Larges extraits d’une déclaration envoyée
par Louise Stafford, FSP, responsable des communications de l’Association des
Religieuses pour la Promotion des Femmes (ARPF), Québec, Canada
En fidélité à notre mission comme femmes
religieuses, nous donnons notre appui entier à la Marche mondiale de l’an 2000
contre la pauvreté et la violence qui compromettent la vie et la qualité de vie
de tant de femmes.
Comme femmes, nous marcherons pour
la vie…
Notre condition de femmes et notre
expérience comme femmes nous convainquent du prix de la vie et nous alertent sur
ce qui menace la vie et la qualité de la vie. La faim, l’itinérance, les
agressions physiques et psychologiques nous atteignent viscéralement. Parce que
nous sommes conscientes d’habiter une terre en voie de déshumanisation à cause
de systèmes qui oppriment la vie et les personnes, parce que nous savons que
les femmes, à travers le monde, sont touchées à la fois par le joug du
patriarcat et par les politiques néo-libérales aux impacts incommensurables sur
leurs conditions de vie, nous entrons dans le mouvement de la Marche mondiale
des femmes comme dans une action urgente de résistance et nous nous engageons
sur un chemin d’espérance pour une humanité nouvelle.
Comme témoins de la pauvreté des
femmes, nous marcherons pour un juste partage…
Un grand nombre d’entre nous, femmes
religieuses, vivons quotidiennement, au contact de femmes dont le niveau de vie
se trouve très en deçà du seuil de pauvreté correspondant au niveau des besoins
essentiels. Au Québec, la prestation de base pour les personnes assistées
sociales se situe à 40% du seuil de faible revenu reconnu par “Statistiques
Canada”.
Ailleurs dans le monde, le niveau
d’endettement de certains pays s’élève à environ deux mille milliards de
dollars, avec les conséquences que l’on sait sur les populations et dans le
quotidien des femmes en quête de pain et d’eau pour elles et pour leurs
enfants. Avec les femmes en situation critique de pauvreté, ici et ailleurs, nous
endossons les revendications économiques de la Marche mondiale et nous
marcherons pour une distribution équitable de la richesse.
Comme
témoins de la violence à l’égard des femmes, nous marcherons pour leur
intégrité physique et psychologique…
Nos engagements, comme femmes
religieuses, auprès de personnes ou de familles ou dans des centres d’hébergement,
nous mettent en contact avec des femmes victimes de violence – dans les foyers,
dans les milieux de travail, dans les espaces publics. Nous connaissons aussi
les pratiques culturelles violentes, les viols et les autres formes de violence
utilisées comme armes de guerre. Parce que nous refusons tout abus de pouvoir qui
porte atteinte à l’intégrité physique et psychologique des femmes, nous marcherons
pour que soit contrée la domination sexiste, que soient établis des rapports de
force égalitaires entre les femmes et les hommes et pour que les mécanismes
nationaux et internationaux redonnent aux femmes la maîtrise de leur corps et de
tout leur être, en même temps qu’une légitime sécurité.
Comme soeurs de toutes les femmes
du monde, nous marcherons pour la libération de tout ostracisme et de toute
discrimination…
Des femmes font des choix qui peuvent
laisser certaines d’entre nous perplexes; certaines peuvent même y être contraintes.
Nous évoquons ici notamment toutes les femmes marginalisées en raison de leur
orientation sexuelle, celles qui recourent à l’interruption de grossesse et
celles dont Jésus dit qu’elles nous précéderont dans le Royaume. Nous préférons
les reconnaître avec respect plutôt que de porter un jugement sur leurs choix.
Tout en admettant les différences notables entre ces situations et la nécessité
de nuancer notre appui, nous reconnaissons le lot de pauvreté, de violence et
de discrimination au coeur de plusieurs de ces vies et nous incluons ces
personnes dans la caravane de libération en route vers la terre promise de
l’égalité et de l’inclusion.
Comme citoyennes du monde, nous
marcherons pour la justice…
A l’égard du vaste programme tracé comme
objectif de la Marche et face à chaque revendication nationale ou
internationale, nous discernons l’injustice à enrayer et nous nous engageons
dans un pèlerinage en quête de justice. D’une part, au-delà de notre sympathie
pour les personnes, nous laissons les groupes d’intérêt soutenir eux-mêmes
leurs demandes spécifiques et, d’autre part, nous donnons notre appui total aux
enjeux majeurs mis de l’avant par la coordination internationale de la Marche:
la lutte contre la pauvreté et contre la violence envers les femmes et les enfants.
Parce que nous reconnaissons qu’il s’agit là d’une marche pour la justice.
Comme femmes religieuses, nous
poursuivrons notre propre itinéraire de solidarité…
L’interpellation qui nous pousse à
entrer dans le mouvement mondial de libération des femmes provient des racines mêmes de la majorité de
nos congrégations féminines ; celles-ci ont surgi comme des réponses de foi aux
besoins urgents des sociétés de l’époque où elles ont été fondées et nos
fondatrices, dans leur action, ont été particulièrement en symbiose avec les
femmes de leurs milieux dont elles ont partagé les causes et les projets.
Leurs charismes ont traversé le temps et
se manifestent aujourd’hui dans le parti pris pour les personnes appauvries,
exclues ou opprimées, qui sont en majorité des femmes, dans l’option ferme pour
la justice et la paix, dans l’engagement pour un projet de société plus
humaine, dans l’alliance avec les forces transformatrices de nos milieux. Plus
spécifiquement, comme femmes religieuses qui ressentons dans notre propre corps
la violence subie par les femmes, qui sommes indignées par la condition de
pauvreté de nos soeurs et touchées personnellement par la discrimination, nous
participons activement aux luttes des femmes et à la construction d’une société
où la dignité, l’égalité et l’autonomie des femmes seront reconnues et
respectées.•
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