcer de suivre à la lettre des règles dont le sens nous échappe au plus profond de nous.

Elle n’est pas soumise à un Livre saint, ne cherche pas à se faire obéir sous peine de retranchement de la communauté. Malgré ce qu’elle transmet en termes d’éthique, de valeurs, nous avons toujours le choix d’agir pour un besoin honorable, occasionnellement pour une cause qui l’est tout autant, ou de n’agir que selon notre volonté égoïste et d’en assumer les conséquences. Ce qui n’exclut pas l’imagination, dans un registre positif. D’où la possibilité d’imaginer ses propres moyens : rituels, sorts, décoration de l’autel...

L’Art est une qualification qu’on attribue aussi à la magie, dans la mesure où elle permet à chacun-e d’impliquer une énergie qui lui est propre, en quelque sorte une signature, sans quoi les méthodes conseillées dans les livres deviendraient impersonnelles, voire dogmatiques.

C’est là un des avantages de la tradition éclectique fondée par Cunningham : nous sommes de cette manière notre propre capitaine, nous sommes seuls à décider, à condition de respecter quelques correspondances de base, du bon déroulement de ce pourquoi nous effectuons un rituel. Il ne tient qu’à nous d’apporter notre enthousiasme dans quelque chose dont nous avons déterminé la configuration avec soin. Imaginer de nouvelles façons de bien faire les choses, mettre notre empreinte dans quelque chose qui nous est personnellement familier. Même si cela reste discutable, c’est aussi une façon de témoigner personnellement de mon individualité au Divin, et donc de ce qui fait la beauté de ma vie, comme de celle d’autres humains, à savoir la diversité, la possibilité de manifester malgré mon état de santé, mes défauts, ma culture d’origine et d’autres choses le caractère précieux de ma vie aux yeux de ce que j’honore. Quoi de plus beau, d’une certaine manière, que les contraires dont sont nés quelque chose de sublime, finalement ?

Le parcours d’un-e païen-ne, sorcier ou sorcière en devenir, n’a rien d’une promenade de santé, de quelque chose d’acquis. C’est quelque chose qui nous permet de chercher au plus profond de nous-mêmes, jusqu’à nos limites et nos intentions les plus secrètes, afin de pouvoir faire un travail sur notre rapport au monde, aux lois qui le régissent d’un point de vue spirituel, éthique, ou autre, et ainsi pouvoir contribuer au bon fonctionnement des choses qui constituent le présent, car demain n’est jamais aussi loin que ce que l’on prétend parfois, et lorsqu’on agit mal ou trop tard, il ne tient qu’à nous de corriger ce qui ne va pas.

Sans jamais oublier l’objectif qu’on s’est fixé un jour, celui de donner le meilleur de soi quoi qu’il arrive, et ainsi, pour reprendre une expression du Prophète de Khalil Gibran, s’inscrire « jusque dans la mémoire silencieuse » de la déité.

par Louve de Beltane
Source : UN MAGAZINE DE LA LIGUE WICCANE ECLECTIQUE 


La Wicca à la croisée des chemins



Ainsi que j’ai pu le lire en parcourant le forum Witchwox, il semblerait que la plupart des contentieux auxquels nous sommes confrontés, et qui semblent diviser notre communauté, mettent en lumière le fait que la Wicca, cinquante ans après sa création, est aujourd’hui à un carrefour à partir duquel nous devrons tracer son avenir. Les choses ont évolué si rapidement qu’une personne telle que moi pourrait déjà être considérée par certains comme appartenant à la “vieille garde”, parce que nous avons commencé notre apprentissage au sein d’un coven avant l’arrivée d’Internet. Nous devions trouver des enseignants qui puissent nous accepter au sein de leurs groupes, nous former et nous guider au travers du processus initiatique. Et tout ceci se passait en petits groupes, dans l’intimité du domicile de nos enseignants.

