La religion de la
grande Déesse est peut être la plus ancienne religion du monde occidental. Ses
racines remontent plus loin que le christianisme, le judaïsme et l’islam, plus
loin que le bouddhisme et l’hindouisme, et elle est très différente de toutes
les « grandes » religions. Dans son esprit elle serait plus proche des traditions
des amérindiens ou des chamans de l’arctique. Elle ne se fonde ni sur des
dogmes ou des règles, ni sur des écritures ou un livre saints. La croyance en
la grande déesse se base sur la connaissance de la nature, et trouve son
inspiration dans les mouvements de la lune et du soleil, le vol des oiseaux, la
lente croissance des arbres, et le passage des saisons.
Le symbole ancestral de l’indicible est la
Déesse. Elle a mille noms et autant de visages. Elle est la réalité derrière
beaucoup de métaphores. Elle est la vérité, elle est l’évidente déité, elle est
dans tous les êtres, dans tout ce qui est vivant. Elle n’est pas hors le monde,
elle est le monde, et elle est tout ce qui fait le monde : la terre, les
étoiles, les pierres, l’eau vive, le vent, les vagues, les feuilles et les
branches, les boutons et les fleurs, les femmes et les hommes. La Déesse
–ancienne et intemporelle, la premières de tous les Dieux ; la protectrice des
chasseurs du néolithique et des premiers marins, celle sous la protection de laquelle
ont été apprivoisés les premiers animaux, ont été trouvées les premières
plantes médicinales ; celle à l’ombre de laquelle ont débuté les premiers
travaux manuels, celle à qui étaient dédiées les premières pierres levées,
celle qui a inspiré les premiers chants et les premiers poèmes, celle qui
survit aujourd’hui bien plus fort qu’elle ne le fit à la Renaissance. Elle
n’est pas simplement remise au goût du jour, mais bien plus elle vit une
nouvelle naissance, une nouvelle création. Ce sont avant tout les femmes qui
sont à l’origine de ce phénomène, et qui tirent la Déesse de son long sommeil,
elle, la représentation de la « légitimité et de l’aspect bénéfique du pouvoir
des femmes ».
Elle n’est pas définie comme un ensemble
d’attributs, celles qui participent à son retour parlent plutôt de bonheur
créatif, de fructification du cœur et l’esprit.
L’image de la Déesse inspire les femmes, les
aide à se sentir divines, ressentir leur corps comme sacré, leurs règles comme
une bénédiction, les agressions comme un bienfait, la colère comme un moyen de
se nettoyer, et leur pouvoir, qu’elles peuvent, selon le cas, maîtriser, ou
laisser exprimer son côté destructeur, comme la grande force qui est source de
vie.
A travers la Déesse les femmes peuvent
découvrir leur force, éclairer leur esprit, accepter leur corps comme étant à
elles seules, et accepter l’existence des sentiments. Elles peuvent s’éloigner
des rôles qui leurs sont dévolus et devenir elles mêmes.
Mais pour les hommes aussi la Déesse est
importante. La contrition des hommes par l’autorité patriarcales de Dieu le
Père est certes moins évidente mais non moins tragique que celle des femmes. Le
symbole de la Déesse permet aux hommes de découvrir et d’intégrer l’aspect
féminin de leur nature, qui est souvent ressenti comme l’aspect le plus
profondément enterré de leur personnalité.
L’amour de tout ce qui vit est l’éthique de
base de la religion de la Grande Déesse. Toute chose vivante doit être respectée
et protégée. Ceci reconnaît toutefois que la vie nourrit la vie, et que parfois
il faut tuer pour survivre, mais il ne faut jamais ôter la vie sans raison.
Cela signifie aussi qu’il faut œuvrer pour la préservation de la diversité
biologique, contre la pollution quelle qu’elle soit, et contre la destruction
des espèces Le monde est une manifestation de la Déesse, mais rien dans cette représentation ne doit pousser à la passivité.
Tout ce qui se passe en ce monde est important.
La Déesse a besoin du soutien des hommes pour
pouvoir s’épanouir pleinement.
L’harmonie qui résulte de l’équilibre entre
les plantes et les animaux, entre l’humain et le divin, n’est pas automatique,
mais elle doit sans cesse être renouvelée, et c’est là qu’interviennent les rituels.
Le travail spirituel, le travail que l’on fait
en soi est le plus efficace, s’il agit main dans la main avec les effets
extérieurs. La méditation au sujet de l’équilibre dans la nature peut être
considérée comme un acte spirituel mais ne le sera pas si elle est le pendant
d’un tas d’ordure que l’on laisserait dans un terrain vague.
La Déesse mère renaît à une nouvelle vie, et
nous pouvons réclamer notre droit fondamental à une profonde et pure joie de
vivre. Nous pouvons ouvrir les yeux et apprendre à accepter que rien ne doit
être protégé de l’emprise de l’Univers, et que rien ne doit être fait à son
encontre, que nous ne craindrons pas d’autre Dieu que le Monde, et que nous
n’obéirons à nul autre.
Seule la Déesse, la Mère, la Spirale
hélicoïdale, qui nous intègre et nous conduit hors de l’acte d’être –naissance,
mort, renaissance – elle dont le rire fait vibrer toute chose, et qu’on ne peut
trouver qu’à travers l’amour : l’amour des arbres et des pierres, du ciel et
des nuages, du parfum des fleurs et du bruissement des vagues, de tout ce qui
rampe et vole et nage et qui se meut ; à travers l’amour de soi, et l’amour
orgasmique, dispensateur de vie et créateur de monde ; chacun de nous est
unique comme l’est un flocon de neige, chacun est sa propre étoile, chacun est
l’enfant, l’amant, l’aimé de la Déesse.
Les pages qui suivent sont construites autour
des éléments qui, à mon avis, parmi tout ce qui a été dit au sujet de la
religion de la Grande Déesse, sont les plus raisonnables.
Les conseils que je donne ne doivent toutefois
pas être suivis tête baissée, il s’agit bien plus d’une ligne de conduite, d’un
air sur lequel on peut aisément improviser.
extrait du livre : La puissance de la Grande Déesse
Chapitre I
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