Le choix de cet insecte comme symbole de la
féminité remonte aussi loin que la période néolithique. Il représentait la
déesse minoenne de la vie et de la fécondité, rappelant par la forme de ses
ailes les lèvres de l'orifice vaginal féminin. Chez les Aztèques, il
symbolisait la végétation et la fécondité, de même qu'une espèce précise le
représentait en divinité présidant aux rites en rapport avec les femmes et les
fleurs. Le papillon était associé à l'âme ainsi qu'au feu de l'esprit et de la
renaissance. La mue de la chenille en papillon était regardée comme métaphore
du concept de vie après la mort, d'abandon du corps terrestre pour une forme
nouvelle et plus belle.
Dans le légendaire irlandais, la vierge Etain, jalousée
par une rivale en amour, fut changée en papillon et voyagea de par le monde
sous cette apparence jusqu'à ce qu'elle renaisse sous une forme humaine. On
l'associait aussi au feu, et le mot gaélique désignant le tissu allumant les
feux de la communauté à partir du feu de joie cérémoniel était le même que
celui employé pour « papillon ». Comme c'est le cas pour d'autres
représentations féminines, on l'associait à la lune compte tenu de la courbure
de ses ailes rappelant les croissants de cet astre en phase ascendante et
descendante ; l'art de Minos a d'ailleurs stylisé cette forme par la suite pour
aboutir à la hache à double tranchant, ou labrys.
Beaucoup de divinités lunaires sont également
assimilées à des oiseaux et à la colombe en particulier qui est depuis
longtemps associée au féminin divin et à la lune. Elle symbolisait Ishtar,
Astarte, Inanna, Rhea, Déméter, Perséphone, Vénus, Aphrodite, Isis et, plus
tard, le Saint Graal. On la retrouve aussi dans l'iconographie de la Vierge
Marie. Elle représentait la reine des cieux, de même que la féminité, la douceur,
l'amour, la sexualité, la spiritualité, la sagesse et la paix. Image de la
clarté lunaire, elle apportait au monde sagesse et inspiration. Selon la
tradition gnostique, Sophie ou la « Sagesse Sacrée » de Dieu, était représentée
par une colombe dont on pensait qu'elle apportait sur la terre la lumière de la
mère céleste. Au Moyen-Age, l'art chrétien s'en servait pour symboliser le
Saint-Esprit, aussi les tableaux de l'Annonciation et du baptême du Christ la
représentent-ils planant respectivement au-dessus des têtes de Marie et de
Jésus. On l'associait aussi à l'Arbre-lune puisqu'elle était posée sur une de
ses branches. Une image analogue se retrouve dans les peintures la montrant sur
la chevelure d'une divinité lunaire. La figure emblématique de la vie régénérée
pour Ishtar et Athéna représentait la colombe tenant un rameau d'olivier dans
son bec et l'offrant. Sacrées aux yeux des divinités, les tourterelles
l'étaient également pour les Parques, car elles symbolisaient le rapport entre
les oiseaux et les pouvoirs lunaires qu'étaient la prophétie et l'oracle.
L’oracle antique de Dodona était un chêne habité par un groupe de colombes
assistées de nombreuses prêtresses portant elles-mêmes le nom de « colombes ».
Il était prononcé par le chant des oiseaux, le son produit par leur bruissement
dans les feuilles ou par leurs battements d'ailes en vol. les tableaux
représentant l'Annonciation montrent parfois une colombe tournant la tête vers
l'oreille de Marie, comme si elle lui dévoilait son destin. Cet oiseau symbolisait
la facette de la lune qui dispensait vie et amour, la faculté que possède le
caractère féminin de réconcilier dans l'harmonie l'âme et la conscience,
l'humanité et la nature, la voix intérieure de la sagesse et l'intuition.
EXTRAIT
de "Les forces du cycle féminin" de Miranda Gray
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