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mardi 9 juin 2015

GUERIR LA DIVISION CORPS / ESPRIT



La célébration des Mystères Féminin est la réappropriation et la sacralisation de notre voyage au travers des Cinq Mystères de Sang de la Féminité : notre naissance, os premières menstruations, notre premier accouchement, notre ménopause, et notre mort. Bien que ces Mystères du Sang soient des événements physiologiques naturels, ces passages ont été négligés, rabaissés, et déshonorés par un déni culturel du sang utérin des femmes et par les religions oppressives dominées par des hommes. De nombreuses femmes ne se rendent même pas compte que l’on nous a privées des occasions de connexions spirituelles profondes par la célébration respectueuse de nos changements corporels.

Sous l’égide du patriarcat, les femmes n’ont pas le droit de vivre consciemment lors cycles utérins. Nous sommes obligées par la culture, la religion et l’économie d’adopter une structure artificielle pour nos vies ; en limitant et niant ce que nous ressentons physiquement, émotionnellement et para-psychologiquement pendant nos menstruations, grossesses, accouchements, et ménopause. Dans notre culture patriarcale, les cycles naturels du sang utérin sont qualifiés de sales, impurs, honteux, si toutefois ils sont abordés.

Dans d’autres cultures et à d’autres époques, quand les femmes savaient leurs règles, elles s’éloignaient de leurs routines quotidiennes et de leurs contraintes pour s’immerger dans leur expérience de menstruation. Craignant le pouvoir du sang féminin, les cultures et religions à domination masculine ont refusé aux femmes ce droit essentiel à honorer notre nature cyclique, ou alors, elles ont reformulé la solitude des femmes en la prétendant nécessaire en raison de leur "impureté" naturelle lors de ces périodes. Les mères enseignent à leurs filles à cacher les signes de leur cycle mensuel. Après des années à garder ce secret, la plupart des femmes vivent la ménopause dans le silence, la dépression et l’isolement. Pour casser ce modèle de mensonges et de secrets, les femmes reviennent à la célébration de passages uniquement féminins.

Pour les femmes qui réclament notre héritage ancestral de la Déesse et ce droit inaliénable, ces transitions deviennent la partie la plus sacrée et la plus spirituelle de nos vies.

Il n’est pas facile d’être la femelle sous le patriarcat. Le temps lui-même est découpé en fonction de la productivité masculine, leurs plans, et leur sensibilité. L’adaptation à la semaine de travail linéaire n’est tout simplement pas compatible avec les cycles lunaires du corps des femmes. Nous nous détestons d’être femme parce que cela nous pose des problèmes pour nous qui vivons en patriarchie. Chaque femme, et chaque animal femelle en vie, saigne selon son propre cycle. Ceci est l’essence même de la femme. Nous saignons suivant les cycles de la lune ; nos marées intérieures montent et refluent. Pourtant beaucoup de femmes éprouvent de l’ennui face à cet élément essentiel. Imaginez ce que pourrait être la vie si les femmes étaient encouragées à éprouver totalement leurs cycles naturels. Si nous vivions dans un monde où une tache de sang de menstruation sur votre jupe ou vos pantalons ne serait pas une cause d’embarras, d’humiliation, ou de honte ?

Imaginez un monde où les femmes seraient soutenues, et même honorées pour leur capacité à saigner régulièrement et abondamment sans être malade ou mourante – chose dont aucun homme n’est capable.

Les corps féminins étaient et sont encore considérés comme maléfiques et inférieurs à Dieu, comme le reste du monde matériel. La philosophie religieuse patriarcale prêche que la terre est une "vallée de larmes" une sorte d’étape avant les joies promises de l’autre vie. De tels concepts jouent un grand rôle dans la création d’un monde de souffrance, en encourageant l’acceptation résignée des conditions de vie pitoyables que les êtres humains se créent pour eux-mêmes, pour les autres créatures, et pour l’environnement.

Le mot "patriarcat" signifie "la loi des pères", et décrit les structures politiques, dominantes et mondiales dans lesquelles nous vivons. Le mot "patriarcat" est là pour définir un système politique, religieux et économique de dominance et de subordination, institutionnalisé et auto-entretenu, dont les manifestations sont le racisme, le sexisme, les classes sociales, la dictature de l’apparence, l’homophobie, la violence envers les femmes et les enfants, et enfin la destruction de la nature.

Le patriarcat est une façon de penser qui imprègne notre état d’esprit et notre comportement, consciemment et inconsciemment. C’est l’eau polluée dans laquelle nous nageons tous ensemble.

Le patriarcat est le paradigme de notre monde, le filtre avec lequel nous voyons et éprouvons la vie comme si elle était compartimentée et disjointe, au lieu d’une totalité d’éléments interdépendants. Jusqu’à ce que nous prenions conscience que le patriarcat est un système interne et externe, et que nous cherchions à guérir de ses effets, nous continuerons à penser et à nous comporter en fonction de ce paradigme patriarcal. Les rituels féminins contemporains cherchent à éloigner notre conscience du conditionnement patriarcal en rétablissant la valeur de la vie des femmes et en réaffirmant une vision du monde égalitariste basée sur une relation respectueuse et harmonieuse entre tous et toutes, ainsi qu’avec la nature.

Quand l’expérience spirituelle investit les femmes qui participent à un rituel, un objectif fondamental de la tradition Dianique se réalise : la re-sacralisation du corps féminin comme manifestation de la Déesse, la Source dont tout provient, et à qui tout retourner. Les lesbiennes et les femmes bisexuelles qui peuvent avoir besoin de guérir de leur homophobie intériorisée ainsi que les autres aspects de la misogynie, peuvent connaître une transformation positive dans une tradition spirituelle où le corps d’une femme qui aime les femmes est sacré.

A travers l’expérience spirituelle manifestée de la Déesse, les femmes hétérosexuelles peuvent guérir de la misogynie et de l’homophobie intériorisée, découvrir plus d’amour de soi, et aussi plus d’amour et de reconnaissance pour toutes les autres femmes, compassion, et pouvoir personnel.


Riane Eisher, auteure de The chalise and the blade and secred pleasure (le Calice la Lame et le Plaisir Sacré).

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