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lundi 6 avril 2015

Lettre ouverte d'un homme au divin féminin




(écrit par un guerrier en transition) 


Je voudrais m’excuser pour mon incapacité à distinguer un guerrier bienveillant d’un guerrier sans cœur, reflet de ma propre confusion quand je me débattais sur les champs de bataille du passé. Quand j’ai ouvert trop grand mon cœur, j’étais vulnérable aux attaques des factions armées. J’étais conditionné à croire que je devais rester rigide, concentré, préparé à toute éventualité, dans le désir de me protéger et protéger les autres d’attaques. Mais je suis allé trop loin, je me suis trop fermé, et j’ai fait disparaître le pont entre nos cœurs. Je le vois maintenant et je suis désolé. 

 Je m’excuse pour ma perpétuelle absence, reflet de ma propre absence intérieure, pour mon incapacité à me relier avec un cœur bloqué par des émotions non-résolues, n’ayant pas les outils pour les résoudre. Il me manque encore beaucoup de ces outils, mais je suis ouvert à leur émergence. 

Je m’excuse pour mon incapacité à faire la distinction entre relation et guerre. Comme un guerrier en territoire ennemi, je rentrais et sortais de ta vie dans la nuit, pillant et prenant égoïstement ce dont j’avais besoin, puis rampant de l’autre côté de l’abîme avec mon butin. Je donnai peu en retour de peur de courir le risque d’être attaqué. La guerre était dans ma tête et je ne pouvais pas voir la rivière d’amour qui attendait de l’autre côté du champ de bataille. Je reconnais maintenant que l’amour est l’antidote du guerrier en armure, mais je ne pouvais pas boire l’antidote dans l’état conditionné dans lequel j’étais. 

Je m’excuse de ne pas t’avoir vu, mes yeux étaient aveuglés par une rage congelée et des pleurs jamais versés. C’est une maigre consolation que de te dire que je ne me voyais même pas moi-même. Je ne voyais que ce qui servait mon hyper-vigilance et ce sur quoi était focalisé mon cerveau de guerrier. Mon miroir était un champ de bataille. 

 Je m’excuse de mon matérialisme infondé, de mes tyrannies nourries par le pouvoir, mon obsession de l’accumulation. J’imaginais que l’accumulation me protégerait moi et mes proches, mais je n’avais pas vu que cela ne faisait que renforcer la folie. Je m’excuse également pour mes abus égotiques, reflet de mon ego malavisé et gonflé au contact d’un monde fondamentalement compétitif. Je ne savais pas faire la distinction entre un ego confiant et sain, et un ego malsain et sans manières. Je suis allé trop loin dans la mauvaise direction. 

Je m’excuse pour une sexualité dépersonnalisante et déconnectée du cœur. Je sais que ton désir était de connaître une vraie intimité, un fondu de nos âmes sur l’autoroute cœur-organes génitaux. Mais il y avait trop de défenses autour de mon cœur, et aucun pont ne pouvait se bâtir entre nos âmes. Il y avait des moments quand tes voies aimantes m’ont libéré de mes masques corporels, mais je n’avais pas de modèle pour me tenir dans ces flammes du cœur. J’en suis désolé, car je sais que la voie dont tu avais tellement envie c’était la voie vers Dieu. 

 Je m’excuse pour mes actes horribles de violence, reflet de ma propre rage congelée, de mon incapacité à faire la distinction entre les vrais ennemis et les amis. Il n’y a pas de mots qui puissent défaire ce que j’ai fait dans ces moments de folie. Je le sais, vraiment. Je pourrais cacher mon visage de honte, mais cela ne changerait rien. Il me faut reconnaitre mes actes de malveillance, puis trouver une voie pour croire en ma capacité d’avancer à partir d’une position plus aimante. J’en appelle à d’autres guerriers de se montrer responsables de nos actes, non pas dans le sens de se haïr soi-même, mais d’une façon qui est vraiment sincère et courageuse et authentiquement compassionnelle. Le guerrier qui a du cœur reconnaît là où il a fait des erreurs, et il a le courage de faire tout ce qu’il peut pour s’amender avec le temps. 

Je m’excuse de mon incapacité à développer une relation consciente. Tu étais là complètement avec ton beau cœur généreux, mais j’étais trop attaché à mon individualisme et je craignais ce terrain inconnu. Je connais très bien les forêts, la place du marché et les voies du monde extérieur, mais ma géographie intérieure m’est inconnue. Tu m’as appelé à venir en un lieu que je n’étais pas bien préparé à pénétrer, même si je sentais derrière mon attitude superficielle de bravade, que tu m’appelais à rentrer à la maison. 

Je suis reconnaissant que tu ais été disposée à croire que la personne que j’étais dans ces rares moments de vulnérabilité était le vrai moi. Tu avais raison – le vrai moi vit dans mon cœur – mais tout ce que je pouvais gérer c’était quelques instants ici et là. Je te voyais comme dangereuse, car en ta présence je commençais à gouter une façon d’être de s’abandonner. Néanmoins, ta foi dans ma bonté m’a permis de traverser bien des batailles, et a rétabli ma foi dans la vie quand j’en avais le plus besoin. Tu étais la lumière au bout de ce tunnel de barbarie, et je suis béni.


