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mercredi 5 novembre 2014

Comme les religieuses, pour quoi marcher



Larges extraits d’une déclaration envoyée par Louise Stafford, FSP, responsable des communications de l’Association des Religieuses pour la Promotion des Femmes (ARPF), Québec, Canada

En fidélité à notre mission comme femmes religieuses, nous donnons notre appui entier à la Marche mondiale de l’an 2000 contre la pauvreté et la violence qui compromettent la vie et la qualité de vie de tant de femmes.

Comme femmes, nous marcherons pour la vie…
Notre condition de femmes et notre expérience comme femmes nous convainquent du prix de la vie et nous alertent sur ce qui menace la vie et la qualité de la vie. La faim, l’itinérance, les agressions physiques et psychologiques nous atteignent viscéralement. Parce que nous sommes conscientes d’habiter une terre en voie de déshumanisation à cause de systèmes qui oppriment la vie et les personnes, parce que nous savons que les femmes, à travers le monde, sont touchées à la fois par le joug du patriarcat et par les politiques néo-libérales aux impacts incommensurables sur leurs conditions de vie, nous entrons dans le mouvement de la Marche mondiale des femmes comme dans une action urgente de résistance et nous nous engageons sur un chemin d’espérance pour une humanité nouvelle.

Comme témoins de la pauvreté des femmes, nous marcherons pour un juste partage…
Un grand nombre d’entre nous, femmes religieuses, vivons quotidiennement, au contact de femmes dont le niveau de vie se trouve très en deçà du seuil de pauvreté correspondant au niveau des besoins essentiels. Au Québec, la prestation de base pour les personnes assistées sociales se situe à 40% du seuil de faible revenu reconnu par “Statistiques Canada”.

Ailleurs dans le monde, le niveau d’endettement de certains pays s’élève à environ deux mille milliards de dollars, avec les conséquences que l’on sait sur les populations et dans le quotidien des femmes en quête de pain et d’eau pour elles et pour leurs enfants. Avec les femmes en situation critique de pauvreté, ici et ailleurs, nous endossons les revendications économiques de la Marche mondiale et nous marcherons pour une distribution équitable de la richesse.

 Comme témoins de la violence à l’égard des femmes, nous marcherons pour leur intégrité physique et psychologique…
Nos engagements, comme femmes religieuses, auprès de personnes ou de familles ou dans des centres d’hébergement, nous mettent en contact avec des femmes victimes de violence – dans les foyers, dans les milieux de travail, dans les espaces publics. Nous connaissons aussi les pratiques culturelles violentes, les viols et les autres formes de violence utilisées comme armes de guerre. Parce que nous refusons tout abus de pouvoir qui porte atteinte à l’intégrité physique et psychologique des femmes, nous marcherons pour que soit contrée la domination sexiste, que soient établis des rapports de force égalitaires entre les femmes et les hommes et pour que les mécanismes nationaux et internationaux redonnent aux femmes la maîtrise de leur corps et de tout leur être, en même temps qu’une légitime sécurité.

Comme soeurs de toutes les femmes du monde, nous marcherons pour la libération de tout ostracisme et de toute discrimination…
Des femmes font des choix qui peuvent laisser certaines d’entre nous perplexes; certaines peuvent même y être contraintes. Nous évoquons ici notamment toutes les femmes marginalisées en raison de leur orientation sexuelle, celles qui recourent à l’interruption de grossesse et celles dont Jésus dit qu’elles nous précéderont dans le Royaume. Nous préférons les reconnaître avec respect plutôt que de porter un jugement sur leurs choix. Tout en admettant les différences notables entre ces situations et la nécessité de nuancer notre appui, nous reconnaissons le lot de pauvreté, de violence et de discrimination au coeur de plusieurs de ces vies et nous incluons ces personnes dans la caravane de libération en route vers la terre promise de l’égalité et de l’inclusion.

Comme citoyennes du monde, nous marcherons pour la justice…
A l’égard du vaste programme tracé comme objectif de la Marche et face à chaque revendication nationale ou internationale, nous discernons l’injustice à enrayer et nous nous engageons dans un pèlerinage en quête de justice. D’une part, au-delà de notre sympathie pour les personnes, nous laissons les groupes d’intérêt soutenir eux-mêmes leurs demandes spécifiques et, d’autre part, nous donnons notre appui total aux enjeux majeurs mis de l’avant par la coordination internationale de la Marche: la lutte contre la pauvreté et contre la violence envers les femmes et les enfants. Parce que nous reconnaissons qu’il s’agit là d’une marche pour la justice.

Comme femmes religieuses, nous poursuivrons notre propre itinéraire de solidarité…
L’interpellation qui nous pousse à entrer dans le mouvement mondial de libération des femmes  provient des racines mêmes de la majorité de nos congrégations féminines ; celles-ci ont surgi comme des réponses de foi aux besoins urgents des sociétés de l’époque où elles ont été fondées et nos fondatrices, dans leur action, ont été particulièrement en symbiose avec les femmes de leurs milieux dont elles ont partagé les causes et les projets.


Leurs charismes ont traversé le temps et se manifestent aujourd’hui dans le parti pris pour les personnes appauvries, exclues ou opprimées, qui sont en majorité des femmes, dans l’option ferme pour la justice et la paix, dans l’engagement pour un projet de société plus humaine, dans l’alliance avec les forces transformatrices de nos milieux. Plus spécifiquement, comme femmes religieuses qui ressentons dans notre propre corps la violence subie par les femmes, qui sommes indignées par la condition de pauvreté de nos soeurs et touchées personnellement par la discrimination, nous participons activement aux luttes des femmes et à la construction d’une société où la dignité, l’égalité et l’autonomie des femmes seront reconnues et respectées.•

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