Thérapeute et animatrice de cercles de femmes, Catherine
Oberlé nous rappelle la méconnaissance et le mystère de l’utérus. Elle souligne
combien les mémoires contenues dans la matrice sont nombreuses et l’importance
d’une reconnexion à cet espace sacré pour se libérer et s’ouvrir au vivant.
De tout temps l’utérus, matrice divine et puissante est
un mystère pour l’être humain. Longtemps diabolisé par le corps médical, on l’a
accusé de rendre les femmes hystériques, possédées par le diable. D’ailleurs le
mot hystérique vient du grec « hystera » qui veut dire matrice, utérus. Dans
l’Egypte antique, on affirmait que l’utérus était autonome et se déplaçait dans
le corps de la femme. Il était comparé à un animal, qui, en se déplaçant,
comprimait sur son passage certains organes comme le cœur ou les poumons,
provoquant des étouffements, des sueurs, des malaises. Pour le persuader de
reprendre sa place au niveau du pelvis, il fallait le tromper, le séduire. Les
remèdes des prêtres-médecins de cette époque consistaient à faire ingérer des
potions nauséabondes ou respirer des odeurs putrides à la patiente, ou encore,
à lui envoyer dans le sexe des fumées délicatement parfumées qui étaient
supposées attirer l’utérus et le ramener à sa bonne position.
Pour Hippocrate, il était toujours question de migration
de l’utérus, mais, cette fois-ci, on imaginait une migration jusqu’au cerveau,
et d’après lui, la migration était liée à une privation de rapports sexuels, et
par le besoin de la femme d’être fécondée. Plus récemment, Paracelse médecin
suisse du 16ème siècle, désignait la matrice comme un organe « magnétique et
électrique » créé par Dieu pour attirer la semence.
On voit à quel point cette matrice a pu intriguer les
hommes. N’ayant aucune compréhension de cet organe spécifiquement féminin,
mystérieux et inquiétant, ils ont, pendant longtemps, vécu dans la peur face à
cette matrice qu’ils ne savaient pas contrôler et qui semblait déclencher
toutes sortes de maux, essentiellement liés à la sexualité. De nos jours, cette
matrice garde encore quelques secrets bien enfouis. Donneuse de vie et parfois
de mort, elle possède une mémoire qui lui est propre, trace de qui nous sommes,
d’où nous venons, de notre « identité ancestrale » identité qui, au-delà des
gènes, sera imprimée dans nos cellules.
Lorsque l’âme choisit de s’incarner dans un corps, elle
choisit le couple, elle choisit également la matrice dans laquelle elle va
s’incarner et l’histoire familiale qui y est associée, cette « identité
ancestrale » dont le fœtus sera imprégné par son passage dans la matrice. C’est
dans cette matrice qu’il va s’imprégner des mémoires de sa lignée, qu’il va
connaître l’histoire de ses ancêtres. Transmission qui s’effectue par nos
cellules et par des sens subtils. Il ne s’agit pas d’informations données par
nos sens classiques : vue, ouïe, odorat… mais d’informations qui sont au centre
de nos cellules, de notre noyau, de notre « être », qui sont du domaine de
l’invisible, de l’inconscient. C’est au sein de cette matrice que l’enfant va
se développer, et grandir, et c’est aussi là qu’il va imprimer ses premiers
souvenirs à lui, et parfois même ses premiers traumas.
Son passage dans la matrice lui laissera une trace unique
et indélébile, sa première mémoire. Mais cette matrice est également source de
plaisir et lieu de rencontre du féminin et du masculin. C’est là, que les
énergies yin et yang se rencontrent, qu’elles s’accordent et s’équilibrent.
Quand la femme accueille l’homme dans son ventre, elle accueille l’énergie
yang, elle se laisse pénétrer par elle. Par cet acte, elle permet aux deux
énergies de se retrouver et de s’unir en elle.
Elle permet à l’homme d’être dans sa puissance d’Homme,
la puissance du don, tout en étant elle, dans sa puissance de Femme, la
puissance de l’accueil. Elle devient, à travers sa matrice, le réceptacle de
cette union, le calice dans lequel le nectar sera versé et dont elle pourra se
nourrir. C’est en prenant conscience de la beauté de cet acte, de la source de
vie et d’énergie que j’ai en moi, que j’ai pris conscience de l’importance de
cette matrice. Non seulement par la vie qu’elle a donnée, les enfants qu’elle a
portés mais aussi par son histoire, ses souffrances et ses douleurs.
C’est une matrice qui du fond des temps transmet
l’histoire de notre famille, de génération en génération, de femme en femme.
Toute notre histoire de femmes y est inscrite, tous les traumas de la lignée
des femmes y sont présents : viols, abus, inceste, avortements, fausses
couches, maladies… C’est la mémoire du corps, du temps, de nos cellules qui y
est attachée. C’est en prenant conscience de la puissance de cette matrice, de
son rôle fondamental dans notre histoire de femme, que nous pouvons nous
libérer de ces mémoires et nous réapproprier notre corps et son histoire. Cette
matrice nous lègue les mémoires émotionnelles de nos ancêtres, imprimées au
plus profond de nous, c’est elle qui détient les clés pour les dénouer. Elle
est amie de l’invisible, de l’inconscient, du mystère.
- C’est en pratiquant la guérison intérieure, guérison de
l’âme et du corps, que la femme pourra retrouver sa source intérieure, source
sacrée entre toutes. - C’est en se connectant à cette source sacrée qu’elle
pourra ressentir la joie universelle et s’incarner pleinement.
Et c’est en incarnant son « être femme », et en
contactant son « essentiel », qu’elle pourra rayonner.
C’est en se
libérant, qu’elle pourra habiter pleinement son corps, trouver sa puissance et
sa joie. En tant que femme, je me sens vivante quand mon utérus est vivant Un
utérus vivant est un utérus qui vibre, qui frémit, qui respire Je me sens
vivante quand, grâce à lui, je sens une chaleur me parcourir et m’éveiller Je
me sens vivante quand je fais l’amour et qu’une vague de plaisir venu du fond
de mon utérus me transporte et me chavire Je me sens vivante lorsque je respire
à travers lui, que des spasmes de bonheur m’accompagnent et me bercent Je me
sens vivante quand je me sens reliée à mon être essentiel.
Et même si mon
utérus n’est plus, je sais que l’énergie de la matrice est toujours présente en
moi, c’est elle qui me connecte à ma femme intérieure, à ma source sacrée.
Francesca du blog http://etredivinaufeminin.blogspot.fr/
Catherine Oberlé Gestalt-Thérapeute Animatrice de Cercles
de Femmes - www.feminisens.com Rêve de Femmes - Automne 2011
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