L’adolescence vient d’un mot latin qui veut dire
CROITRE. Ni enfant, ni encore adulte, c’est un être en construction, malléable,
influençable, infiniment fragile. Il n’est pas encore autonome mais contient en
lui plein de graines de possible. Nous n’avons envers lui qu’une seule
responsabilité : lui donner tous les outils nécessaires pour qu’il puisse
trouver lui-même des réponses adaptées, des réponses aux questions que la Vie
ne manquera pas de lui poser. Pour qu’il puisse amener sa propre note de
musique dans le grand orchestre qu’est l’univers ! Sa propre couleur dans la
palette du grand peintre, sa propre vibration.
On peut dire qu’être adulte signifie avoir une
personnalité intégrée qui gouverne notre corps harmonieusement en se mettant
progressivement au service de notre âme. Notre corps est formé de trois parties
qui s’emboîtent comme des poupées russes. Chaque partie va s’affirmer et se
développer dans une période donnée de notre vie.
D’abord c’est le corps physique : jusqu’à 7 ans
l’enfant va consacrer toutes ses forces, sa volonté, à maîtriser au mieux ce
corps physique qui lui permet son incarnation terrestre. Il va apprendre à
tenir sa tête, puis tenir assis, debout puis marcher, courir, sauter, danser :
il va contrôler ses sphincters. Enfin, il va apprendre à utiliser toutes les
facettes de ce costume physique pour le valoriser au mieux et certes, ce n’est
pas toujours facile : 208 os, des centaines de muscles. Pour aider cet
apprentissage, l’enfant va tourner ses sens vers l’extérieur et découvrir ainsi
de plus en plus finement à travers son corps le monde qui l’entoure. A cette
période de la vie, l’enfant vit au présent, il vit les événements, les
expérimente mais il n’a pas encore conscience de ce qu’il fait. C’est notre
conscience à nous, parents, qui le porte. Souvent s’il fait une bêtise, nous
lui disons : “mais te rends-tu compte de ce que tu as fait ? As-tu seulement
conscience de ce que tu fais ?” L’enfant nous regarde hébété : autant de mots
sans sens, insensés pour lui. Lui il vit juste dans son corps physique, ses
désirs sont ceux de ses parents pour lui : ils ont froid, faim, soif, autant
pour lui…
De 7 à 14 ans environ, l’enfant va justement
apprendre à développer son corps émotionnel, c’est-à-dire son senti, son
affect, ses émotions, ses désirs propres. A cette période-là, s’il fait une
bêtise, que sa mère attristée le gronde, lui peut répondre qu’il n’est pas
triste, que ça ne le dérange pas. Il affirme ainsi progressivement son corps
émotionnel mais il garde profondément en lui le code familial avec ses
principes, ses rituels, ses interdits. Car il est pétri de ça aussi ! Comme il
n’a que très peu encore développé sa faculté de discernement entre ce qui est
bon ou non, bien ou non, utile ou non pour lui, il s’appuie toujours sur ses
lois familiales avec aussi ses non-dits.
Tout cela, il va commencer à le remettre en
cause non sans fracas, à l’âge de l’adolescence. L’adolescence marque le
passage d’un être à deux corps, physique et émotionnel, à un être à trois corps
avec le développement du mental. Le mental est bien différent de
l’intelligence. L’intelligence nous permet de trouver des réponses adaptées à
un problème concret, avec un esprit analytique, mathématique, synthétique. Le
mental, lui, permet de capter des idées abstraites, des intuitions qui vont
nous permettre de chercher un sens à ce que nous vivons. A cet âge-là, c’est le
début des dissertations en classe.
L’enfant va donc passer là une période
importante, incontournable où chaque idée, chaque concept, chaque règle va être
revu et corrigé par lui. Ces règles, ces lois pouvant être celles de la mère,
du père, du village, de la patrie… jusqu’à présent, il pouvait dire oui sans
broncher au “parce que c’est comme ça !”, “un point c’est tout !”, “ne discute
pas !”.
Maintenant revient en lui le mot qu’ont les tous
petits de 3-4 ans quand ils répètent inlassablement des “pourquoi ?”. Mais ces
“pourquoi”-là ne sont pas forcément émis verbalement. Il tourne la question
dans sa tête, la retourne et va chercher une réponse raisonnée cette fois,
utile, vraie. S’il ne la trouve pas seul, il va la chercher dans la force du
groupe qu’il côtoie, que ce soient les copains de classe, le club de sport, le
groupe de musique.
S’il ne trouve toujours pas de réponse, il va
expérimenter le problème lui-même ou prendre souvent immédiatement le
contre-pied de ce qu’on lui a demandé. Il fait l’inverse au grand dam des
parents et éducateurs qui, bien souvent, ne voient-là qu’un défi, une
confrontation, un conflit à réprimer au plus vite !
Pourtant si nous savions seulement ce que cette
démarche-là, de l’adolescence, a d’essentiel ! Nous respecterions mieux cette
cohérence qui aide à former l’intégrité de ce corps mental, qui aide à CROITRE,
à se trouver soi-même...
Dominique V., médecin
Francesca du blog http://etredivinaufeminin.blogspot.fr/
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