44% des Françaises estiment qu'être une bonne mère revient
à renoncer à sa carrière, selon une enquête Ipsos
Dans Fashion Maman de Garry Marshall (2005), Helen Harris (Kate
Hudson) élève trois enfants tout en continuant de mener son travail
d'assistante dans une agence de mannequin.
Avoir
des enfants constitue-t-il un frein à la carrière des femmes ? Quelque 44
% des Françaises considèrent qu’il est impossible d’être une bonne mère sans
remettre en cause sa carrière professionnelle selon une enquête Ipsos en
association avec le Forum Elle Active. Le débat reste vif.
Wonder
Woman aurait-elle du plomb dans l'aile ? Presque la moitié des femmes estime
qu’on ne peut pas réussir à la fois sa vie professionnelle et sa vie de mère !
44% exactement si l'on en croit une enquête Ispos, réalisée en février sur un
échantillon de 1 000 personnes. Un chiffre inquiétant. Après des années de
lutte pour une meilleure articulation entre vie familiale et vie
professionnelle, beaucoup de femmes semblent désabusées. Elles expriment les
tensions et dilemmes entre ce qu'elles pensent être nécessaire pour être une «
bonne mère » et leur carrière. Il y a bien sûr cette course permanente pour
être à l'heure à la sortie de la crèche, sans manquer une réunion importante au
bureau. Mais aussi l'envie de passer plus de temps avec ses enfants, sans pour
autant renoncer à un poste important. Les lectrices du Figaro nous
ont écrit pour raconter ces frustrations.
Mais
beaucoup sont aussi intervenues pour témoigner de leurs vies épanouies, parce
qu'elles font un métier intéressant, parce que les moments doux et forts avec
les enfants valent autant, selon elles, que de longues heures dédiées au foyer.
D'autant plus que l'arrivée en force des femmes
aux postes de responsabilité fait évoluer les mentalités. Sans
pour autant résoudre la quadrature d'un cercle qui reste assez féminin.
Un
débat qui fait rage aux États-Unis
Aux
États-Unis, le débat fait rage. Passionnant et passionnel. Mené entres autres
par des femmes de premier plan comme la professeure de sciences politiques,
Anne-Marie Slaughter, qui a démissioné en 2012 du gouvernement pour se
consacrer à sa vie familiale, en doutant que l'on puisse tout avoir : « Can we have it all ? ». La
numéro deux de Facebook, Sheryl Sandberg, a décidé de ne pas réduire cette
question à la gent féminine. Personne ne peut tout avoir, a-t-elle
lancé. En France, le sondage Ipsos témoigne de ces tensions, du désir de
travailler pour s'épanouir mais aussi de la culpabilité qui rattrapent
certaines femmes lorsqu'elles ne correspondent pas à l'archétype de la « bonne
mère ». Une notion aussi subjective que politique. Le « label », revendiqué par
les unes, est pointé du doigt par des féministes, comme Élisabeth Badinter, qui
y voit le stigmate des sociétés patriarcales...
Les
femmes sont visiblement rattrapées par cette discussion lorsqu'apparaît le
premier enfant. Auparavant « au lycée comme à l'université, les filles se
sentent d'autant plus sur un pied d'égalité avec les garçons qu'elles y
réussissent souvent mieux qu'eux, explique la politologue Mariette Sineau. Mais
les déboires commencent lorsqu'elles intègrent une entreprise. A
fortiori, quand elles deviennent mères d'un ou plusieurs enfants. »
Dans le milieu professionnel, la discrimination débute, semble-t-il, dès l’annonce
de la grossesse. Une femme sur quatre interrogées juge qu’annoncer à son
supérieur le fait d'être enceinte a eu des conséquences négatives sur sa
carrière. De la même façon, prendre un congé parental serait responsable d’une
stagnation dans la carrière professionnelle de 26 % des femmes interrogées,
contre 13 % pour les hommes.
Le
problème des places en crèche
Ces
inégalités se poursuivent par la suite lorsqu'il s'agit de mener de front vies
professionnelle et de famille. « L'égalité professionnelle restera un leurre
tant qu'il y aura, comme aujourd'hui, pénurie de places en crèche », estime à
cet égard Mariette Sineau. Parmi les femmes interrogées, 33 % jugent que les
horaires de crèche ou de garderie sont peu adaptés avec la vie de bureau. Et même
si le gouvernement a annoncé la création de 100 000 places en crèche, en trouver une pour ses
enfants se transforme encore souvent en parcours du combattant, le déficit
français en la matière étant estimé à 350 000. Autre résultat inquiétant de
cette étude : 60 % des jeunes femmes de 18 à 29 ans interrogées sont
persuadées qu’elles devront mettre entre parenthèse leur carrière à la
naissance des premiers enfants, contre seulement 37 % des hommes du même âge.
Si les
femmes doutent et parfois renoncent à mener carrière et maternité, c'est parce
qu'elles portent encore très largement la charge des tout-petits enfants. Et si
les pères s'y mettent doucement, les hommes restent globalement plutôt
indifférents à ces dilemmes : pour 37 % d'entre eux, les inégalités au travail
ne sont plus vraiment un problème, et 46 % osent affirmer que le féminisme est
un combat dépassé !
Madame Figaro entend s'engager dans ce débat. N'hésitez pas à écrire à :redaction_madame_online@lefigaro.fr
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