Il n’y a pas si longtemps, il n’y avait pas autant de livres sur la Wicca et la sorcellerie. Aujourd’hui bien sûr, il y a le choix entre beaucoup d’auteurs, dont beaucoup de livres sont le résultat de recherches approfondies et diffusent de nouvelles perspectives sur notre histoire, nos traditions et nos méthodes, et d’autres qui semblent totalement dépourvus de faits, d’idées et de sagesse. D’un autre coté, il y a plus de choix, sans parler des milliers de sites web, qui vont du sublime au ridicule.

Sommes-nous simplement soumis à la loi de l’offre et de la demande ? Par exemple, j’avais trouvé il y a plusieurs années dans une librairie un exemplaire de La Bible des Sorcières de Janet et Stewart Farrar. Je l’ai acheté, lu et je m’y référais fréquemment. J’ai également trouvé au cours de ces années dans les rayons de librairies un exemplaire de The Grimoire (le grimoire) de Lady Sheba, Lid off the Cauldron (Recouvrir le chaudron) de Patricia Crowther, Rebirth of Witchcraft (la renaissance de la sorcellerie) et Witchcraft for Tomorrow (la sorcellerie pour demain) de Doreen Valiente, Rites from the Crystal well (les rites du puits de cristal), Grey Cat’s Deepening Witchcraft (approfondisement de la sorcellerie du chat gris), Triumph of the Moon (le triomphe de la lune) de Ronald Hutton et l’Aradia de Charles Leland.2

Aujourd’hui cependant, ces titres ne se trouvent pas souvent en librairie. Pourquoi ? Les librairies sont simplement des commerces qui font de l’argent en vendant des livres. Peut-être que ce que les librairies proposent en rayon montre avec justesse ce que les acheteurs païens/wiccans souhaitent. Je pense que ce que les clients veulent le plus est ce que vous voyez en rayon.

C’est nous, plutôt que nos détracteurs, qui avons une influence sur les articles vendus en boutique. Il est à noter qu’il y a quelques années quelques chrétiens extrémistes avaient tenté d’interdire ou de faire baisser les ventes des livres de Harry Potter, arguant qu’ils enseignaient la sorcellerie aux enfants. Bien évidemment, nous savons qu’il n’en est rien. Même les lecteurs non païens ont réalisé combien ces opposants apparaissaient absurdes et dissonants, et ironiquement, cette campagne a rallié des soutiens en faveur des livres et les livres de Harry Potter sont maintenant parmi les mieux vendus au monde. Les parents sont ravis que leurs enfants s’intéressent à la lecture, même si c’est un enfant magicien imaginaire qui suscite leur enthousiasme.

De même les campagnes de chrétiens extrémistes à l’encontre du Da Vinci Code n’ont eu aucun effet sur les ventes de ce livre. La loi de l’offre et de la demande régit le marché, et des millions de gens ont acheté et lu le Da Vinci Code, même après que les porte-parole de quelques églises se soient dressés pour dire aux gens de ne pas le faire. A la fois les livres de Harry Potter et le Da Vinci Code intéressent les lecteurs wiccans, même s’il ne s’agit pas de livres wiccans. La loi de l’offre et de la demande   explique aussi pourquoi les librairies proposent la série Les survivants de l’Apocalypse (the Left Behind) et d’autres livres qui attirent les chrétiens extrémistes. Les librairies vendent simplement des marchandises appelées livres.

Nous savons que nous suscitons l’intérêt du grand public quand des éditeurs publient des titres tels que Wicca and Witchcraft for Dummies (la Wicca et la sorcellerie pour les nuls) ou The Complete Idiot’s Guide to Wicca and Witchcraft (le guide complet de l’idiot sur la Wicca et la sorcellerie)2. Les entreprises qui produisent ces collections flairent l’argent qu’il y a à se faire sur ces titres ; ce ne sont pas des entreprises vouées à la publication de livres wiccans.

Le fait que certains d’entre nous grimacent devant ces titres et que d’autres les achètent est un des signes montrant que la Wicca est à un carrefour. Le carrefour, la croisée des chemins, concerne notre avenir en tant que mouvement.

