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vendredi 4 août 2017

UNE POSSIBLE COOPERATION FEMININ / MASCULIN


Si je suis masculin, je ne peux pas être féminin ; pis encore, je ne peux que me poser en m'opposant, m'inscrire contre le féminin qui me menace. Est-il possible de se vivre dans une bipolarité, d'être une chose et son contraire, de circuler d'un pôle à l'autre, de vivre dans la tension des deux pôles, dans la richesse de l'ambivalence ?

Le seul péché, n'est-ce pas justement de s'identifier à un seul pôle au détriment de l'autre, de se limiter à un seul type de réalité ?

Dans la morale, la pensée dualiste prend bien soin de nous faire distinguer entre le bien et le mal, de nous culpabiliser sur le mal et de nous valoriser sur le bien. Nous aurons tendance à endosser facilement les vêtements du bien et à refuser les vêtements du mal. Ce que je suis sera le bien, le mal je le réserverai pour l'autre. Je lui taillerai éventuellement un costume sur mesure pour endosser tout ce que je ne suis pas prêt à accepter pour mon propre compte. Autrement dit, si je me retrouve dans la situation de quelqu'un qui ne reconnaît chez lui ni la gourmandise, ni l'envie, ni la malhonnêteté, etc., je vais trouver quelqu'un d'autre en face de moi qui va assumer tout cela.

Un compagnon peut être le support idéal de ces projections-déjections. Je suis le bien, l'autre est le mal. Le masculin (ou le féminin) est le bien, le féminin (ou le masculin) est le mal. C'est ce qui s'est passé pendant quatre mille ans de patriarcat et de justification théologique des grandes religions monothéistes.

L'extraordinaire simplicité du processus ne permet pas pour autant la lucidité. Les hommes et les femmes se sont enfermés dans ces croyances dualistes qui répondaient à un réflexe de peur et de survie, d'affirmation et de conquête.



Pouvons-nous passer au -delà du bien et du mal selon la formule Nietzchéenne) au-delà de cette opposition ? Qu'y a-t-il de nouveau à inventer ?

Ce qui fait mourir l'amour, ce qui rend l'intimité insupportable pour certains, c'est cette pression moralisante qui s'exerce de l'un sur l'autre, ce contrôle et cette aliénation de conscience. Pouvons-nous imaginer une autre manière de vivre en couple qui ne comporte pas d'ingérence sur l'autre ? Respecter l'autre véritablement comme une personne à la fois même et différente sur laquelle je n'ai pas de droits. Que devient l'engagement du couple dans cette perspective ?

Peut-on être à la fois solidaire et solitaire, amant et ami, fiancé et marié, allié et libre, dépendant et indépendant ? Nous sommes apparemment là dans des exigences contradictoires mais notre pari d'humanité semble bien être d'entrer dans la réconciliation des contraires, dans le dépassement des oppositions, dans l'instauration de la paix au sein de l'acceptation de la tension.

Dans quelle mesure le fait pour chacun d'entrer dans l'acceptation de la tension ambivalente entre deux pôles, sans s'identifier à aucun, correspond-il à la fin de l'intolérance et du conflit ? Apposer deux choses, comme dit Jacques Salomé, les mettre l'une à coté de l'autre au lieu de les opposer. C'est d'une véritable révolution de l'esprit qu'il s'agit, d'un revirement de la conscience d'une sortie de l'emprise du péché et de la culpabilité.

Pourquoi les couples se séparent-ils de plus en plus et de plus en plus vite ?
L'individualité devient une valeur à part entière. Personne ne supporte plus de se voir raccourci et rétréci au nom de' la famille et du mariage. L'aliénation d'une personne à une autre est devenue intolérable, irrespirable. " Tu me pompes l'air. " Cette expression familière montre bien le besoin d'espace dans toute association. 



L'air du temps véhicule cette exigence et la popularise, alors qu'elle était d'abord réservée aux artistes : Aller jusqu'au bout de soi-même quel qu'en soit le prix. Cette exigence est d'ordre spirituel, même si elle n'est pas comprise comme telle.

En effet il s'agit plus ou moins souterrainement de ne pas abandonner en route le désir sexuel et de ne pas se couper de la possibilité de rencontrer l'exaltation et peut-être l'élévation de l'amour. Car le sexe est la porte de l'amour, l'amour est la porte de la réalisation intérieure. Sexe, amour, lumière. Même ceux qui n'ont jamais réfléchi à cette flèche de développement la poursuivent opiniâtrement, mettant en scène rencontres, fusions, séparations. Est-il possible de s'engager dans un couple et de ne pas perdre le feu du désir ? Certains avancent la date de quatre ans comme fatidique à l'attraction sensuelle des corps, d'autres donnent sept ans; quoi qu'il en soit, la mort du désir sanctionnerait toute relation engagée dans le temps et l'espace d'une cohabitation.

N'y a-t-il pas des couples qui peuvent témoigner du contraire ? Et dans ce cas, quelle est leur recette ? Le jardin du couple demande-t-il à être fertilisé pour produire des fleurs en toute saison?

L'auteur , Paule SALOMON  a découvert que le couple, en nous, et hors de nous, s'accomplissait en sept étapes s'emboîtant les unes dans les autres. Ces sept couples, du plus archaïque que nous rejouons tous au plus évolué, vivant l'amour en conscience, en passant par le plus conflictuel, révèlent étape par étape un autre visage de l'amour.

La véritable aventure du couple commence quand le conflit a été dépassé, qu'un réel échange s'est établi, donnant à chacun liberté et autonomie. A l'aide de cas concrets, Paule Salomon montre les écueils, les frustrations, les rapports de force, souvent issus du milieu familial, qui peuvent être dépassés par une analyse de soi, une écoute attentive de ses désirs et de ses paradoxes.

Se donner du pouvoir l'un à l'autre, être solidaires et solitaires, amis et amants, savoir être libres et engagés: c'est un nouvel art d'aimer que propose l'auteur, en même temps qu'un outil de connaissance et d'exploration de la relation à soi et à l'autre.

Connaître le processus de l'amour, prendre conscience de cet itinéraire, c'est avancer une lampe à la main dans les ténèbres inconscientes du paradoxe amour/haine en ayant l'intuition que l'amour se rencontre et se dévoile au bout de ce voyage en spirale. Le couple est ainsi, comme l'amour, une "sainte folie" rendue possible. 


Extrait de Paule Salomon: La sainte folie du couple, Paris. Albin Michel, 1994. -



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