Etre
femme dans les décennies précédentes signifiait s’engager sur des rails
préétablis qui pouvaient s’avérer oppressants, mais qui avaient le mérite de
situer la destinée de chacune. Actuellement, les croisements et choix de vie
sont multiples et surtout, ils mettent la plupart des femmes dans des attentes
quasi impossibles, les soumettant à des pressions diverses et constantes. Le
corps de la femme, loin de se libérer, reste enfermé dans des standards
éloignés de sa réalité psychophysiologique, standards qui s’avèrent mouvants en
fonction des desiderata des publicitaires, des créateurs de mode, des
magazines… et cela dès le plus jeune âge. Le paraître féminin est toujours
d’actualité, toujours déterminant dans le sentiment d’être et d’existence de la
femme. Pas étonnant dès lors d’observer cliniquement le nombre de plus en plus
élevé de troubles alimentaires sous différentes formes (anorexie, boulimie,
cycles chroniques avec vomissements), parfois même avant la puberté chez de
jeunes « Lolitas » en mal d’être avec leur corps souvent non sexué. Être femme
aujourd’hui, naître femme aujourd’hui : est-ce là une tâche enfin aisée,
pouvant se réaliser sans de nombreuses difficultés, cela d’autant plus dans un
domaine évolutif, mouvant, où les concepts ne sont jamais immuables
De nombreuses femmes aujourd’hui se
sentent tiraillées, soumises à de multiples pressions quant au comportement
sexuel adéquat à adopter : que ce soit en termes de multi-orgasmes, de sodomie,
de sadomasochisme, d’échangisme, de visionnement de films pornographiques, de
fantasmes sexuels divers… il est de bon ton de tout apprécier, de tout accepter
pour ne plus entrer dans le moule méprisant de la femme frigide et coincée qui
ne savoure pas le sexe.
Est-il toujours aussi difficile, paradoxalement, pour
une femme de dire « non » quant à son vécu corporel et sexuel ? Attention,
notre propos n’est absolument pas de juger moralement si telle pratique
sexuelle, sous quelque forme que ce soit, est acceptable ou non, à partir du
moment où elle est vécue entre deux adultes consentants et en pleine possession
de leur libre arbitre. Néanmoins, socio-culturellement et psychologiquement
parlant, notre sentiment est qu’un certain nombre de femmes (nombre
difficilement quantifiable, il est vrai !) vivent leur sexualité sous le
registre de l’obligation, voire de la performance et non plus sous le registre
de l’interdit. Il est consternant d’observer que l’éducation sexuelle de pas
mal d’adolescents masculins s’effectue, de nos jours, par l’intermédiaire de films
pornographiques qui, très souvent, véhiculent des messages dégradants sur
l’image et le comportement sexuel de la femme (bien éloignés d’un respect
mutuel). Films qui, de plus, les perturbent quant à leur propre image
masculine, avec des interrogations fréquentes que nous retrouvons plus tard en
consultation sur la taille du pénis, sur la longueur de la période réfractaire,
sur la durée du rapport sexuel… comme si les ébats pornographiques devenaient
la norme idéale à suivre !
La sexualité
et le corps de la femme apparaissent obéir à une logique de performance, où
bien souvent la rencontre amoureuse et sexuelle est soumise à des schémas de
fonctionnement inscrits socio-culturellement en décalage avec le rythme et le
désir de la personne.
Une
sexualité « ouverte, libérée », tant pour les hommes que les femmes, doit
s’affranchir dans notre société des interdits et tabous rigides d’antan, tout
en étant attentifs à ne pas mettre notre sexualité sous une nouvelle emprise
socioculturelle, médiatique, créant des normes de comportements à suivre qui
peuvent se révéler tout aussi oppressantes…
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