La Wicca croissant en popularité, les portes se sont largement ouvertes, et une attitude mature reflète ce que nous sommes en réalité pour quiconque souhaite se reconnaître en tant que wiccan. Il n’y a désormais plus réellement de barrières à l’entrée. Habituellement les groupes wiccans exigeaient des gens qui souhaitaient faire partie de notre communauté qu’ils s’engagent au moins à participer régulièrement à des réunions et des rituels. Mais à présent, même cela est apparemment négociable, les gens choisissant juste de passer à des événements publics quand ils le sentent. Donc, notre vision de nous-mêmes change. Les pratiquants solitaires surpassent probablement en nombre ceux qui appartiennent à des groupes, et cela est un changement de notre monde aussi. Il n’y a pas si longtemps, les gens qui voulaient devenir wiccans se joignaient à des groupes où ils pouvaient apprendre et pratiquer avec d’autres, en personne. C’était le passé. Le changement a été stimulé par des livres populaires tels que La Wicca Vivante de Scott Cunningham. Maintenant l’augmentation du nombre de pratiquants solitaires a alimenté le désir de plus de titres qui facilitent l’apprentissage individuel à partir d’un livre.

Internet a également offert aux pratiquants solitaires la possibilité d’obtenir des informations sans faire partie d’un coven. Il y a des groupes qui ne se rassemblent que via internet et des forums de discussion, et qui utilisent la webcam pour pratiquer des rituels de groupe. Beaucoup de ces internautes constituent une part importante du public présent lors de rassemblements régionaux et d’évènements publics, parce qu’ils aspirent à des interactions avec d’autres, même si elles ne sont que très occasionnelles.

La situation difficile des magasins ésotériques/ païens/new age/wiccans est reliée à un développement important. Aussi récemment qu’au début des années 90 il n’y avait dans ma zone urbaine des Etats Unis qu’un Border et qu’un Barnes & Nobles3. Il y avait une poignée de librairies indépendantes qui avaient en stock des collections complètes d’ouvrages païens, wiccans et métaphysiques, un grand choix de jeux de tarots, calices, pentacles, bougies, huiles et autres choses que nous utilisons. Ces boutiques procuraient aussi un espace de rencontre pour des groupes wiccans et païens, ainsi que de discrètes références aux personnes en recherche. Lors de la dernière décennie, ces deux chaînes de magasin ont mené une expansion agressive et effrénée, de telle manière qu’à présent chaque centre commercial héberge un magasin de ces enseignes, voire des deux, alors que plusieurs de ces petites mais formidables boutiques disparaissaient.

Pourquoi ? Beaucoup de wiccans et de païens ont commencé à effectuer leurs achats dans les chaînes de magasins ou sur internet.

J’ai longtemps maintenu que nous, wiccans et païens, devions maintenir les boutiquiers indépendants viables, car ils nous rendaient service bien avant que les chaînes de magasins s’intéressent à nous. Nos livres n’ont jamais représenté plus qu’une petite fraction de l’offre des chaînes, alors qu’ils étaient au coeur de l’offre des boutiques indépendantes. Il n’y a pas si longtemps, ces marchands indépendants constituaient une part importante du lien communautaire. Aujourd’hui, avec l’émergence du web, ils ont un rôle bien plus restreint. Moi aussi, j’effectue parfois des achats en ligne, mais j’aime également me rendre dans une vraie boutique entre des vrais murs, où les autres clients ont le même état d’esprit, et où les employés savent de quoi vous parlez quand vous recherchez quelque chose d’un peu inhabituel. Si vous achetez en ligne, essayez de soutenir les marchands païens indépendants.

Je pense que toute cette évolution sous-tend les prémices de débats à propos de la pertinence de construire des édifices, de s’impliquer dans les refuges pour sans abris et les soupes populaires, de la contradiction du terme wiccan-chrétien, ou si les livres de Wicca doivent être adaptés et réécrits pour les adolescents. La ligne de fracture semble être que les gens qui ont été formés dans de petits covens locaux vont largement continuer à pratiquer de la sorte, alors que ceux qui sont venus à la Wicca en   solitaires, qui achètent et communiquent en ligne, vont largement continuer à s’abstenir de rejoindre de tels groupes, bien qu’une minorité cherchera à s’affilier dans de petits covens. Il me semble que les groupes fluctuants d’électrons libres qui aiment se réunir juste pour célébrer certains sabbats sont plus favorables au fait d’avoir des lieux où se rendre en ces occasions, tandis que les covens locaux ne laisseront jamais leurs portes ouvertes à quiconque souhaite y faire un tour.

