Pourquoi
ces femmes sont-elles des initiatrices ? ou : pourquoi la femme est-elle liée
au sacré, à la spiritualité ?
On
aimerait répondre par ce paradoxe qui n’est qu’apparent : la femme est sacrée
parce qu’elle a un corps, parce qu’elle permet l’incarnation, passage et
métamorphose.
Ce corps
est lieu de tous les possibles, lieu de la réalisation spirituelle ; il permet
l’expérience, par rapport à la théorie qui, abstraite, penche du côté du Diable
: c’est la distance qui sépare l’Arbre de Vie de l’Arbre de la Connaissance ;
goûter de ce dernier seulement équivaut au mythe de Faust ; si l’homme (Faust)
vend son âme au Diable, c’est parce que, d’abord, il a renié son corps.
Sans
doute la femme est-elle, plus que l’homme, enracinée dans son corps, ses
sensations, ses frémissements ; et si l’homme a du mal à vivre (par nature ou
par culture) à la fois son corps, son esprit et son cœur, la femme ne fait guère de
distinction, et a une expérience plus unitive ou globalisante. C’est ainsi que,
par exemple, les hommes disserteront volontiers sur la Divinité, tandis que les
femmes se diront amoureuses de Dieu.
Le ventre
de la femme donne à l’homme l’expérience de la tombe et du berceau, et cette
grotte, cette caverne obscure, servira de modèle (archétype) pour les lieux
d’initiation. Mystères de la vie, plaisir et fécondité, porte de vie et de
mort, voilà ce que paraît receler tout
corps de femme. La femme, en qui l’homme se recrée, et qui peut donner
naissance à un enfant, incarne les puissances de la Vie, et l’énergie divine
aussi bien si, selon le mot de Romain Rolland, Dieu est « naissance perpétuelle
».
Les plus
anciennes figures féminines retrouvées par l’archéologie ont été
systématiquement appelées « déesses-mères », comme pour suggérer que c’était là
un culte de fécondité biologique, en relation avec la fertilité des terres,
l’abondance du gibier. C’est une appellation bien restrictive. Si ces femmes ou
déesses sont « mères », c’est parce qu’elles sont initiatrices, c’est-à-dire
qu’elles procurent la fécondité spirituelle.
Les
femmes représenteraient ainsi l’immanence du sacré, la Présence et le présent ;
l’homme, lui, cherche plutôt à « transcender », à sublimer, à créer une
distance là où la femme vit plutôt la coïncidence. Serait-ce la nuance qui
distingue le désir de l’amour-fusion ?
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