La
célébration des Mystères Féminin est la réappropriation et la sacralisation de
notre voyage au travers des Cinq Mystères de Sang de la Féminité : notre
naissance, os premières menstruations, notre premier accouchement, notre
ménopause, et notre mort. Bien que ces Mystères du Sang soient des événements
physiologiques naturels, ces passages ont été négligés, rabaissés, et
déshonorés par un déni culturel du sang utérin des femmes et par les religions
oppressives dominées par des hommes. De nombreuses femmes ne se rendent même
pas compte que l’on nous a privées des occasions de connexions spirituelles
profondes par la célébration respectueuse de nos changements corporels.
Sous
l’égide du patriarcat, les femmes n’ont pas le droit de vivre consciemment lors
cycles utérins. Nous sommes obligées par la culture, la religion et l’économie
d’adopter une structure artificielle pour nos vies ; en limitant et niant
ce que nous ressentons physiquement, émotionnellement et para-psychologiquement
pendant nos menstruations, grossesses, accouchements, et ménopause. Dans notre
culture patriarcale, les cycles naturels du sang utérin sont qualifiés de
sales, impurs, honteux, si toutefois ils sont abordés.
Dans
d’autres cultures et à d’autres époques, quand les femmes savaient leurs
règles, elles s’éloignaient de leurs routines quotidiennes et de leurs
contraintes pour s’immerger dans leur expérience de menstruation. Craignant le
pouvoir du sang féminin, les cultures et religions à domination masculine ont
refusé aux femmes ce droit essentiel à honorer notre nature cyclique, ou alors,
elles ont reformulé la solitude des femmes en la prétendant nécessaire en
raison de leur "impureté" naturelle lors de ces périodes. Les mères
enseignent à leurs filles à cacher les signes de leur cycle mensuel. Après des
années à garder ce secret, la plupart des femmes vivent la ménopause dans le
silence, la dépression et l’isolement. Pour casser ce modèle de mensonges et de
secrets, les femmes reviennent à la célébration de passages uniquement
féminins.
Pour les
femmes qui réclament notre héritage ancestral de la Déesse et ce droit
inaliénable, ces transitions deviennent la partie la plus sacrée et la plus
spirituelle de nos vies.
Il n’est
pas facile d’être la femelle sous le patriarcat. Le temps lui-même est découpé
en fonction de la productivité masculine, leurs plans, et leur sensibilité.
L’adaptation à la semaine de travail linéaire n’est tout simplement pas
compatible avec les cycles lunaires du corps des femmes. Nous nous détestons
d’être femme parce que cela nous pose des problèmes pour nous qui vivons en
patriarchie. Chaque femme, et chaque animal femelle en vie, saigne selon son propre
cycle. Ceci est l’essence même de la femme. Nous saignons suivant les cycles de
la lune ; nos marées intérieures montent et refluent. Pourtant beaucoup de
femmes éprouvent de l’ennui face à cet élément essentiel. Imaginez ce que
pourrait être la vie si les femmes étaient encouragées à éprouver totalement
leurs cycles naturels. Si nous vivions dans un monde où une tache de sang de
menstruation sur votre jupe ou vos pantalons ne serait pas une cause
d’embarras, d’humiliation, ou de honte ?
Imaginez
un monde où les femmes seraient soutenues, et même honorées pour leur capacité
à saigner régulièrement et abondamment sans être malade ou mourante – chose
dont aucun homme n’est capable.
Les
corps féminins étaient et sont encore considérés comme maléfiques et inférieurs
à Dieu, comme le reste du monde matériel. La philosophie religieuse patriarcale
prêche que la terre est une "vallée de larmes" une sorte d’étape
avant les joies promises de l’autre vie. De tels concepts jouent un grand rôle
dans la création d’un monde de souffrance, en encourageant l’acceptation
résignée des conditions de vie pitoyables que les êtres humains se créent pour
eux-mêmes, pour les autres créatures, et pour l’environnement.
Le mot
"patriarcat" signifie "la loi des pères", et décrit les
structures politiques, dominantes et mondiales dans lesquelles nous vivons. Le
mot "patriarcat" est là pour définir un système politique, religieux
et économique de dominance et de subordination, institutionnalisé et
auto-entretenu, dont les manifestations sont le racisme, le sexisme, les
classes sociales, la dictature de l’apparence, l’homophobie, la violence envers
les femmes et les enfants, et enfin la destruction de la nature.
Le
patriarcat est une façon de penser qui imprègne notre état d’esprit et notre
comportement, consciemment et inconsciemment. C’est l’eau polluée dans laquelle
nous nageons tous ensemble.
Le
patriarcat est le paradigme de notre monde, le filtre avec lequel nous voyons
et éprouvons la vie comme si elle était compartimentée et disjointe, au lieu
d’une totalité d’éléments interdépendants. Jusqu’à ce que nous prenions
conscience que le patriarcat est un système interne et externe, et que nous
cherchions à guérir de ses effets, nous continuerons à penser et à nous
comporter en fonction de ce paradigme patriarcal. Les rituels féminins
contemporains cherchent à éloigner notre conscience du conditionnement
patriarcal en rétablissant la valeur de la vie des femmes et en réaffirmant une
vision du monde égalitariste basée sur une relation respectueuse et harmonieuse
entre tous et toutes, ainsi qu’avec la nature.
Quand
l’expérience spirituelle investit les femmes qui participent à un rituel, un
objectif fondamental de la tradition Dianique se réalise : la
re-sacralisation du corps féminin comme manifestation de la Déesse, la Source
dont tout provient, et à qui tout retourner. Les lesbiennes et les femmes
bisexuelles qui peuvent avoir besoin de guérir de leur homophobie intériorisée
ainsi que les autres aspects de la misogynie, peuvent connaître une
transformation positive dans une tradition spirituelle où le corps d’une femme
qui aime les femmes est sacré.
A travers l’expérience spirituelle manifestée de
la Déesse, les femmes hétérosexuelles peuvent guérir de la misogynie et de
l’homophobie intériorisée, découvrir plus d’amour de soi, et aussi plus d’amour
et de reconnaissance pour toutes les autres femmes, compassion, et pouvoir
personnel.
Riane Eisher, auteure de The chalise and the blade
and secred pleasure (le Calice la Lame et le Plaisir Sacré).
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