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dimanche 3 mai 2015

La religion de la Déesse à travers le Monde



Le mythe de la création 
« Avant le commencement, la Déesse dont on ne peut prononcer le nom, flottait dans les profondeurs de la nuit, seule, en quête d’hommages et de respect. Et quand elle plongeait son regard dans le miroir voûté de l’éther, elle reconnaissait sa propre image lumineuse et en tomba amoureuse. Par la puissance qui l’habitait, elle sortit cette image du miroir, s’unit à elle amoureusement et lui donna le nom de « Miria, la merveilleuse ». Son extase s’exprima à travers un chant sur tout ce qui est, qui fut et qui sera, et de ce chant naquit le mouvement, puis les vagues, dont les mouvements lascifs devinrent les sphères et les cercles de tous les mondes. La Déesse fut emplie d’amour, elle s’arrondit et se réchauffa et donna naissance à une pluie d’esprits lumineux, qui se répandirent sur les mondes et devinrent des créatures de chair et de sang. Mais lors de ce grand mouvement Miria fut expulsée, et du fait de cette séparation d’avec la Déesse, elle devint de plus en plus masculine. 


Elle devint d’abord le Dieu bleu, le dieu doux et souriant de l’amour, puis le Dieu vert, celui qui était vêtu de feuilles de vignes, celui qui prenait racine dans la terre, l’esprit de tout ce qui pousse. Finalement elle devint le Dieu Cornu, le chasseur, celui qui est aussi brûlant que le soleil et aussi sombre que la mort. Mais toujours le désir le ramenait à la Déesse, il tournait autour d’elle, espérant, toujours, retrouver son amour. Toute chose trouve son origine dans l’amour, tout cherche à retourner à cet amour. L’amour est loi, l’amour est mère de la sagesse, la grande manifestation des mystères. »  (transmission orale issue de la tradition féri de la croyance sorcière) 

Ce mythe montre clairement l’étonnement vis à vis du monde qui est divin et du divin qui est le monde. Au début la Déesse est le tout, la vierge, autrement dit, se suffisant à elle-même. Elle est nommée « déesse », mais elle pourrait aussi bien être « dieu » car son existence n’est pas sexuée. Il n’y a ni séparation, ni scission, rien que l’unité originelle. Mais l’aspect féminin est mis en avant car il y a une naissance dans le processus de la création. Le monde est « mis au monde », il n’est pas créé. 

La Déesse voit son reflet dans le miroir de l’éther ce qui pourrait être considéré comme un regard magique dans la représentation de l’univers, dans le domaine tordu de la physique moderne. Le miroir est un ancien attribut de la Déesse, affirme Robert Graves, dans sa représentation en tant que « ancienne déesse païenne de la mer, Marian…, Miriam, Mariamne, Myrrhine, Myrtea, Maria ou Marina, protectrice des écrivains et des amoureux, et fière mère des cupidons …. Marian est souvent représentée comme étant une sirène…. La représentation conventionnelle de la sirène –une très belle jeune femme, avec une queue de poisson, un miroir rond et un peigne en or- signifie « la Déesse de l’amour vient de la mer ». 

Il y a une autre symbolique du miroir : le reflet dans le miroir est une image inversée, identique, mais opposée, la polarité inverse. Ce reflet exprime le paradoxe : toutes choses sont un, et pourtant chaque chose est unique, individuelle par rapport à elle-même. Les religions orientales ont surtout retenu la première partie du paradoxe, et partent du principe que toute chose ne font qu’un et que l’individualité n’est qu’illusion. Les religions occidentales prônent plutôt l’individualité et pensent en général que le monde est fait d’une multitude de choses uniques. La vision occidentale encourage l’effort individuel, et l’engagement individuel dans le monde. La vision orientale prône le recul, la contemplation et la compassion. Dans la religion de la grande Déesse on trouve ces deux façons de voir. Elles se font face et se complètent. Elles ne sont pas contradictoires. Le monde fait de multiplicité est le reflet de l’unité, et l’unité est le reflet de la myriade d’individualités. Nous sommes tous des atomes de la même énergie, et pourtant chaque atome est unique dans son aspect, et dans son apparence. La Déesse tombe amoureuse d’elle-même, et exprime sa propre luminosité, qui acquerra une vie propre. L’amour ce ceux qui se ressemblent est la force créatrice de l’univers. Le désir est l’énergie primitive, et cette énergie est érotique : la force d’attraction entre celui qui aime et celui qui est aimé, entre les étoiles et les planètes, entre l’électron et le proton. L’amour est la glaise qui fait s’unir le monde. 

