Yin, je prononce ce mot à voix haute, et déjà je
perçois les sonorités douces, rondes, caressantes et généreuses qu’évoquent
pour moi la féminité. Et vous, qu’entendez-vous ? Caractérisant le terme plus
sauvage de sexualité, cela me porte à la réflexion sur la sexualité féminine.
C’est un lieu commun de dire que la sexualité
féminine est réglée sur un cycle : nous pensons bien sûr au cycle menstruel.
Croyant souvent nous connaître assez, nous en restons là ; pourtant la réalité
de nos comportements, souvent inadaptés ou maladroits, tant dans notre vie
personnelle, dans nos relations aux autres que dans nos contacts avec
l’environnement, prouve que nous nous connaissons mal. Et si l’évidence servait
de base à une réflexion plus profonde ?
C’est vrai le cycle menstruel marque la vie
sexuelle des femmes : avec un peu d’attention, chacune peut remarquer les
périodes de son cycle où sa libido est plutôt en sommeil ou plutôt exaltée, les
connaissez-vous ? Symptômes pré-menstruels affectant peut-être l’humeur,
période des règles vécue comme un poids par l’une, comme un soulagement par
l’autre ou encore avec indifférence ou au contraire célébration de ce rappel
intime de son « être femme », période de préparation à l’ovulation, période
ovulatoire naturellement favorable à une sexualité active, puis préparation à
l’abandon d’un nid douillet finalement inoccupé cette fois-ci… ou absence de
règles et c’est là l’annonce d’un recommencement : une grossesse préparant
l’arrivée d’un être neuf, un nouveau cycle s’inscrivant dans ceux de votre
famille, de votre communauté, de votre culture, de l’humanité.
Chaque matin la femme adulte capable d’activité
sexuelle entame un cycle journalier : où sa sexualité trouvera-t-elle
aujourd’hui le temps de s’exprimer dans l’agenda des occupations familiales,
ménagères, sociales, professionnelles ? Comment l’exprimer ? Madame, quelle
place donnez-vous à votre sexualité, chaque jour, chaque semaine, chaque mois,
chaque année, chaque amant , chaque mariage, chaque vie… ?
Chaque fille naissante entame un cycle de vie
marqué par la sexualité féminine : les premières années placées sous
l’insouciance d’une vie sans menstruations mais déjà marquées par l’impact
culturel et social : cette enfant a un rôle féminin à tenir, défini
différemment selon son entourage. Ce rôle continue de se préciser avec
l’apparition des premières règles : la femme en période de fertilité a une vie
sexuelle constamment influencée par sa capacité à enfanter. Concevoir ou non un
ou plusieurs enfants, éviter à tout prix de tomber enceinte ou devenir mère à
tout prix, là encore les possibilités sont vastes mais aucune de nous ne peut
faire l’impasse sur ces questionnements et les décisions à prendre. Puis
l’approche inéluctable de la ménopause conduit encore chaque femme à traverser
des remises en question : avoir encore un premier ou dernier enfant avant qu’il
ne soit trop tard ? Comment vivre cette période d’adaptation à une autre étape
de vie ? Quelle influence sur la vie sexuelle, la séduction, le désir ?
Chaque femme fait partie du cycle des femmes de
sa lignée que j’appellerai verticale : comment vivez-vous votre place et votre
sexualité de femme par rapport à votre maman, vos grands-mamans, et toute la
lignée féminine de vos ancêtres ? Comment vivez-vous votre place et votre
sexualité féminine par rapport à vos filles, déjà nées, rêvées ou à venir ? Que
vous a-t-on transmis et que faites-vous de cet héritage ? Que
transmett(r)ez-vous ?
Chaque femme fait aussi partie de la grande
ronde des femmes vivant sur cette planète : nous rappelons-nous que nous sommes
quelques milliards à assumer la même condition, à faire face aux mêmes soucis ?
Nous ne sommes pas seules et cette lignée horizontale nous touche de près : comment
vivent leur sexualité nos sœurs, nos tantes, nos cousines, nos amies, nos
collègues, nos voisines ? Bien au-delà de la curiosité, quels échanges
avons-nous avec elles, qu’apprenons-nous d’elles, que leur apportons-nous ?
Nous bénéficions là d’une source inépuisable d’entraide, pour peu que nous
ayons l’humilité d’accepter d’y puiser, ce qui a pour remarquable effet
d’enrichir la source et non de l’assécher.
