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samedi 14 novembre 2015

La mère terrible


L'aspect négatif de l'image de la Mère originelle, c'est principalement son caractère dévorant. 

D'après Erich Neumann, les ogres et les ogresses, les monstres de toutes sortes qui menacent les héros des mythes et des légendes ont toujours un lien étroit avec la Grande Déesse Mère. 




Psychologiquement parlant, il est alors question de la force d'attraction que l'inconscient exerce sur le conscient. Comme je l'ai déjà mentionné, toute la vie psychique se joue comme une lutte entre des forces contraires. L'instinct de conservation, qui veut s'assurer que l'individu ne coupera pas le contact avec ses racines et ne se perdra pas dans des attitudes et des comportements inadaptés ou de nature à mettre sa vie en danger, peut entraver son développement et l'emprisonner dans une sorte d'inertie psychique. Dans les mythes, la victoire du Moi sur ces forces menaçantes est symbolisée par la victoire du Héros masculin sur le monstre féminin. 

Dans cette lutte épique, le Héros est supporté par le Père divin spirituel. Ceci signifie, pour Erich Neumann, que les forces psychiques qui soutiennent la formation du Moi individuel, de la conscience personnalisée, ont un caractère masculin, aussi bien chez la femme que chez l'homme. C'est d'ailleurs aussi ce que pense le freudisme en soutenant que c'est le père qui coupe le cordon ombilical qui retient et le fils et la fille à la mère et à l'état d'inconscience et d'irresponsabilité infantile. 

Lorsque le Héros échoue dans son entreprise, comme c'est le cas d'Attis, d'Adonis, de Dionysos, d'Osiris, etc., il meurt dans la fleur de l'âge, castré, démembré, et dévoré par la Grande Mère ou ses suppôts. Cela signifie que l'attraction de l'inconscient a réussi à empêcher le Moi de se former en tout ou en partie. La mort du Moi c'est, ou bien la stagnation dans un état d'inconscience et d'immaturité, ou, dans les cas graves, la psychose. 

La mort du Héros peut cependant signifier le passage par un état ténébreux et souffrant qui sera suivi d'une résurrection, d'un nouvel enfantement. Alors le sein de la Grande Mère devient un vase de transformation.


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