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mercredi 23 novembre 2016

Danser pour la Déesse


Danser, c’est puiser au fond de nous, explorer et utiliser notre énergie, notre Être tout entier. C’est un processus qui peut ouvrir de nouveaux horizons sur le chemin spirituel, donner un relief supplémentaire à des pratiques comme la méditation, la prière, la communion, l’offrande…



La Danse comme Prière, Méditation active

Danser, c’est laisser la place au corps. La confiance, la libération, l’expression, nous avons vu cela dans la partie précédente. Le Corps devient le vaisseau sublime de l’Âme, l’expression libre du Coeur, mais l’esprit, le mental, n’est pas oublié. Un nouveau rapport s’installe, quand l’esprit a donné toute latitude au corps pour le mouvement, alors le corps peut lui revaloir ce bienfait car à travers le mouvement corporel, c’est le mental qui s’apaise. Le singe du mental n’a plus besoin de sauter de branche en branche, la conscience est dans le corps, dans le mouvement, et l’agitation cesse comme un vent qui s’épuise. Le déplacement de conscience (là maintenant, pensez à votre orteil droit, à ce que vous ressentez dans votre orteil droit… Vous venez d’opérer un mini déplacement de conscience…) est facilité par le mouvement, d’autant plus quand le mouvement est libre de toute contrainte, que l’on danse seul(e) et que l’on se laisse aller. Ainsi la danse peut mener à une méditation active, une transe reposante dont la fonction d’exutoire peut être favorisée par rapport à l’esthétisme, dans un contexte solitaire.

J’ai déjà entendu des païens partager autour du concept de la prière, et la  façon de prier est unique pour chaque personne. Certains récitent des prières, lues ou écrites par eux, d’autres inventent une prière orale à chaque fois, d’autres encore n’usent pas de mots mais simplement de ressentis, d’émotions, le coeur se tourne vers le divin, les yeux brillent, l’amour est échangé sans passer par les mots. Il y a autant de façons de prier que de chemins spirituels. La danse peut être une prière. Elle facilite l’apaisement du mental et procure le calme intérieur qui laisse toute la place à l’échange sacré qu’est la prière. De plus, le mouvement permet au moins autant d’expressivité que des mots. Pour peu que l’on danse sur une musique qui nous transporte ou dont les paroles sont elles-mêmes une prière (comme des chants de Libana ou Lisa Thiel), on peut alors laisser son corps transcrire les mots de la chanson ou l’imager… 


Communion avec la Déesse

Danser en Tribal Fusion, ce n’est pas seulement fusionner les genres, les traditions, les styles, les costumes, les mouvements, c’est aussi, pour nous païennes, une fusion à d’autres niveaux. Une fusion de la danseuse avec ce qui l’entoure, avec les Eléments, avec la Terre et le Ciel, parfois aussi avec son Public quand il y en a un, avec l’Espace dans lequel elle danse, et surtout, avec la Déesse, plus largement avec le Divin. Dans l’Hindouisme c’est la danse cosmique de Shiva et Shakti qui crée le monde par les vibrations émises. La danse est l’acte de création démiurgique.

Quand nous dansons, nous honorons notre corps, nous apaisons notre mental, nous exprimons notre coeur et nous ouvrons notre âme : Nous communions avec la Déesse, nous ressentons son immanence en toutes choses, nous touchons Son Voile… La danse est une des voies de l’extase, de l’expérience mystique, cet instant d’éternité ou la fusion devient fulgurante, où l’individu touche au divin.

Le Corps comme Temple, la Danse comme Offrande

Comme nous l’avons vu en première partie, la danse constitue une aide précieuse pour se reconnecter à son corps et à sa féminité. Poussons plus avant sur le chemin, et la danse nous amène à ce concept, dont beaucoup ont entendu parler mais qui n’est pas forcément bien compris ou intégré, de ressentir son propre corps comme un temple. Il ne s’agit pas que de sa dimension sacrée, d’en prendre soin comme vaisseau de l’âme, il s’agit de la fonction première d’un temple : faire descendre le Divin sur Terre, créer un lieu d’habitation, de matérialisation du divin, comme les statues divines dans les naos d’Egypte antique, qui étaient conçues pour recevoir l’Essence de la divinité. Considérer son corps comme un temple, c’est prendre conscience qu’y siège la Déesse, immanente et aimante, infinie et éternelle, comme Elle siège au coeur de chaque cellule vivante, de chaque particule de Nature. Ce sont de belles choses à dire, mais le ressentir dans sa chair est autrement plus beau.

Starhawk dit un jour dans une de ses conférences «Vous voulez voir un visage de la Déesse ? Alors tournez la tête et regardez la personne qui est assise à côté de vous» (Starhawk, Femmes Magie et Politique). Il est presque plus facile de voir la Déesse partout à l’extérieur de soi, la ressentir en soi est plus délicat (faudrait pas non plus se gonfler les chevilles quoi), mais nous avons alors accès à l’ensemble des sensations qui découlent de cette prise de conscience. Considérer ainsi son corps pendant la danse est une expérience formidable : nous dansons pour la Déesse, nous dansons la Déesse. Un aspect légèrement différent de cette relation Corps-Divin est l’offrande. Tout comme il existe une infinité de façons de prier, il existe une infinité d’offrandes.