Eros, l’aveugle, devient Amour, le bon. D’après Joseph Campbell, il s’agirait là plus d’un aspect individuel et personnel que de l’amour du prochain, Agape, ou de l’appétit sexuel. Le reflet de la déesse sort d’elle-même et reçoit un nom. L’amour n’est pas seulement une force dispensatrice d’énergie, il est aussi utile à l’individualisation. Il contrecarre la séparation et pourtant crée l’individualité, il est l’ultime paradoxe. 

Miria, la merveilleuse, est évidemment Marian-Mariam-Mariamne, puis Mari, le côté « pleine lune » de la Déesse. Le sens du bonheur et du ravissement dans le monde naturel est l’essence de la religion de la grande Déesse. Le monde n’est pas une création imparfaite, rien que nous devions fuir. Elle ne demande ni sauvetage ni pardon, mais il semble que chaque jour elle nous donne matière à étonnement. 

L’extase divine devient génératrice de la création, et la création est un processus orgasmique. 

L’extase est le cœur – lors des rituels nous dirigeons le paradoxe de l’intérieur vers l’extérieur et devenons la Déesse, nous partageons la joie originelle de l’unification. 

L’extase conduit à l’harmonie, à la musique des sphères. Le mot musique est l’expression symbolique de la vibration qui est commune à tous les êtres. Les physiciens apprennent que les atomes et les molécules de toutes les matières, depuis le gaz le plus volatile jusqu’au rocher de Gibraltar, sont en perpétuel mouvement. Ce mouvement suit un ordre, qui devient la base de l’harmonie propre de toute existence. La matière chante du fait de sa nature particulière.

La Déesse est de plus en plus emplie d’amour jusqu’à ce qu’elle donne naissance à une pluie d’esprits, qui réveilleront la connaissance dans le monde, comme l’humidité fait que la terre devient verte. La pluie est le sang menstruel, le sang créateur de vie de la Lune, tout comme la perte des eaux annonce la naissance, la restitution extatique de la vie. 

Le mouvement et les vibrations deviennent si forts que Miria est expulsée. Plus elle s’éloigne du point central de l’unification, et plus elle sera fortement polarisée, différentiée et masculinisée. La Déesse s’est auto-projetée, son moi projeté devient l’autre, le contraire, qui cherchera sans cesse à se réunifier. C.G Jung dirait qu’elle a projeté son âme masculine, son animus. La différenciation éveille le désir, qui va à l’encontre de la force de projection. Le champ de forces du cosmos se polarise et devient le conducteur de forces qui agissent en sens contraire. Cet ensemble est considéré comme champ énergétique, qui est polarisé par deux puissantes forces –le masculin et le féminin, la Déesse et le Dieu, qui se font fasse sous leur plus puissant aspect. Toutefois nous devons distinguer ce concept de polarité de notre représentation culturelle du masculin et du féminin. La puissance masculine et la puissance féminine sont certes différentes, mais dans le fond elles ne le sont pas : elles sont la même force qui va dans des directions différentes mais qui peuvent se réunir. 

On peut décrire les forces de la façon suivante : aucune n’est active ou passive, sombre ou lumineuse, sèche ou humide, au lieu de cela chacune est tout cela à la fois. L’aspect féminin est considéré comme force créatrice de vie, comme pouvoir de la révélation, de l’énergie, qui s’écoule dans le monde pour y trouver une forme. L’aspect masculin est considéré comme puissance de la mort, dans son sens positif et non négatif, la force de la restriction, qui est l’opposé nécessaire de la création débridée, la force de la dissolution, le retour à la non-forme. Chaque principe contient l’autre. La vie conduit à la mort, nourrit la mort ; la mort contient la vie, rend l’évolution possible, ainsi que la nouvelle création. Les deux font partie du même cycle, dépendant l’une de l’autre. 

L’existence est le résultat du va et vient, des deux courants changeants et parfaitement équilibrés. La puissance de mort due aux guerres ou aux homicides est incontrôlée. Mais, pris ensemble ils sont générateurs d’harmonie vitale, de perfection cyclique, comme on peut l’observer dans le rythme des saisons, dans l’équilibre écologique de la nature, et dans le cycle de la vie, depuis la naissance jusqu’à la mort, puis à la renaissance, en passant par la sagesse et la vieillesse. 

La mort n’est pas la fin. C’est un stade du cycle, qui conduit à la renaissance. Après la mort l’âme reste dans le « pays de l’été » au pays de l’éternelle jeunesse, où elle est rajeunie et rénovée pour préparer son retour. La renaissance est un immense cadeau de la part de la Déesse, qui est manifeste dans le monde réel. La vie et le monde ne sont pas séparés de la Déesse, mais sont partie intégrante de la divinité. La vie est quelque chose de merveilleux. L’âge est une partie naturelle et très appréciée du cycle de la vie, c’est le temps de la plus grande sagesse, du plus grand savoir. Evidemment la maladie cause des souffrances, mais il ne faut pas la considérer comme inévitable. Dans la pratique l’art de guérir, la médecine par les plantes et l'aide à la naissance sont liées. Même la mort n’est pas effrayante. Il n’est que la disparition de l’enveloppe physique, qui permet à l’âme de se préparer pour une nouvelle vie. Oui, la peine et la douleur existent, elles font partie de l’apprentissage, et doivent être amoindries grâce à un travail acharné. Car la douleur est une part normale du devenir et de notre passage, elle sera adoucie par la compréhension et l’acceptation, par le don de la lumière et des ténèbres en échange. 

La polarité entre masculin et féminin ne devrait pas être considérée comme modèle valable pour les êtres mâles et femelles. Dans chaque être les deux principes sont présents, nous sommes tout autant masculin que féminin. Etre complet signifie vivre avec ces deux forces, la création et la destruction, la croissance et la limitation. L’énergie engendrée par le courant de ces forces coule en chacun de nous. A travers les rituels et la méditation on peut les dissocier et les exprimer de telle sorte qu’elles vibrent à l’unisson avec d’autres. Le sexe, par exemple, est bien plus que l’acte d’union de deux corps, il est un courant polarisé entre deux êtres humains. 

Le principe masculin est pratiquement considéré comme étant androgyne (hermaphrodite) : l’enfant, le dieu bleu de l’amour, joueur de flûte. Son image est étroitement liée à celle du Dieu Bleu, le Moi divin, qui est également androgyne. Tendre jeunesse, fils bien-aimé, il n’est jamais sacrifié. 

L’aspect vert est le Dieu de la végétation, l’esprit des blés, les épis qui sont coupés et semés à nouveau, la semence, qui meurt à chaque récolte et qui à chaque printemps renaît. 

Le Dieu Cornu, qui dans l’esprit conventionnel est la projection masculine de la Déesse, est le chasseur éternel, mais aussi l’animal, qui est chassé. Il est l’animal sauvage qui est sacrifié, pour que la vie des hommes puisse continuer. Mais il est aussi le sacrificateur qui fait couler le sang. On voit en lui le soleil, qui inlassablement poursuit la lune dans le ciel. Les phases montantes et descendantes du soleil au fil des saisons symbolisent le cycle vie et mort, devenir et disparition, séparation et retour. 

