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lundi 24 novembre 2014

DECOUVERTE DU FEMININ


« Devant une Humanité qui monte sans arrêt, mon rôle veut que je me retire toujours plus haut, - suspendue au-dessus des aspirations grandissantes de la Terre, comme un attrait et une proie, - presque saisie jamais tenue. Le Féminin, c’est sa nature même, doit aller en s’accentuant sans cesse dans un Univers qui n’a pas fini d’évoluer : Assurer la dernière éclosion de ma tige sera la gloire et la joie de la Chasteté »

La Chasteté, qu’il ne se résout pas à réduire à une vertu, permet de comprendre le sens de l’amitié entre homme et femme, c’est-à-dire celui d’une union spirituelle intégralement tournée vers la recherche de Dieu et orientée par Dieu même .Nulle ambiguïté donc dans l’aveu que fait Teilhard à la fin du Cœur de la Matière : « A l’histoire de ma vision intérieure, telle que la relatent ces pages, il manquerait un élément (une atmosphère) essentiel , si je ne mentionnais pas , en terminant , qu’à partir du moment critique où, rejetant bien des vieux moules familiaux et religieux, j’ai commencé à m’éveiller et à me formuler vraiment à moi-même , rien ne s’est développé en moi que sous un regard et une influence de femme ».

-          O Vierge mère, et fille de ton fils.. (Dante, Divine Comédie, Paradis, XXXIII, v 1)
On l’aura compris, Pierre Teilhard de Chardin propose au couple homme et femme une ascèse non de séparation ou d’opposition, mais d’intégration et de dépassement. C’est pourquoi la femme n’est jamais chez lui une rivale menaçante. Elle n’apparaît au demeurant qu’exclusivement (ou presque) sous la figure du Féminin, symbole à travers lequel perce et s’impose la signification et la réalité du tout. Aussi Béatrix est-elle une voie, une introductrice : « Vierge voilée » dit Teilhard, en ce sens qu’elle cache encore la plénitude du Féminin, qui se trouve au-delà d’elle, et que le Cosmos est le voile dans les plis duquel se métamorphose l’éros, qu’enfin elle n’est que le « pseudonyme » de la Vierge Marie en qui se réalise, de manière personnelle et concrète, l’agapè auquel elle fournit , en quelque mesure , le dessein même de Dieu .

Dans l’Eternel féminin, Teilhard inaugure sa réflexion par une sophiologie. Toutefois lorsqu’il invoque Béatrix, il n’hypostasie ni l’une (la Sophia) ni l’autre, qui ne fournissent qu’autant de symboles à Marie, associée à l’œuvre cosmologique, universalisante et personnalisante de son Fils.


 Extrait de A L’AUBE DE L’HUMANITE Par Jean Bernard Cabanes

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