Les Iroquois (ou Haudenosaunee)
connus aussi par l’expression Cinq-Nations comprennent effectivement
cinq et puis plus tard six nations amérindiennes de langues
iroquoises vivant historiquement dans le nord de l’État de New
York aux États-Unis au sud du lac Ontario et du fleuve
Saint-Laurent. La plupart des quelques 125 000 Iroquois vivent aujourd’hui
en Ontario au Canada et dans l’État de New York. D’autres
vivent au Wisconsin, au Québec et en Oklahoma. Seule une
petite minorité des Iroquois parle aujourd’hui une des langues iroquoises dont
notamment près de 1 500 locuteurs du mohawk dans le
village Kahnawake, au sud de Montréal.
Un
état matriarcal
Les Iroquois sont ceux qui se
rapprochent probablement le plus de l’état matriarcal. Le jésuite
Joseph-François Lafitau qualifie les sociétés iroquoiennes d’«empire de
femmes». Elles se comportent parfois en véritables guerrières amazones. Les
femmes, surtout celles qui sont âgées, sont reconnues pour leur
sagesse. Chez ces Indiens, c’étaient les femmes qui arrangeaient les
mariages et qui, possédaient maisons et terres. Quelques-unes des plus
importantes organisations cérémonielles étaient en bonne partie constituées et
dirigées par les femmes et c’était dans leurs rangs qu’on choisissait trois sur
six des fonctionnaires rituels de chaque clan. Les femmes nommaient leur
candidat lors d’une vacance au conseil des chefs et avaient le droit de
désapprouver et même d’empêcher l’élection d’un chef qu’elles jugeaient
indigne. Néanmoins, c’est un fait certain que, même parmi les Iroquois, les
femmes n’entraient pas dans le conseil suprême de la Ligue.
La
position sociale de la femme iroquoise
Les Iroquois vivaient dans des
villages de 2000 habitants et plus et étaient jardiniers ou chasseurs. Les
deux sexes travaillaient ensemble à la construction des longues-maisons permanentes, habitées
par environ vingt-cinq familles. Les familles qui y vivaient en
face l’une de l’autre utilisaient le même feu et des séparations délimitaient
les zones de sommeil de chaque famille. Comme la plupart des peuplades
natives nord américaines, les iroquois furent relativement matriarcaux. Au
temps des premiers contacts (autour de 1650), la femme occupe une position
sociale enviable si on la compare à celle qui s’impose dans les sociétés
occidentales.
La fonction procréatrice y est valorisée, les mères exercent une
forte autorité sur leurs filles et fils, la femme occupe une place centrale
dans le discours religieux, ses connaissances en matière médicale sont
reconnues et elle détient souvent un droit de vie ou de mort sur les
prisonniers de guerre. La terre est propriété des femmes. Elles ont un droit de
véto sur toutes les décisions des hommes. Ce rôle leur donnait même le
pouvoir d’inciter les chefs de guerre à organiser des expéditions pour venger
la mort des membres de leur famille ou de la même lignée.
La
mère possède la terre, le foyer, et les enfants
Article 44 de la constitution
iroquoise : » La descendance se fait par le lien maternel. Les
femmes sont la source de la Nation, elles possèdent le pays et sa terre. Les
hommes et les femmes sont d’un rang inférieur à celui des mères ».
L’usage d’un objet entraînant sa
possession chez les nations sauvages, la Mère, qui a charge de la demeure et de
ses provisions, est maîtresse de la maison et de ce qu’elle renferme ; l’homme
ne possède que ses armes et ses instruments de pêche et de chasse. Les enfants
appartiennent à la mère, qui les a engendrés, nourris, élevés et logés ; la
fille lorsqu’elle se marie, ne quitte pas la demeure maternelle ; le mari est
un hôte, qui doit lui procurer des vivres. Le foyer servant à la préparation
des aliments est propriété de la Mère et de sa fille aînée, quand elle
meurt. Les matrones de la longue-maison contrôlaient la répartition de la
nourriture et des autres marchandises qui assuraient le bien-être du groupe.
« Parmi les Iroquois…les
enfants sont de la tribu de la mère, dans la majorité des nations; mais la
règle, même si elle était universelle depuis l’antiquité, ne l’est plus
aujourd’hui. Quand la descendance de la lignée maternelle prévalait, elle était
suivie par d’importants résultats, dont le plus remarquable était que la lignée
paternelle était constamment déshéritée. Puisque tous les titres ainsi que les
propriétés descendaient de la lignée maternelle, et étaient héréditaires,
strictement, dans la tribu elle mêle, un fils ne pouvait jamais succéder au
titre de son père en tant que Sachem, ni hériter de sa médaille ou de son
tomahawk »
– McLennan 1970 [1865]:51
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