Offrandes d’aliments, de fleurs, de chants, d’amour, de rituel de célébration, de symboles, de sang, d’ennemis sacrifiés, de plaisir, de douleur, d’arts, l’être humain a donné une dimension d’offrande à presque tout ce sur quoi il peut avoir une action. Offrir une danse est un cadeau merveilleux. On offre tant de choses à travers une danse, tant de parts de soi-même… On offre son corps, sa pudeur, sa préparation physique, son effort, sa technique, son costume ou sa nudité, son travail, son mouvement, son souffle, et un tas d’autres choses… On offre l’instant présent avec intensité, on offre ce que la vie nous permet, on offre des choses si belles que la beauté extérieure de la danse n’est pas forcément la plus importante…



Danser dans un cadre rituélique

La danse dans le cadre d’un rituel implique justement de prendre en compte la notion de cadre. Il faut réfléchir aux notions pratiques de la danse à l’intérieur d’un cercle : soit on se limite à danser sur place sans grandes enjambées, soit on projette un cercle d’une taille «cercle de groupe»… On peut également choisir d’opérer le rituel sans cercle mais, au-delà de la protection ou de la délimitation de l’Espace sacré, on perd la fonction contenante du cercle, sorte de bulle qui contient les énergies exsudées durant le rituel. Il faut alors être capable de garder concentrée l’énergie que l’on soulève par la Danse jusqu’à sa libération, ce qui demande une certaine maîtrise de la manipulation énergétique. Tout dépend donc de ce que la Danseuse souhaite privilégier, de ce dont elle se sent capable, et aussi de l’objectif du rituel.

Si c’est un rituel de célébration, maintenir la concentration énergétique n’est pas une priorité absolue, on peut par exemple aller danser dans la forêt et offrir cette Danse, cette énergie, aux Esprits du lieu ou à la Déesse. Si au contraire c’est un rituel opératif avec un objectif précis, il faut pouvoir accumuler l’énergie jusqu’au moment culminant. On libère alors tout ce qu’on a soulevé comme une décharge de courant, brutale et totale, soit dans une visualisation de l’objectif atteint, soit dans un charme à charger, soit dans un symbole, etc.

Petit truc à savoir, si vous dansez dans vos rituels et que vos mouvements, quand vous êtes lancée dans la musique (voire en transe) sont rapides, parfois brutaux, et demandent beaucoup au corps, n’oubliez pas de vous échauffer avant ! J’ai souvent payé de plusieurs jours de douleurs des transes dansantes, surtout au niveau des cervicales et des genoux… Il n’est pas toujours aisé ou même simplement agréable de garder une partie de  conscience pour faire attention à ne pas trop bouger telle ou telle partie du corps, alors au moins pensez à vous échauffer !

La montée d’énergie – L’expérience de Sataset

Concrètement que se passe-t-il ? Il est difficile de décomposer et d’expliciter ce qui se passe au niveau énergétique dans un rituel, plus encore ce qui se produit pendant la transe, si transe il y a. Je vais essayer de décrire ce qui peut se passer.

Cela est sûrement très personnel, et encore cela ne se passe pas toujours ainsi pour moi… Ce n’est qu’un aperçu… On choisit une sélection de musiques qui nous emportent, qui nous inspirent, on commence doucement, on se laisse aller, on relâche toute tension, physique et psychique, on se laisse capturer par la musique, les sons sont transcrits en mouvements, les pieds s’ancrent à la Terre, les bras s’envolent vers le Ciel, la Danse  commence à s’intensifier…

La musique devient plus puissante, l’énergie commence à scintiller au centre de notre être, dans le Chaudron, le chakra sacré, les ondulations l’intensifient, les accents lui donnent de la puissance, les shimmies rendent l’énergie vibrante, tout cela se masse autour de nous, comme si l’aura s’intensifiait, comme une boule qui aurait le chakra sacré pour centre. Le moment venu, on décharge cette énergie d’un seul coup. Quand ? Où ? Comment ? Tant de réponses peuvent être données. Comment sait-on que le moment est venu ?

Dansez, essayez, et vous le saurez. Il est un moment où l’on sait que le «niveau» d’énergie est suffisant, cela est valable pour toutes les façons de lever un cône de pouvoir. Vous pouvez aussi choisir d’arrêter dès que vous avez mal quelque part ! Où ? Cela dépend de l’objectif du rituel : dans la Terre, dans une visualisation, dans un symbole, un charme, dans la Nature autour de nous…

L’énergie peut former une boule autour du Chakra solaire, elle peut rayonner sans forme autour de nous, la sphère autour du chakra sacré n’est qu’un exemple. Tout ceci n’est à prendre que comme un exemple, une expérience, et non un schéma de rituel. Soyez créatifs, écoutez-vous, écoutez votre corps, et lancez-vous ! Vivez votre expérience !


Nous l’aurons compris, la danse reste un sujet somme toute très personnel. On y exprime des choses propres à soi, à son vécu. Mais une chose met tout le monde d’accord : la danse rassemble, célèbre, raconte. Laissez-vous donc porter par la musique, entrez dans la danse, et voyez les possibilités d’expression qui s’offrent à vous ! Quoi de plus beau que de faire de son corps non pas un temple aux stéréotypes actuels mais à sa spiritualité et à la grande Déesse !

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