On me dit que j’ai le retour d’âge.
Vers quoi mon âge s’en retourne-t-il ?
Ménopause...
Elle est là cette période de notre vie vêtue de
connotations plus ou moins effrayantes en tout cas, rarement positives. Comment
passer ce cap ? Comment vivre la perte de notre jeunesse et de tout ce qui se
rattache, comment accomplir ces deuils pour nous ouvrir à autre chose ? Comment
ne pas se recroqueviller mais au contraire étendre nos bras et nos jupes et
danser la danse de la femme sauvage, de “Celle qui sait ?” Comment devenir une
femme mature vibrante ?
La perte du temps cyclique
Avec la fin des menstruations, ce cycle qui
réglait notre vie avec ses multiples, disparaît. Nous étions femmes-lune,
directement reliées au rythme des marées et des maternités et nous voilà, le
ventre sec avec l’impression que cette sécheresse s’étend à toutes les parties
de notre corps.
L’élément eau relié à la lune se retire. Nos
yeux s’assèchent, notre peau et parfois notre sexe.
L’élément feu nous envahit parfois avec ses
bouffées de chaleur qui nous laissent exténuées. Il irradie nos articulations
et accentue cette soudaine impression d’accéder trop vite au rivage de la
vieillesse.
Nous sommes, comme par le coup de baguette
magique d’une vieille fée hostile, devenues quasiment transparentes pour la
gent masculine. Cela augmente notre désarroi.
Femmes qui étions femmes-lune, que devenir ?
Nous devons vivre ce paradoxe ; au moment où
notre corps perd une grande partie de sa séduction (celle de la jeunesse et de
la fécondité), il se rappelle à nous sans cesse et de multiples façons.
Peut-être a-t-il quelque chose à nous dire ?
Peut-être devons-nous commencer à nous voir autrement qu’à travers le regard de
l’autre ?
Ce corps qui sue, s’échauffe, qui a mal et qui
s’angoisse, peut-être a-t-il besoin que nous le considérions autrement, que
nous lui reconnaissions sa noblesse, sa force et sa stature de femme mature. Et
aussi étonnant que cela puisse paraître, cela passe par le fait de reconnaître
sa fragilité. Comme il est terrible le corset psychique que notre époque nous
fait porter : il me semble, lorsque je regarde nos grand-mères, qu’elles
vivaient mieux cette entrée dans l’âge.
Qu’elles n’avaient pas cette suridentification
au corps qui nous caractérise. Les femmes de 40-50 ans avaient le corps des
femmes mûres, c’était ainsi. Elles avaient la fierté d’avoir élevé leurs
enfants, d’avoir survécu aux guerres et autres cataclysmes. Nous, nous ajoutons
à notre image, le calque du corps de la jeune
femme parfaite de 35 ans et détestons tout ce qui dépasse de ce calque.
Nous nous rejetons sans cesse et nous étonnons
d’être rejetées.
Il doit s’agir d’être présente autrement à notre
corps, de le considérer avec bienveillance, de le remercier pour le fait de
contenir notre âme et de cheminer avec nous pendant cette vie qui nous est
donnée.
Pour cela, rejoignons la femme sauvage, cet
archétype instinctuel qui est en chacune de nous et comptons nos blessures de
guerre.
Comptons nos cicatrices ; nos blessures, nos
accouchements, nos avortements, les agressions vécues, les maladies...
Fabriquons-leur un totem, en papier, en carton,
en branchage...
... la suite dans la revue n°18... du magazine
Rêves de Femmes
Marlène Herrero
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire