L'argent, un des canaux par lesquels nous sommes
reliés au monde.
Par quoi suis-je en relation avec le monde ? À
cette question, les uns pourraient répondre : par mes relations avec les autres
humains, ceux qui prennent soin de moi et ceux dont je prends soin. D'autres
diraient : par mes liens avec la nature, par l'air que j'inspire et que j'expire,
par la lumière, par la chaleur, par la nourriture que j'ingère et ce que je
rejette… D'autres encore diraient : par la beauté qui émane du monde et par la
beauté que j'apporte au monde. D'autres pourraient ajouter : par le pouvoir
dont je dispose sur le monde, du fait de mes droits de propriété ou du fait des
fonctions que j'exerce. D'autres alors corrigeraient : par la responsabilité
avec laquelle j'exerce ce pouvoir.
à cette liste très incomplète, il me semble
qu'il faudrait encore ajouter l'argent, la monnaie. C'est un autre canal de
relation au monde qui est devenu presque universel
aujourd'hui. Le contenu de nos porte-monnaie et de nos comptes en banque est
lié à celui des personnes avec qui nous échangeons. Chaque fois que l'un monte, un autre descend
d'autant. Nous sommes en quelque sorte soudés les uns aux autres par nos
porte-monnaies et nos comptes en banque. Et la nature de cette soudure est la
parole, la parole au sens où l'on dit : « Je tiens ma parole ».
Les pièces, les billets, les écritures bancaires
ne sont que les traces visibles de ces paroles. Et l'on cherche à punir ceux
qui ne respectent pas leur parole. Et l'on s'étonne de découvrir que de la
monnaie peut être créée à partir de « rien ». Évidemment, si la parole n'est
rien, alors la monnaie n'est rien. Ceux qui n'ont pas confiance dans la parole
préfèreront échanger leur « monnaie-rien » contre de la
marchandise pesante et trébuchante, de l'or par exemple, qui tire sa valeur de
l'existence d'un marché. Mais la réalité est complexe parce qu'une marchandise
comme l'or peut recevoir certains des attributs de la monnaie.
Il faut revenir à l'essence. Une monnaie se
reconnaît par le fait qu'un compte monte quand un autre descend ou qu'un
porte-monnaie gonfle quand un autre se vide. L'argent est un entre-deux ; il
nous soude tous les uns avec les autres sur cette planète.
La
monnaie est une affaire de femmes
En inventant le micro-crédit, Muhammad Yunus a découvert que c'est aux femmes qu'il devait prêter. Elles tiennent mieux leur parole et sont donc de meilleures
créatrices de bonne monnaie. Bernard Lietaer va plus loin. Il soutient
qu'il y a une relation entre la vénération de l'archétype féminin de la Déesse
mère et l'apparition d'un système monétaire qui fomente une abondance durable.
Il en cherche la trace jusque dans ces innombrables statuettes préhistoriques, ces Vénus aux formes rebondies que l'on trouve
partout. Plus près de nous, c'est souvent la femme qui, dans le couple, tient les cordons de la bourse. Et pourtant, le
monde de la grande finance est pour l'essentiel une affaire d'hommes et le
monde financier est en grand déséquilibre. Ne faudrait-il pas que de véritables
inspirations féminines apportent une vision plus généreuse des processus qui
gouvernent la monnaie, et ramènent ainsi la prospérité ?
Philippe Leconte www.lanef.com
... la suite de cet article dans la revue
n°25...
EXTRAIT DE REVE DE FEMMES http://www.revedefemmes.net/
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