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mercredi 9 décembre 2015

La femme incarne les puissances de la vie


Pourquoi ces femmes sont-elles des initiatrices ? ou : pourquoi la femme est-elle liée au sacré, à la spiritualité ?



On aimerait répondre par ce paradoxe qui n’est qu’apparent : la femme est sacrée parce qu’elle a un corps, parce qu’elle permet l’incarnation, passage et métamorphose.
Ce corps est lieu de tous les possibles, lieu de la réalisation spirituelle ; il permet l’expérience, par rapport à la théorie qui, abstraite, penche du côté du Diable : c’est la distance qui sépare l’Arbre de Vie de l’Arbre de la Connaissance ; goûter de ce dernier seulement équivaut au mythe de Faust ; si l’homme (Faust) vend son âme au Diable, c’est parce que, d’abord, il a renié son corps.
Sans doute la femme est-elle, plus que l’homme, enracinée dans son corps, ses sensations, ses frémissements ; et si l’homme a du mal à vivre (par nature ou par culture) à la fois son corps, son esprit et son cœur, la femme ne fait guère de distinction, et a une expérience plus unitive ou globalisante. C’est ainsi que, par exemple, les hommes disserteront volontiers sur la Divinité, tandis que les femmes se diront amoureuses de Dieu.
Le ventre de la femme donne à l’homme l’expérience de la tombe et du berceau, et cette grotte, cette caverne obscure, servira de modèle (archétype) pour les lieux d’initiation. Mystères de la vie, plaisir et fécondité, porte de vie et de mort, voilà ce que paraît receler tout corps de femme. La femme, en qui l’homme se recrée, et qui peut donner naissance à un enfant, incarne les puissances de la Vie, et l’énergie divine aussi bien si, selon le mot de Romain Rolland, Dieu est « naissance perpétuelle ».
Les plus anciennes figures féminines retrouvées par l’archéologie ont été systématiquement appelées « déesses-mères », comme pour suggérer que c’était là un culte de fécondité biologique, en relation avec la fertilité des terres, l’abondance du gibier. C’est une appellation bien restrictive. Si ces femmes ou déesses sont « mères », c’est parce qu’elles sont initiatrices, c’est-à-dire qu’elles procurent la fécondité spirituelle.

Les femmes représenteraient ainsi l’immanence du sacré, la Présence et le présent ; l’homme, lui, cherche plutôt à « transcender », à sublimer, à créer une distance là où la femme vit plutôt la coïncidence. Serait-ce la nuance qui distingue le désir de l’amour-fusion ?

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