Les Iroquois
avaient un système similaire de distribution des terres. La tribu possédait
toutes les terres, mais attribuait des territoires aux différents clans qui les
répartissaient à leur tour entre les ménages pour les cultiver. Le terrain
était régulièrement redistribué entre les ménages, au bout de quelques années.
Un clan pouvait demander une réaffectation des territoires lors des réunions du
Conseil des Mères de clan. Les clans coupables d’abus de terrain ou de négliger
celui qui leur était alloué, recevaient un avertissement du Conseil des Mères.
La pire punition était l’attribution de leur territoire à un autre clan. La
propriété de la terre était l’affaire des femmes, de même que la culture du sol
pour la nourriture était leur travail. Le Conseil des Mères réservait
aussi certaines portions de terrain pour être travaillées en commun par les
femmes de tous les clans. La nourriture produite sur ces terres, appelée kěndiǔ »gwǎ’ge’
hodi’yěn’tho, était consommée lors des fêtes et des grands rassemblements.
Une société sexiste équilibrée
La contribution
importante des femmes dans l’économie domestique leur faisait accéder à une
autonomie importante même si la division socio-sexuée des tâches était très
forte et que sa transgression impliquait une mise à l’écart. Femmes et
hommes en nombre égal occupaient les fonctions de “gardiens de la foi”,
personnes d’influence qui admonestaient les autres pour les infractions
morale. Le rôle déterminant dans l’exercice du pouvoir appartenait aux
aînés des deux sexes. Ce n’était pas une “gynécocratie” mais une
“gérontocratie”.
La division
sexuelle des rôles était stricte, mais relativement égalitaire; l’économie ne
reposait pas sur l’exploitation d’un groupe par un autre, mais sur la
coopération entre les familles et les sexes. La division du travail
reflétait le clivage dualiste caractéristique de la culture iroquoise, où les
dieux jumeaux Hahgwehdiyu, Jeune Arbre (Est) et Hahgwehdaetgah,
Silex (Ouest) personnifiaient la séparation fondamentale entre deux moitiés
complémentaires. Le dualisme appliqué au travail attribuait à chaque sexe un
rôle clairement défini qui complétait celui de l’autre.
Les femmes
accomplissaient les tâches liées aux champs et les hommes, celles attachées à
la forêt, y compris le défrichement et le travail du bois. Les hommes se
chargeaient principalement de la chasse, de la pêche, du commerce et du combat,
alors que les femmes s’occupaient de l’agriculture, de la cueillette et des
tâches ménagères. Les activités artisanales étaient réparties également entre
les sexes. Les hommes réalisaient les constructions et l’essentiel des
équipements, y compris les outils utilisés par les femmes pour les travaux des
champs, tandis que les femmes assuraient la fabrication du petit matériel de
piégeage, des poteries et de la plus grande part des ustensiles ménagers, de
l’ameublement, des articles textiles et des vêtements. Cette spécialisation par
sexe était la principale façon de diviser le travail dans la société iroquoise.
À l’époque de la rencontre avec les Européens, les Iroquoises produisaient
environ 65% des biens et les hommes 35%24. En combinant des productions
alimentaires différentes et réparties sur presque toute l’année, ce système
mixte réduisait les risques de disette et de famine.
« La société
iroquoise présente tous les aspects d’une démocratie matrilinéaire,
essentiellement orientée vers la culture du maïs (15 qualités), de la courge et
du haricot (60 variétés). Tandis que les hommes chassent et pêchent dans les
rivières et sur les lacs, les femmes se consacrent aux activités agricoles. De
longues « maisons communes » construites en écorce abritent plusieurs
familles dont chacune est dotée d’un emblème distinctif (totem)
… » – T.C. McLuhan, Pieds
nus sur la terre sacrée.
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