La puissance de la matrice se traduit de façon si
instinctive et évidente lors des divers passages transformateurs de notre
féminité qu’elle effraye et se voit muselée par les moeurs. Isabelle Challut,
animatrice des ateliers « Ô féminin », nous ouvre à l’éveil et la
reconnexion de cette force.
P lus je comprends le Féminin, la force de notre
organisation hormonale qui nous est spécifique et plus j’intègre la puissance
de la femme et son mystère. Depuis très longtemps, on tente de contrôler les
cycles féminins en les médicamentant de la puberté à la ménopause. Elles ont
été, au fil des siècles, hystériques, dépressives, incontrôlables, accusées de
sorcellerie et on les a médicamentées, opérées, enfermées ou même brûlées pour
tenter de faire taire cette force qui fait si peur. Il y a quinze ans, la
naissance de mon fils m’a révélé cette force.
Accouchement instinctif, puissant, sans recours au milieu
médical… Les médecins déposèrent même une plainte contre moi. J’étais élevée au
statut de mère inconsciente alors que je ne me suis jamais sentie aussi
présente à la vie et à ce qui se passait en moi. Ils me menacèrent de me
retirer mon enfant si je ne me soumettais pas. Et puis, ils m’envoyèrent un
psychologue pour m’évaluer. Et celui-ci me dit, après que je lui eus raconté
comment on me traitait : «Il faut les comprendre… Ils font tout ceci car ils
veulent bien faire…».
Peu à peu, au fil des années, j’acceptai cette force, ce
contact avec les sens qui m’avait guidée, qui m’avait connectée avec quelque
chose de plus grand que moi et avec mon fils que j’avais accueilli dans la
reconnaissance de sa globalité et de sa réalité. Les mots ne peuvent guère
traduire une telle expérience dans un langage rationnel. Il m’a fallu du temps
pour l’intégrer et je me répétais : « Il faut dire à toutes les femmes
qu’accoucher n’est pas du tout ce qu’on leur dit et montre depuis le
développement de l’obstétrique ! » Mais, à ma grande surprise, j’ai observé
que, même dans une salle d’accouchement hospitalière, la magie et le mystère sont
souvent présents et continuent d’émouvoir les personnes qui assistent les
femmes.
Accoucher, c’est la possibilité pour nous, les femmes, de
vivre une expérience à la fois ordinaire et extra-ordinaire qui nous relie au
corps, à sa force et qui nous relie à cet être qui a pris place en nous, qui
nous habite et qui se prépare à naître, totalement uni à sa mère. Accoucher est
une initiation à la vie si la femme se permet de vivre cette union avec
l’enfant qui arrive et de l’accueillir dans le don total d’elle-même, présente
et dans un état d’amour inconditionnel.
Cette ouverture transforme l’expérience de donner
naissance qui est trop souvent réduite à un acte biomédical potentiellement
dangereux qu’il faut surveiller et encadrer. Au quotidien, notre qualité de
présence, notre ouverture à ce qui arrive, notre capacité d’accueil
transforment notre vie et la rendent plus facile. Nous expérimentons tout cela
dans un accouchement instinctif. Et une femme qui a vécu ce contact intime avec
elle-même, qui a touché cette force en accouchant est transformée à jamais. Je
suis parfois incroyablement touchée de revoir une jeune femme après son
accouchement, forte, confiante, qui ne se laisse plus mener dans ses choix.
Elle est allée au bout de l’expérience qui lui permet
alors de guider son enfant selon ses convictions, son amour et sans se laisser
influencer ou contrôler négativement. L’impact de cette force de la matrice
devient majeur pour la société. Et que se passe-t-il à la ménopause, autre
passage majeur dans la vie d’une femme ?
C’est une période de retour sur soi, de bilan. Souvent de
nouveaux choix de vie émergent, de nouvelles activités. Ça n’est pas la fin de
la vie de femme mais un passage vers une période de grande ouverture,
d’intégration des expériences passées et de transmission aux autres. « Les
objectifs de la femme semblent alors dictés par les exigences de l’âme plutôt
que par les exigences de la société. Elle devient, de par ses changements
hormonaux, plus intuitive et moins contrôlante. »
L’écoute de ce passage, de ce changement hormonal amène
encore une fois la femme dans sa puissance créatrice. Mais la médication endort
cette force de la matrice car elle masque et prend la place des hormones
naturelles. Tous les passages de la vie des femmes correspondent à des
transformations importantes et au développement de leur force et de leur
expression.
Isabelle Challut www.centrepleinelune.com Auteure de «La maternité au féminin» Editions
Instant Présent - Transcrit par Francesca du blog http://etredivinaufeminin.blogspot.fr/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire