Les symptômes quels
qu’ils soient, que nous ayons incorporé les forces énergétiques de notre
histoire familiale ou que nous tentions de les fuir, celles-ci sont forcément
présentes en nous, et si nous n’en prenons pas conscience, nous y restons
inconsciemment reliées.
La plupart des
troubles fonctionnels ont grandement diminué avec l’apparition de la pilule
puisqu’elle met les ovaires au repos. Comme les hormones de la pilule
remplacent celles que les ovaires devraient secréter, la synergie entre
l’hypophyse et les ovaires est coupée. Les ovaires ne sont donc plus
soumis à l’influence des désarrois psychiques et émotionnels. Ils sont
momentanément mis de côté, et comme la pilule coupe le fil de la procréation,
donc de la succession des générations, l’état de santé des femmes est de ce
fait moins fluctuant. La pilule permet aux femmes de récupérer leur dynamique
personnelle sans être encombrées de l’héritage des générations qui les
précèdent.
Toutefois,
l’intolérance au traitement hormonal n’est cependant pas exceptionnelle. Dans
ce cas, le surplus hormonal que constitue la pilule ne fait qu’accentuer leurs
troubles. Elles ont alors l’impression d’étouffer, comme si elles implosaient
en elles-mêmes, sans pouvoir trouver de voie d’émergence, sans le savoir
enfermées et prisonnières dans l’histoire de leurs lignées.
La stérilité et l’infécondité.
Les problèmes
d’infécondité où la femme est enceinte, fait des fausses couches à répétition
sans pouvoir mener une grossesse à terme, la stérilité du couple qui n’arrive
pas à avoir un enfant alors que rien ne l’empêche médicalement ou encore les
grossesses involontaires où la femme est enceinte sans l’avoir prévu,
témoignent de l’impact direct du phénomène transgénérationnel : l’origine
est ancestrale.
Pour les cas de
stérilité, lorsque les examens sont normaux mais que l’enfant n’arrive pas, il
y a bien un blocage mais celui-ci n’est pas physique : la femme ovule,
l’homme a des spermatozoïdes fécondants, le passage est libre dans les trompes
et l’utérus et alors que rien ne fait obstacle physiquement à la fécondation,
force est de constater que quelque chose d’autre l’empêche. Le désir des deux
protagonistes est là sans aucun doute, si ce n’est que quelque chose les
entrave, les empêche de muter du statut de fille ou de fils à celui de père et
de mère, les empêche de se prolonger. Ces couples ont à faire un travail
personnel, souvent très fructueux, afin de se déloger de la place d’enfant dans
laquelle ils ont été contraints de rester enfermés. Généralement, ils ne savent
pas que ce qui fait barrage à leur projet de devenir parent provient de leurs
histoires familiales respectives.
Les grossesses indésirées.
Dans les grossesses
indésirées, c’est comme si le corps de la femme était directement connecté à la
façon dont la mère avait fait ses enfants. La femme est alors enceinte à l’âge
où sa mère l’a été pour sa propre conception ou celles de ses frères et sœurs
ou ses accidents gynécologiques. Etre enceinte exprime alors une répétition
généalogique et l’interruption de grossesse va tenter de l’en dégager pour
pouvoir naître à elle-même. Les grossesses indésirées ne sont en ce sens jamais
anodines mais elles ne correspondent pas toujours, comme il l’est généralement
interprété, à un désir d’enfant. Il est important de pouvoir y mettre du sens.
Bien que le désir de maternité ne soit pas remis en cause dans l’avenir, cette
grossesse ne correspond pas à un désir d’enfant dans le partage avec un homme.
La femme est entre elle et son histoire et l’homme aussi. Ils découvrent qu’ils
ne sont pas stériles mais ils n’ont pas fait un enfant ensemble.
Soit la femme en a
l’intuition, elle n’est pas triste, elle ne ressent pas le désir de cet
enfant : elle est alors confrontée au fait d’avoir dû en passer par son
corps pour grandir, elle n’a pas su être conséquente avec sa contraception.
Soit elle est triste et malheureuse et il est important qu’elle comprenne que
sa douleur ne correspond pas à l’enfant mais à l’émotion de se séparer de son
histoire maternelle. Dans ces cas, la recherche généalogique est la même que
pour les règles douloureuses. Il s’agit là encore d’explorer l’héritage des
femmes qui nous précèdent, en axant les recherches sur les maladies, les
deuils, la façon dont elles ont fait leurs enfants ainsi que les éventuelles
répétitions de dates. C’est ce que Didier Dumas a conceptualisé sous le terme « d’impensé
maternel » qui ne désigne pas tant la façon dont notre mère nous a
encombré, mais comment cette mère a elle-même été somatiquement encombrée par
un héritage ancestral traumatique.
L’importance de connaître sa généalogie.