L’avenir de la Wicca, comme de n’importe quelle autre religion dépend du fait d’intégrer de nouveaux arrivants à la communauté. Nous semblons avoir deux niveaux de croissance et de développement, avec une communauté étendue qui visite les sites internet, assiste à des rassemblements et des évènements publics, et une communauté plus restreinte qui travaille dans de petits groupes à domicile; mais nous tissons tous des liens hors de nos zones de confort habituelles à l’occasion. Nous sommes à la croisée des chemins car si au début nous n’avions qu’un modèle de petit groupe, la technologie et la popularité se sont combinées pour offrir des modèles au format plus étendu et plus ouvert.

Les gens peuvent apprendre, mûrir, développer des liens d’amitié et de travail à travers chacune des deux approches, bien qu’un groupe plus ancien ait un niveau de confort différent du groupe récent, avec des concepts de fondement de la communauté différents. C’est une chose de travailler avec un petit groupe pendant un long laps de temps et de développer des relations, cela en est une autre, complètement différente, d’héberger un évènement public et de gérer quiconque se présente. J’ai fait les deux et j’ai des sentiments mitigés à propos de ce qui est le mieux.

D’un coté, quand vous avez un petit groupe dont les membres travaillent bien ensemble, même s’ils ne sont qu’une demi-douzaine, des liens étroits peuvent se tisser et les rituels peuvent être intenses. D’un autre coté, quand vous organisez un grand rituel public et que près d’une centaine de personnes y assistent, même si vous ne connaissez pas personnellement la plupart d’entre eux, beaucoup d’énergie et d’atmosphère festive peuvent se dégager. Cela peut être une sensation formidable. Maintenant j’ai choisi de travailler au sein d’un petit groupe local, parce que j’aime la continuité du travail avec des personnes et de pouvoir observer leur évolution; mais j’affectionne la cérémonie à grand spectacle des grands événements et j’y assiste de temps en temps.

La Wicca a besoin des deux approches pour continuer à croître. Nous n’avons pas à choisir entre les deux. Je pense que nous sommes certains de continuer à avoir des différences d’opinion. Nous sommes une communauté si variée que je pense qu’il est naturel que nous résistions à toute tentative d’organisation ou d’homogénéisation, car je pense que la liberté d’être différent est ce qui attire la plupart d’entre nous en premier. Évidemment, étant donné que j’écris ceci pour Witchvox et que je me suis servi d’internet pour dénicher des livres rares d’anciennes éditions, j’apprécie la nouvelle technologie. Des frictions entre les différents camps sont probablement inévitables quant à savoir quelle voie est la meilleure. Les gens auront toujours un avis sur la question. Cependant, nous avons également l’opportunité d’essayer différents modèles et de nous attacher à celui qui nous aura apporté la meilleure expérience.

Le fait que nous sommes de plus en plus mentionnés dans la culture populaire, dans des articles de journaux, des émissions de télévision, etc... continue à être à la fois positif et négatif. Même si personne ne connaît et ne connaîtra jamais notre nombre exact, il est sûrement croissant dans une certaine mesure, autrement personne ne nous accorderait la moindre attention. Certains d’entre nous choisissent de rester très discrets sur leurs croyances et pratiques religieuses, et d’autres luttent publiquement pour nos droits. Chacun d’entre nous arrivera à sa propre croisée des chemins et devra décider de ce que nous devons faire. Je suis plus optimiste qu’inquiet à propos de notre avenir, mais je garde un oeil sur toute sorte de développement qui pourrait nous affecter. Cela fait partie de nos crises de croissance.

Retrouvez les articles de Pan, en anglais, sur le site de Witchvox :