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samedi 2 août 2014

Etre une bonne mère et faire carrière ?


44% des Françaises estiment qu'être une bonne mère revient à renoncer à sa carrière, selon une enquête Ipsos


Dans Fashion Maman de Garry Marshall (2005), Helen Harris (Kate Hudson) élève trois enfants tout en continuant de mener son travail d'assistante dans une agence de mannequin.
Avoir des enfants constitue-t-il un frein à la carrière des femmes ? Quelque 44 % des Françaises considèrent qu’il est impossible d’être une bonne mère sans remettre en cause sa carrière professionnelle selon une enquête Ipsos en association avec le Forum Elle Active. Le débat reste vif.
Wonder Woman aurait-elle du plomb dans l'aile ? Presque la moitié des femmes estime qu’on ne peut pas réussir à la fois sa vie professionnelle et sa vie de mère ! 44% exactement si l'on en croit une enquête Ispos, réalisée en février sur un échantillon de 1 000 personnes. Un chiffre inquiétant. Après des années de lutte pour une meilleure articulation entre vie familiale et vie professionnelle, beaucoup de femmes semblent désabusées. Elles expriment les tensions et dilemmes entre ce qu'elles pensent être nécessaire pour être une « bonne mère » et leur carrière. Il y a bien sûr cette course permanente pour être à l'heure à la sortie de la crèche, sans manquer une réunion importante au bureau. Mais aussi l'envie de passer plus de temps avec ses enfants, sans pour autant renoncer à un poste important. Les lectrices du Figaro nous ont écrit pour raconter ces frustrations.
Mais beaucoup sont aussi intervenues pour témoigner de leurs vies épanouies, parce qu'elles font un métier intéressant, parce que les moments doux et forts avec les enfants valent autant, selon elles, que de longues heures dédiées au foyer. D'autant plus que l'arrivée en force des femmes aux postes de responsabilité fait évoluer les mentalités. Sans pour autant résoudre la quadrature d'un cercle qui reste assez féminin. 

Un débat qui fait rage aux États-Unis

Aux États-Unis, le débat fait rage. Passionnant et passionnel. Mené entres autres par des femmes de premier plan comme la professeure de sciences politiques, Anne-Marie Slaughter, qui a démissioné en 2012 du gouvernement pour se consacrer à sa vie familiale, en doutant que l'on puisse tout avoir : « Can we have it all ? ». La numéro deux de Facebook, Sheryl Sandberg, a décidé de ne pas réduire cette question à la gent féminine. Personne ne peut tout avoir, a-t-elle lancé. En France, le sondage Ipsos témoigne de ces tensions, du désir de travailler pour s'épanouir mais aussi de la culpabilité qui rattrapent certaines femmes lorsqu'elles ne correspondent pas à l'archétype de la « bonne mère ». Une notion aussi subjective que politique. Le « label », revendiqué par les unes, est pointé du doigt par des féministes, comme Élisabeth Badinter, qui y voit le stigmate des sociétés patriarcales...
Les femmes sont visiblement rattrapées par cette discussion lorsqu'apparaît le premier enfant. Auparavant  « au lycée comme à l'université, les filles se sentent d'autant plus sur un pied d'égalité avec les garçons qu'elles y réussissent souvent mieux qu'eux, explique la politologue Mariette Sineau. Mais les déboires commencent lorsqu'elles intègrent une entreprise. A fortiori, quand elles deviennent mères d'un ou plusieurs enfants. » Dans le milieu professionnel, la discrimination débute, semble-t-il, dès l’annonce de la grossesse. Une femme sur quatre interrogées juge qu’annoncer à son supérieur le fait d'être enceinte a eu des conséquences négatives sur sa carrière. De la même façon, prendre un congé parental serait responsable d’une stagnation dans la carrière professionnelle de 26 % des femmes interrogées, contre 13 % pour les hommes.

Le problème des places en crèche

Ces inégalités se poursuivent par la suite lorsqu'il s'agit de mener de front vies professionnelle et de famille. « L'égalité professionnelle restera un leurre tant qu'il y aura, comme aujourd'hui, pénurie de places en crèche », estime à cet égard Mariette Sineau. Parmi les femmes interrogées, 33 % jugent que les horaires de crèche ou de garderie sont peu adaptés avec la vie de bureau. Et même si le gouvernement a annoncé la création de 100 000 places en crèche, en trouver une pour ses enfants se transforme encore souvent en parcours du combattant, le déficit français en la matière étant estimé à 350 000. Autre résultat inquiétant de cette étude : 60 % des jeunes femmes de 18 à 29 ans interrogées sont persuadées qu’elles devront mettre entre parenthèse leur carrière à la naissance des premiers enfants, contre seulement 37 % des hommes du même âge.

Si les femmes doutent et parfois renoncent à mener carrière et maternité, c'est parce qu'elles portent encore très largement la charge des tout-petits enfants. Et si les pères s'y mettent doucement, les hommes restent globalement plutôt indifférents à ces dilemmes : pour 37 % d'entre eux, les inégalités au travail ne sont plus vraiment un problème, et 46 % osent affirmer que le féminisme est un combat dépassé ! 
Madame Figaro entend s'engager dans ce débat. N'hésitez pas à écrire à :redaction_madame_online@lefigaro.fr

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