L'affirmation
d'une égalité entre l'homme et la femme est utile dans le monde économique et
social parce qu'elle renouvelle les rôles possibles et introduit la féminité
dans des secteurs où elle était absente. L'affirmation d'une différence reste
essentielle dans le domaine de la sexualité, des valeurs et de la spiritualité.
Nier cette différence par un tour de passe-passe mental ne peut aboutir qu'à un
accroissement du malaise de civilisation. Si tous les esprits en éveil
appellent de leurs voeux le surgissement de la femme engloutie, ce n'est pas
pour qu'elle revête l'habit masculin. Ce déguisement ne peut qu'annihiler
l'effet de renouvellement qu'on attend d'elle. Ce ne sont pas les femmes qui
arborent une franche masculinité qui sont en question.
Celles-là seront de
toute façon toujours minoritaires. Le problème se pose pour ces femmes,
hyper-féminines d'apparence, mais qui sont passées dans le camp des hommes pour
être des gagnantes et des battantes et qui ont oublié de se penser en tant que
femmes dans les secteurs où elles se propulsent. Elles sont fascinées par le
pouvoir et elles en oublient que leur vocation est d'ordre supérieur dans le
domaine de l'amour. La tendance consiste à mettre en avant le concept d'égalité
et à se donner un léger frisson de sensationnalisme en disant : " La
frontière des sexes serait donc plus aisée à franchir qu'on ne le croit. "
L'être humain a toujours la tentation de transgresser l'ordre naturel tel qu'il
s'impose à lui, au mépris parfois de sa survie et de son équilibre.
Pourtant,
le fait que les hommes et les femmes soient des êtres humains implique-t-il
qu'il soit bon et nécessaire de gommer, négliger ou minimiser leurs différences
sexuelles ?
A l'inverse, doit-on approfondir jusque dans leurs dernières
conséquences ces différences biologiques pour permettre à l'homme et à la femme
de s'accomplir en tant qu'êtres humains ?
Les deux positions sont extrêmes et
comme telles ne peuvent engendrer que des déséquilibres. Les sociétés passées
ont voulu traduire la différence des sexes dans le moindre détail de leur
organisation et maintenir deux mondes séparés et souvent antagonistes. La prise
de conscience contemporaine vise à éteindre une guerre qui n'a que trop duré
entre l'homme et la femme, une guerre qui est devenue coûteuse et trop
dangereuse avec les armes de destruction dont dispose la civilisation. La
guerre entre l'homme et la femme est à la base de la notion même de guerre;
elle est le feu premier qui alimente indirectement tous les autres. Et c'est
pour cela qu'il devient aussi nécessaire et urgent de s'en occuper.
Ce qui ne
signifie pas que nous ayons réussi; ce qui commence à s'éteindre à gauche se
rallume à droite et vice versa. Pour le moment nous ne sommes que mobilisés,
prudents, circonspects avançant à pas comptés sur un volcan qui menace d'entre;
en éruption. Les hommes et les femmes se rapprochent, interchangent leur rôle
et leurs vêtements, essaient de se comprendre, jouent à se ressembler et, à la
moindre alerte, réendossent frileusement une identité malade. La nécessité de
réouvrir un passage à la femme pour qu'elle tempère de ses valeurs la
civilisation actuelle, qu'elle apporte le sens de l'amour et de l'humain là où
il n'y a que langage de pouvoir, de rentabilité et d'argent, conduit pour le
moment à des excès. Pour se faire accepter, la femme se masculinise et devient
femme de pouvoir au mauvais sens du terme. Son pouvoir existe mais il se situe
dans un ascendant spirituel et en se trompant de combat la femme compromet
l'espoir contenu dans son surgissement.
Extrait de "La femme solaire "
Paule Salomon
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