Quand
la charge du « devoir maternel » s’impose dans notre vie au détriment de
l’enfant que nous étions, la femme que nous sommes et la mère que nous
devenons, nous bousculons l’équilibre et perdons notre juste place. Comme nous
le fait partager Audrey, maman éveillée, l’écoute de soi est une porte évidente
de libération et d’allègement.
Quand
le corps sature, c’est qu’il y a déséquilibre, soit en excès, soit en carence,
que ce soit physique, alimentaire, émotionnel… Cette saturation parle, vient
signifier quelque chose. Elle révèle et touche du doigt un malaise. Quand il
s’agit d’un déséquilibre dans le rôle de Mère, le malaise est accompagné de
culpabilité, de colère, de peur, de honte parce que l’on a l’impression d’avoir
échoué, de ne pas avoir assumé notre responsabilité. On ne sait plus comment
faire. On n’ose pas dire. On reste seule. Et plus on est seule, plus on sature.
Et la spirale se met à tourner, tourner, tourner, tourner… Jusqu’où ? J’ai noté
« On » pour ne pas noter "Je".
J’avoue. Dans mon histoire, c’est ainsi que
ça s’est traduit pour moi. Quand le corps sature, l’une des premières solutions
est de se mettre à l’écoute de ce qu’il nous raconte. Que faut-il faire quand
les Mères saturent ? Avis subjectif : se mettre à l’écoute. Un jour, au plus haut
de la saturation ou au plus bas de mon mal-être, je me suis dit que si je
continuais sur cette voie, je me retrouverais à l’hôpital. Et mes enfants dans
tout ça ? Alors guerrière dans l’âme, je me suis mise à écouter ce qui me
faisait mal. Et n’en pouvant plus, j’ai osé appeler à l’aide. Un grand pas. Le
premier.
Pour
moi, Mère signifiait « Tout porter ». « Porter tout ». Envers et
contre tout. Envers et contre Moi. Adulte à la naissance, j’ai pris le rôle de
Mère de mes parents. Et en parallèle, je n’avais aucune envie de grandir,
aucune envie de devenir adulte. Une trouille bleue ! Être adulte signifiait
être irresponsable. Tout était mélangé. En faisant ce travail d’écoute, en
rencontrant de belles personnes aidantes, j’ai compris pourquoi je saturais
dans mon rôle de Mère. Toutes mes facettes de Femme étaient mélangées, aucune
n’était à sa place. Comme si tout était construit à l’envers. Tout était
bancal. Il y a peu de temps, dire à ma propre mère : « Je ne suis pas ta mère »
fut pour moi une révélation. Une libération. Cette phrase n’était pas
programmée. Elle est venue au bon moment et c’était juste.
Et
j’ai pris ma première place : ma place d’Enfant, à 33 ans. Depuis j’ai pris ma
place d’Adulte, dans le sens réel du mot. Et je travaille à la réparation de ma
place de Mère avec mes enfants, surtout avec ma propre fille de 10 ans. Être
enfin sa Maman, pour qu’elle soit mon Enfant, qu’elle n’endosse plus ce rôle de
Mère avec moi. Doucement réparer ce lien, qui de génération en génération,
s’était emmêlé. Prendre enfin ma place légitime de Mère. Merci à toutes les
Mères. Mère de Sang, Mère de Cœur, Mère de Résilience, Mère d’Âme à Âme, Mère
sans le savoir, Mère sans le vouloir, Mère sans le pouvoir, Mère Combative,
Mère Dépressive, Mère d’une vie, Mère de plusieurs vies, Mères-filles,
Filles-mères, petites Mères, grandes Mères… à la Terre-Mère.
Témoignage
de Audrey Rigaux audreyrgx@gmail.com paru
au magazine "Rêves de femmes"
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