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samedi 3 octobre 2015

Matrice, source sacrée


Thérapeute et animatrice de cercles de femmes, Catherine Oberlé nous rappelle la méconnaissance et le mystère de l’utérus. Elle souligne combien les mémoires contenues dans la matrice sont nombreuses et l’importance d’une reconnexion à cet espace sacré pour se libérer et s’ouvrir au vivant.



De tout temps l’utérus, matrice divine et puissante est un mystère pour l’être humain. Longtemps diabolisé par le corps médical, on l’a accusé de rendre les femmes hystériques, possédées par le diable. D’ailleurs le mot hystérique vient du grec « hystera » qui veut dire matrice, utérus. Dans l’Egypte antique, on affirmait que l’utérus était autonome et se déplaçait dans le corps de la femme. Il était comparé à un animal, qui, en se déplaçant, comprimait sur son passage certains organes comme le cœur ou les poumons, provoquant des étouffements, des sueurs, des malaises. Pour le persuader de reprendre sa place au niveau du pelvis, il fallait le tromper, le séduire. Les remèdes des prêtres-médecins de cette époque consistaient à faire ingérer des potions nauséabondes ou respirer des odeurs putrides à la patiente, ou encore, à lui envoyer dans le sexe des fumées délicatement parfumées qui étaient supposées attirer l’utérus et le ramener à sa bonne position.

Pour Hippocrate, il était toujours question de migration de l’utérus, mais, cette fois-ci, on imaginait une migration jusqu’au cerveau, et d’après lui, la migration était liée à une privation de rapports sexuels, et par le besoin de la femme d’être fécondée. Plus récemment, Paracelse médecin suisse du 16ème siècle, désignait la matrice comme un organe « magnétique et électrique » créé par Dieu pour attirer la semence.
On voit à quel point cette matrice a pu intriguer les hommes. N’ayant aucune compréhension de cet organe spécifiquement féminin, mystérieux et inquiétant, ils ont, pendant longtemps, vécu dans la peur face à cette matrice qu’ils ne savaient pas contrôler et qui semblait déclencher toutes sortes de maux, essentiellement liés à la sexualité. De nos jours, cette matrice garde encore quelques secrets bien enfouis. Donneuse de vie et parfois de mort, elle possède une mémoire qui lui est propre, trace de qui nous sommes, d’où nous venons, de notre « identité ancestrale » identité qui, au-delà des gènes, sera imprimée dans nos cellules.

Lorsque l’âme choisit de s’incarner dans un corps, elle choisit le couple, elle choisit également la matrice dans laquelle elle va s’incarner et l’histoire familiale qui y est associée, cette « identité ancestrale » dont le fœtus sera imprégné par son passage dans la matrice. C’est dans cette matrice qu’il va s’imprégner des mémoires de sa lignée, qu’il va connaître l’histoire de ses ancêtres. Transmission qui s’effectue par nos cellules et par des sens subtils. Il ne s’agit pas d’informations données par nos sens classiques : vue, ouïe, odorat… mais d’informations qui sont au centre de nos cellules, de notre noyau, de notre « être », qui sont du domaine de l’invisible, de l’inconscient. C’est au sein de cette matrice que l’enfant va se développer, et grandir, et c’est aussi là qu’il va imprimer ses premiers souvenirs à lui, et parfois même ses premiers traumas.

Son passage dans la matrice lui laissera une trace unique et indélébile, sa première mémoire. Mais cette matrice est également source de plaisir et lieu de rencontre du féminin et du masculin. C’est là, que les énergies yin et yang se rencontrent, qu’elles s’accordent et s’équilibrent. Quand la femme accueille l’homme dans son ventre, elle accueille l’énergie yang, elle se laisse pénétrer par elle. Par cet acte, elle permet aux deux énergies de se retrouver et de s’unir en elle.

Elle permet à l’homme d’être dans sa puissance d’Homme, la puissance du don, tout en étant elle, dans sa puissance de Femme, la puissance de l’accueil. Elle devient, à travers sa matrice, le réceptacle de cette union, le calice dans lequel le nectar sera versé et dont elle pourra se nourrir. C’est en prenant conscience de la beauté de cet acte, de la source de vie et d’énergie que j’ai en moi, que j’ai pris conscience de l’importance de cette matrice. Non seulement par la vie qu’elle a donnée, les enfants qu’elle a portés mais aussi par son histoire, ses souffrances et ses douleurs.

C’est une matrice qui du fond des temps transmet l’histoire de notre famille, de génération en génération, de femme en femme. Toute notre histoire de femmes y est inscrite, tous les traumas de la lignée des femmes y sont présents : viols, abus, inceste, avortements, fausses couches, maladies… C’est la mémoire du corps, du temps, de nos cellules qui y est attachée. C’est en prenant conscience de la puissance de cette matrice, de son rôle fondamental dans notre histoire de femme, que nous pouvons nous libérer de ces mémoires et nous réapproprier notre corps et son histoire. Cette matrice nous lègue les mémoires émotionnelles de nos ancêtres, imprimées au plus profond de nous, c’est elle qui détient les clés pour les dénouer. Elle est amie de l’invisible, de l’inconscient, du mystère.

- C’est en pratiquant la guérison intérieure, guérison de l’âme et du corps, que la femme pourra retrouver sa source intérieure, source sacrée entre toutes. - C’est en se connectant à cette source sacrée qu’elle pourra ressentir la joie universelle et s’incarner pleinement. 

Et c’est en incarnant son « être femme », et en contactant son « essentiel », qu’elle pourra rayonner.

 C’est en se libérant, qu’elle pourra habiter pleinement son corps, trouver sa puissance et sa joie. En tant que femme, je me sens vivante quand mon utérus est vivant Un utérus vivant est un utérus qui vibre, qui frémit, qui respire Je me sens vivante quand, grâce à lui, je sens une chaleur me parcourir et m’éveiller Je me sens vivante quand je fais l’amour et qu’une vague de plaisir venu du fond de mon utérus me transporte et me chavire Je me sens vivante lorsque je respire à travers lui, que des spasmes de bonheur m’accompagnent et me bercent Je me sens vivante quand je me sens reliée à mon être essentiel.

 Et même si mon utérus n’est plus, je sais que l’énergie de la matrice est toujours présente en moi, c’est elle qui me connecte à ma femme intérieure, à ma source sacrée.



Catherine Oberlé Gestalt-Thérapeute Animatrice de Cercles de Femmes - www.feminisens.com  Rêve de Femmes - Automne 2011

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