Déesse et Dieu, principes masculin et féminin, naissance et mort, vibrent sur leur voie, impérissables et toujours en mouvement. La polarité, la force qui unifie l’univers, est l’amour, individuel, érotique, transcendant. Le monde n’a pas été créé brusquement à un moment précis. La création se fait à chaque instant et s’inclut dans le cycle de l’année. 



La roue de l’année 

En amour, le Dieu Cornu cherche toujours la Déesse, sous diverses formes et avec divers visages. Dans notre monde la quête apparaît dans le cycle de l’année. 

Elle est la grande mère, qui le fait naître, enfant soleil, au solstice d’hiver. Au printemps il est le semeur et la semence, et pousse dans la lumière croissante, vert comme les jeunes pousses. Elle est la prêtresse. Elle l’initie aux mystères. Il est le jeune taurillon. Elle est la nymphe, la séductrice. 

En été, quand le jour est le plus long, ils s’unissent et la puissance de leur passion contient le monde. Mais la figure du Dieu devient moins nette au fur et à mesure que le soleil s’affaiblit, jusqu’à ce qu’enfin il se sacrifie lui-même, quand le blé est récolté, pour que chacun puisse être nourri. 


Elle est celle qui moissonne, le ventre de la terre, celle à laquelle tout doit retourner. Durant les longues nuits et les jours sombres il repose dans son corps. En rêve il est le maître de la mort qui règne sur le pays de la jeunesse, à l’Est des portes du jour et de la nuit. Sa sombre tombe devient le chaudron de la renaissance, car au milieu de l’hiver elle lui donne naissance à nouveau. Le cycle prend fin et recommence à nouveau, et la roue de l’année tourne et tourne encore. 

Les rituels des 8 fêtes solaires découlent directement du mythe de la roue de l’année. 

La Déesse se manifeste à travers ses trois aspects : La jeune fille, qui fait d’elle la gardienne vierge de la naissance et de l’initiation ; la nymphe qui est la tentatrice sexuelle, l’amante, la sirène, la séductrice ; la vieille qui fait d’elle le côté le plus sombre de la vie, qui génère la mort et le sacrifice. Le Dieu est fils, frère, amant, qui deviendra son propre père : la victime éternelle, à qui on redonne éternellement vie. 


La religion de la Grande Déesse dans le monde fait avant tout ressortir la vie. Le cosmos est un champ de forces polarisé. La polarité que nous nommons Dieu et déesse, crée le courant, qui est à la base des changements dans les saisons, et des mouvements des astres, de l’harmonie dans la nature, et de l’évolution dans la vie des êtres humains. Nous admettons le jeu des forces en présence de deux façons : la vision intégrale de la lumière des étoiles pour l’hémisphère droit du cerveau, et l’instinctif, au même titre que ce que l’on sait par analyse pour l’hémisphère gauche. 

La communication entre le su et l’instinctif, entre le soi qui s’exprime et le soi enfantin, et entre ce dernier avec le moi divin, l’esprit, dépend de notre sincérité par rapport aux deux modes de perception. 

Les notions verbales doivent être transposées en images ou symboles. Les images intuitives doivent être placées à la lumière de la connaissance. A travers une communication ouverte nous pouvons être à l’unisson du cycle de la nature, de l’unisson primordiale extatique, qui est la force de la création. Cette mise au diapason exige un sacrifice : être prêt à changer, accepter de ne pas rester bloqué à un point de la roue, mais d’aller de l’avant. Mais ce sacrifice n’implique pas de souffrance, et la vie, sous tous ses aspects, lumière et ténèbres, croissance et disparition, est un immense cadeau. Dans un monde, où la danse érotique du Dieu et de la Déesse est la trame rayonnante de toute chose, nous, qui nous abandonnons à leur rythme, nous serons bouleversés par le miracle et le mystère de l’existence. 



extrait du livre : La puissance de la Grande Déesse Chapitre II

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