Traditionnellement, la femme est tournée vers le
foyer, l'intérieur. C'est elle qui prépare les bêtes ramenées par le chasseur,
allume le feu dans l'âtre pour faire cuire la viande et tanne les peaux pour en
faire des vêtements. C'est elle qui enfante, nourrit et élève les enfants qui
passeront les premières années de leur vie dans la chaleur du foyer maternel.
Et la tradition marque toujours nos modes de vie, la femme met au monde et
prend soin des tout-petits. D'ailleurs, n'est-ce pas à elle qu'est confiée le
plus souvent la garde des enfants lors de la séparation des parents ?
Et si traditionnellement, la femme est tournée
vers l'intérieur, l'homme, quant à lui, est tourné vers l'extérieur. Il est
celui qui parcourt les contrées pour rapporter la nourriture, celui qui affiche
ses exploits de chasse ou de combats, échange, décide, dirige. Il est l'être
social. Simone de Beauvoir expliquait cette différence de rôles entre les
hommes et les femmes par la différence anatomique de leurs sexes. Le vagin, à
l'intérieur, est caché, secret ; le pénis, à l'extérieur, est voyant et exposé
aux regards. Les rôles sont donc complémentaires et le lien que chacun
entretient avec l'argent est fortement dicté par son genre social.
Mais qu'en est-il aujourd'hui ? L'argent est-il
toujours l’apanage des hommes ? A voir l'initiative de certaines femmes
africaines pour lutter contre la pauvreté par le biais de micro-crédits, on
pourrait penser que non. Mais en France ? L'INSEE nous apprend qu'en 2008, une
femme travaillant à temps complet gagne en moyenne 19,2 % de moins que son
homologue masculin. L'argent n'est donc pas une priorité féminine. Et la
pauvreté, la vraie, celle qui condamne à vivre dans la précarité de la rue
touche plus fortement les femmes et les enfants. Triste constat...
Mais parlons de valeurs féminines cette fois.
Car l'argent est une valeur, marchande peut-être, mais en aucun cas morale ou
spirituelle. Les valeurs, donc, que l'on attribue à la féminité seraient des
valeurs d'amour, d'empathie, de douceur, d'écoute et de solidarité. Est-ce
compatible avec le fait de gagner de l'argent, beaucoup d'argent ? Et pour
gagner plus, il faut aussi travailler plus comme cela a été dit dernièrement.
Mais la carrière professionnelle n'est pas souvent compatible avec une vie de
femme et surtout avec l'accès à la maternité. On sait les difficultés que les
femmes ont à garder leur emploi ou à gravir les échelons si elles prennent un
congé parental pour accompagner le tout-petit dans les premiers moments de sa
vie. Et aux femmes de carrière de mettre leur vie de famille entre parenthèses,
ce qu'on leur reprochera peut-être ensuite.
Alors le rapport des femmes à l'argent peut-il
changer ? Et surtout doit-il changer ? Si l'argent signifie posséder et
accumuler, est-ce dans notre intérêt de se l'approprier ? Par contre, si
l'argent sert la solidarité et la dimension du cœur, les femmes ont toute leur
place. Déjà, il faudrait élargir la définition de la paternité. Cela
impliquerait un changement plus grand encore des mentalités et une volonté des
pouvoirs publics de rendre le congé parental masculin plus séduisant qu'il
n'est à l'heure actuelle (en effet, sa rémunération semble peu motivante).
Ensuite, il faudrait que la femme soit en pouvoir de mener de front sa vie de
mère et sa vie professionnelle sans avoir à choisir. Dans une société où
l'homme et la femme accordent la même importance au travail et à la
parentalité, chacun peut envisager un meilleur accès à l'argent.
Mais finalement, peut-être devrions-nous revoir
son importance et son rôle dans notre société. Où en sont les valeurs humaines
de paix et d'amour ?
D'après Omraam Mikhaël Aïvanhov, maître
spirituel du XXème siècle, « si les femmes s'unissent dans le but sublime de
régénérer l'humanité, elles gagneront l'estime des hommes. De nouveau, ils
seront obligés de les respecter, de les admirer, de les estimer et d'être
inspirés par elles. L'époque qui vient sera celle de l'amour : cela signifie
que ce sera l'époque de la femme. »
Euriel Bourreau
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