L'aspect négatif de l'image de
la Mère originelle, c'est principalement son caractère dévorant.
D'après Erich
Neumann, les ogres et les ogresses, les monstres de toutes sortes qui menacent
les héros des mythes et des légendes ont toujours un lien étroit avec la Grande
Déesse Mère.
Psychologiquement parlant, il est alors question de la force
d'attraction que l'inconscient exerce sur le conscient. Comme je l'ai déjà
mentionné, toute la vie psychique se joue comme une lutte entre des forces
contraires. L'instinct de conservation, qui veut s'assurer que l'individu ne
coupera pas le contact avec ses racines et ne se perdra pas dans des attitudes
et des comportements inadaptés ou de nature à mettre sa vie en danger, peut
entraver son développement et l'emprisonner dans une sorte d'inertie psychique.
Dans les mythes, la victoire du Moi sur ces forces menaçantes est symbolisée
par la victoire du Héros masculin sur le monstre féminin.
Dans cette lutte
épique, le Héros est supporté par le Père divin spirituel. Ceci signifie, pour
Erich Neumann, que les forces psychiques qui soutiennent la formation du Moi
individuel, de la conscience personnalisée, ont un caractère masculin, aussi
bien chez la femme que chez l'homme. C'est d'ailleurs aussi ce que pense le
freudisme en soutenant que c'est le père qui coupe le cordon ombilical qui
retient et le fils et la fille à la mère et à l'état d'inconscience et
d'irresponsabilité infantile.
Lorsque le Héros échoue dans son entreprise,
comme c'est le cas d'Attis, d'Adonis, de Dionysos, d'Osiris, etc., il meurt
dans la fleur de l'âge, castré, démembré, et dévoré par la Grande Mère ou ses
suppôts. Cela signifie que l'attraction de l'inconscient a réussi à empêcher le
Moi de se former en tout ou en partie. La mort du Moi c'est, ou bien la
stagnation dans un état d'inconscience et d'immaturité, ou, dans les cas
graves, la psychose.
La mort du Héros peut cependant signifier le passage par
un état ténébreux et souffrant qui sera suivi d'une résurrection, d'un nouvel
enfantement. Alors le sein de la Grande Mère devient un vase de transformation.
Francesca du blog http://etredivinaufeminin.blogspot.fr/
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