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lundi 10 novembre 2014

La Vierge Marie, figure achevée de l’Eternel Féminin



Il faudrait ici pouvoir évoquer plus longuement les parallélismes possibles avec des textes contemporains qui méditent et entrecroisent mystère marial et mystère féminin.

Pour Gertrud von Le Fort, la Femme Eternelle c’est bien entendu la Vierge Marie. Elle développe (bien davantage que Teilhard) une riche thématique du voile, car en bien des formes qui précèdent et préparent Marie luit un « rayon voilé » du mystère de la Femme Eternelle

Marie, espérance du salut et forme de l’Eglise, constitue la « médiation » nécessaire (mais libre) à la Médiation rédemptrice du Christ.

La correspondance entre Marie et l’Eglise n’est pas moins affirmée chez Pierre Teilhard de Chardin que chez Gertrud von Le Fort : comme telle, elle permet d’ailleurs à Teilhard de mieux cerner formellement le sens de sa propre dialectique : dialectique d’attraction et non d’opposition.

S’il y a bien dialectique en effet, pour autant l’Eternel féminin accompli dans la figure de Marie n’apparaît pas comme une médiation à proprement parler, mais « trace de l’axe de la vie », elle se donne comme une « région d’attraction commune » qui loin de disparaître comme « une servante inutile, ombre devant la Réalité » subsiste, « jusque dans les ardeurs du contact divin (…) tout entière avec tout (son) passé.

Bien plus je continuerai à me révéler,-aussi inépuisable dans mon devenir que les charmes infinis dont je suis toujours, même inaperçue, le vêtement, la figure et l’accès… »

Béatrix n’a été que l’intermédiaire vers Marie qui à son tour est puissance d’offrande du monde et de tout amour ardent de charité au Christ unique Médiateur.

Dialectique d’attraction, sans médiations intermédiaires proprement dites .Le Féminin chez Teilhard joue plutôt le rôle d’un « Milieu » : réalité dynamique où toute opposition va s’effaçant, champ d’énergie émanant d’un foyer immanent et transcendant qui l’oriente et le dirige.

L’Eternel Féminin est écrit peu après le Milieu Mystique (août 1917). Il trouvera bien des échos dans le Milieu Divin !

L’Eternel Féminin reste donc un hommage, un peu utopique peut-être, en tous cas un poème musicalement scandé, une merveilleuse cantate à l’amour.

Pour Teilhard la Femme est et reste la Vivante, Seconde Eve qui conduit celui que son charme fascine au Dieu qui l’attend. Nulle annihilation du désir mais détachement par excentration, retournement, comme on l’a déjà remarqué, par quoi s’accomplit le désir sans être détruit , au point d’atteindre une perfection inexprimable, lieu de saturation de toutes ses énergies.. :

« Alors que vous me croirez absente, - alors que vous m’oublierez, air de votre poitrine et lumière de vos yeux, - je serai encore là, noyée dans le soleil, que j’ai attiré en moi… Il vous suffit, n’est-il pas vrai, bienheureux élus, de relâcher pour un instant la tension qui vous précipite en Dieu, ou de regarder un tant soit peu en deçà du foyer qui vous fascine, pour voir de nouveau, à la surface du feu divin, se jouer mon image.

-Et à ce moment vous admirez que, dans les longs plis de mes charmes, se déroule, toujours vivante, la série des attractions successivement traversées qui, depuis les confins du Néant, ont fait accourir et se rassembler les éléments de l’Esprit, -par amour. Je suis l’Eternel féminin. »

L’Eternel féminin ou l’anti-Parsifal ?


Extrait de A L’AUBE DE L’HUMANITE Par Jean Bernard Cabanes

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