J’ai pu remarquer que nous sommes environ une
femme sur quatre à souffrir dans notre coin de difficultés sexuelles et
gynécologiques liées à une situation d’affaiblissement du plancher pelvien, par
suite d’hygiène de vie défavorable, d’accouchements sans rééducation périnéale
convenable, de fuites urinaires occasionnelles d’effort s’installant et devenant
chroniques, simplement parce que l’importance de l’entretien du plancher
pelvien est sous-estimée ou non reconnue, comme s’il était plus valorisant
d’entretenir ses cheveux et la beauté de ses ongles que de soigner ses organes
reproducteurs et son aptitude au plaisir. Si c’est votre cas, mon amie, à qui
en parlez-vous, où trouvez-vous une écoute ? Les témoignages apportent souvent
la réponse « chut, c’est tabou, inéluctable, acceptez votre sort en silence »
!? Mes amies, si cette situation vous touche, sachez qu’il existe des pratiques
simples à mettre en œuvre pour y remédier.
Voici deux exemples :
• Debout naturellement, fermez les yeux et
ressentez votre posture en passant en revue l’appui de vos pieds nus sur le sol
jusqu’à l’inclinaison de votre tête, en passant par la position de votre bassin
et de votre dos : vous tenez-vous droite, cambrée, penchée vers un côté, voûtée
? Ne vous jugez pas, faites cet exercice avec amour pour votre corps afin de
prendre conscience de son état actuel, puis si nécessaire rectifiez votre
posture verticale : placez vos deux pieds parallèles et légèrement écartés,
répartissez le poids du corps dans chaque jambe et chaque pied, placez votre
bassin en position neutre, qu’il ne soit ni poussé en avant, ni tordu ni cambré,
étirez votre dos vers le haut comme pour grandir, épaules et bras relâchés,
placez votre tête droite et regardez à l’horizon ; sentez la différence dans
votre position, puis imaginez que vous portez sur la tête un pot, comme les
femmes d’Inde ou d’Afrique, faites quelques pas en portant ce pot qui ne doit
pas se renverser, arrêtez-vous et à nouveau sentez votre posture.
• Pendant quelques minutes, asseyez-vous
tranquillement dos droit, sur une chaise ou en tailleur sur un coussin, fermez
les yeux et placez votre attention dans le ventre ; respirez tranquillement,
placez vos mains doucement sur le ventre au-dessous du nombril, et sentez le
mouvement léger de l’air venir soulever et creuser alternativement votre
ventre, sans effort, sentez la vie animer votre bas-ventre. Puis déplacez votre
attention dans le plancher pelvien, compris entre le pubis et le coccyx, et peu
à peu imaginez que votre respiration se situe dans le périnée. En restant
concentrée dans le périnée, quand vous expirez contractez-le comme si vous
vouliez rapprocher l’orifice vaginal de l’anus, en inspirant relâchez doucement
la contraction, faites cette respiration plusieurs fois ; quand vous arrêtez,
restez encore quelques instants simplement attentive à votre ressenti dans la
zone travaillée. Refaites l’exercice en contractant le périnée
transversalement, comme pour rapprocher les deux ischions l’un de l’autre.
Observez : le travail de contraction-relâchement doit être produit par les
muscles du périnée, ne contractez ni les fessiers ni les cuisses. Les
sensations, pas toujours évidentes au début, deviennent de plus en plus
subtiles avec la pratique.
Il existe toute une gamme d’exercices simples de
ce type, nécessitant peu ou pas de matériel et ne prenant que quelques minutes
; répétés quotidiennement pendant quelques jours à quelques semaines, cela
suffit dans un premier temps à transformer votre regard, votre relation et
votre ressenti de vos zones intimes, puis ils vous aident à tonifier et
renforcer le plancher pelvien, ce qui améliore la qualité de la vie sexuelle et
atténue ou remédie aux soucis d’incontinence et de descentes d’organes
notamment.
Le cycle menstruel n’est que l’un des cycles
régulant la sexualité féminine, comme un cercle moyen en entourant de plus
petits et entouré de plus grands : d’ailleurs, souvent conjugué à l’influence
du cycle lunaire, le cycle féminin n’est-il pas partie intégrante d’un cycle
cosmique dont l’ampleur et le but échappent à nos sens et à notre esprit?
Réfléchissons à la place de notre féminité et de notre sexualité dans
l’univers, et vivons-la humblement mais en affirmant notre reconnaissance
d’être femme et avec le plus grand plaisir, comme un hommage célébrant ainsi la
pulsation de vie universelle.
Isabelle Van Wynsberghe
Suisse, Février 2009
Francesca du blog http://etredivinaufeminin.blogspot.fr/
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