Toutes les
traditions considèrent que nous héritons de nos ancêtres, qu’ils nous
transmettent aussi bien leurs forces que leurs faiblesses, et que ces dernières
peuvent se manifester en nous sous la forme de maladies physiques ou
psychiques. Ces maladies dont l’origine est ancestrale, ces « maladies de
lignée » peuvent nous « posséder », devenir récidivantes ou
chroniques. Pour s’en défaire, il est indispensable de connaître notre histoire
transgénérationnelle, puisqu’elle forme le terrain sur lequel elles se
déclarent.
Considérer la
dimension transgénérationnelle de notre existence permet de nous situer à
nouveau dans la dimension universelle de la vie. Nos enfants nous prolongent,
tout en nous mettant à une place d’ancêtre futur, de parent, de grands-parents,
puis d’arrières grands- parents. La mort étant indissociable de la vie, notre
place de naissance dans la succession des générations, nous fait hériter de nos
ancêtres, et nous transmettons ce qu’ils nous ont donné à nos enfants et
petits-enfants. En vivant, nous véhiculons donc automatiquement du savoir et
des traditions, comme le reconnaissent les peuples qui vouent un culte à leurs
ancêtres. Chez nous le rapport aux ancêtres peut prendre une forme consciente
ou inconsciente, et c’est celle-ci qui s’exprime dans les symptômes
La vie est un
processus continu et cyclique dont la mort fait partie. Les adultes mettent
leurs enfants au monde et accompagnent leurs parents jusqu’à leur mort. La mort
qui constitue le vide créé par la perte de la personne aimée. perd alors son
caractère de drame personnel, Il devient normal que les « vieux »
nous quittent. Ils ont accompli leur vie à leur manière. Il est important de les
respecter, de les accompagner et leur dire au revoir, autant pour les
soutenir que pour intégrer leur départ.
Bien évidemment
cela n’empêche pas la tristesse et le chagrin de ne plus pouvoir côtoyer la
personne aimée, mais au lieu d’en être capturée et pétrifiée de douleur, il est
important de pouvoir replacer cette mort dans un contexte plus large, ce qui
permet de considérer l’événement autrement.
Quand il s’agit
d’une personne plus jeune qui meurt prématurément d’accident ou de maladie, le
caractère normal et naturel du passage inéluctable de la vie à la mort fait
défaut. Toutefois, cette mort prématurée n’est pas obligatoirement le fruit
d’un pur hasard. C’est ce dont témoigne la psychanalyse transgénérationnelle.
Certaines fois, elle peut s’expliquer par un processus de répétitions de dates, d’âges, de lieux géographiques, de drames cachés ou ignorés. Les différentes morts au
même âge que l’ancêtre dans sa fratrie, la mort en couches des mères, la mort
néo-natale des nourrissons, le suicide, les cancers ou toutes autres maladies,
les morts à la guerre, les génocides.
Notre civilisation
a perdu le sens de l’importance de la mémoire des ancêtres. Alors que nous
n’avons plus de croyances, de rituels, ni de mythes référés à la mémoire
ancestrale, faire son arbre généalogique c’est reconnaître la façon dont nos
ancêtres ont vécu. Le découvrir tout en sachant ce que nous voulons savoir,
c’est reconnaître la place qui nous a été attribuée. Ce n’est pas une simple
curiosité, mais une prise de contact avec les personnes qui nous ont précédées
grâce auxquelles nous sommes vivants : comment ont-ils vécu ?
Ont-ils apprécié leur vie ou bien sont-ils restés dans leurs
enfermements ? Ont-ils été déprimés, des violents, des enfants malheureux,
des affairistes, des aventuriers, des créateurs ou ont-ils eux-mêmes répété
leur histoire familiale ? Au fur et à mesure que l’on construit son arbre,
émergent les origines de nos répétitions, de nos freins, de nos échecs, de nos
peurs et de nos maladies, mais aussi de nos talents, de nos capacités et de nos
compétences.
Ouvrages à
lire :
1. Troubles organiques : les organes sont
atteints, il y a présence d’un kyste, d’un fibrome d’un cancer
2. Didier Dumas, L’Ange et
le Fantôme, Minuit, Paris,
1985.
3. A l’épreuve de la vieillesse, Aude Zeller, ed. DDB 2003
4. Didier Dumas, L’Ange et le Fantôme, op. cit., Hantise et clinique de l’autre, Aubier Flammarion, Paris, 1989. Anne Ancelin
Schützenberger, Aïe mes aïeux, Desclée de Brouwer, Paris, 1993.
5. Énergie perverse : « pervers » veut dire
« voie à l’envers ». En médecine chinoise, on distingues plusieurs
qualités d’énergie : les énergie nutritive et défensive qui prennent en
charge la vie du corps et des organes, et les énergies perverses qui nous
parasitent et créent des maladies.
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