Je suis reconnaissant que tu sois restée avec moi contre vents et marées, et je comprends aussi ces moments où tu devais abandonner et laisser tomber. Je reconnais maintenant qu'il y a une grande différence entre une chose d'amour et une relation (love-ship and relationship : jeu de mot difficile à traduire en français, NdT). L'amour à lui seul ne suffit pas. Sans une volonté partagée de devenir conscient, il n'y a que frustation. J'étais si souvent impossible, rivé à mon inconscience comme un soldat qui s'accroche à ses armes. Je reconnais le courage que tu avais de garder ton coeur ouvert en présence de ma résistance. Tu avais tous les droits de rechercher une relation authentique, car ton esprit était enflammé en sa présence. Ton coeur merveilleux avait tous les droits qu'on aille à sa rencontre dans son ouverture et son empressement. Je suis reconnaissant pour le temps que tu m'as donné, répit des cachettes que j'appelais à tort chez moi.                 

Je suis reconnaissant envers ma Grand’mère, car personne d’autre qu’elle ne voyait plus clairement ma fragilité. Je suis reconnaissant envers ma Mère qui choisit de me donner l’existence et qui a nourri mon corps jusqu’à ce que je puisse trouver mes repères. Je suis reconnaissant envers notre Mère la Terre d’ancrer mon expansion et vivifier mon esprit. Je suis reconnaissant envers la Mère Divine, notre vraie Mère à tous. Je sens maintenant sa divine présence, si proche. Avec une compassion extrême, elle était toujours là, m’insufflant la vie, me gardant à l’abri. Je suis assis sur ses genoux alors qu’elle respire en moi. 

Je me réjouis du jour quand l’unique raison qui incitera à une relation sera quand deux âmes s’invitent l’une l’autre, deux cœurs d’âme battant dans la même direction, murmure de nostalgie reliant une essence à une autre. Je veux te vouloir non pas pour gratifier mon ego, non pas parce que tu es belle extérieurement, mais parce que ta simple présence invite ma propre divinité à sortir de l’ombre. Je veux te toucher le cœur sur la main, connaître la chimie entre nous qui n’est pas identifiée au sexe, mais qui a sa source dans l’essence, une coulée de lave d’amour déferlant du cœur aux organes génitaux jusqu’au vaste au-delà. Dans ce monde touché par l’amour, la relation sera toujours vécue comme une pratique spirituelle, une expression de dévotion de notre moi divin.

J’ai toujours cru qu’il était impossible de garder sa sensibilité dans un monde qui est dur. Et pourtant en cet instant, je me sens sensible, mais sans fragilité. Je porte encore une armure mais il y a un changement de direction dans mon intensité. Je peux m’attarder dans l’espace du cœur un peu plus longtemps qu’autrefois, je deviens plus tendre à certains endroits. Après tant de vies passées l’arme à la main, un guerrier touché par la tendresse est en train de naître au cœur de mon être. Il est troublé, mais il sent intuitivement que c’est le chemin du retour. 

 S’il te plait ne nous laisse pas tomber moi ou mes compagnons de guerre. Pardonne-nous nos méfaits, ou du moins reste ouverte à la possibilité que nous puissions changer alors que s’élargit le chemin qui s’ouvre à notre intention de changement. 

Le jour viendra où notre esprit guerrier perdra son côté tranchant et sera aligné sur l’action bienveillante. Certains d’entre nous y sont déjà parvenus, et bien d’autres vont suivre. La route qui conduit à la transformation dépend d’un pont entre les sexes, un pont de bienveillance qui célèbre nos différences avec respect et bonté. Ce travail doit commencer par la guérison des ruptures dans le continuum des sexes, il nous faut œuvrer de toutes nos forces pour guérir le cœur collectif jusqu’au jour où nous pourrons être sur un pont qui existera pour toujours (a bridge across forever), nous tenant par la main, le cœur ouvert et léger, embrassant le masculin sacré et le divin féminin qui vit au cœur de chacun d’entre nous. Je t’y retrouverai. 

Puissiez-vous ressentir l’amour de la Mère Divine se fracassant sur vos rivages remplis de cœur, vous soulevant gracieusement au-dessus de la folie du monde, vous blottissant dans les bras reconnaissants de ceux que vous avez nourri. Ceux d’entre nous qui ont reçu tes bénédictions ne l’ont pas toujours reconnu, mais tes actes d’amour nous sont parvenus, nous permettant de devenir plus forts et nous insufflant la lumière de l’amour. Merci.

Jeff Brown
 

Auteur de Soulshaping- A Journey of Self-Creation www.soulshaping.com

Source : Le Calendrier Maya. Remerciements à MC pour son travail de traduction.

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