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samedi 31 mai 2014

Les Apôtres au Féminin

Parler de Marie m’amène spontanément à vous entretenir des femmes 
qui entouraient quotidiennement le Christ.
D.Meurois 

Ce n’est pas une question secondaire. Elle est, au contraire, beaucoup plus importante qu’on ne le croit. Lorsque remontent en moi les scènes du « passé », je suis stupéfait de constater l’importance que revêtaient effectivement ces femmes dans la proximité immédiate du Maître. Le fait qu’on les ait pratiquement éliminées en tant qu’éléments majeurs et actifs de la propagation du Message les rend d’autant plus intéressantes. 

En vérité, on ne censure généralement que ce qui dérange parce que non conforme à l’ordre établi… Et l’ordre établi c’était, bien sûr, un ordre masculin de type totalitariste lequel s’est insidieusement propagé jusqu’à nous, essentiellement traduit par la compréhension et les intentions de Simon-Pierre et de Paul, l’ex Saül de Tarse. Pour ma part, je puis affirmer que le Christ comptait presque autant de femmes que d’hommes pour proches disciples et que celles-ci, de part leur nature intuitive, ont vraisemblablement reçu son enseignement de façon plus profonde et plus pure. Il va de soi que les polarités masculine et féminine étaient remarquablement équilibrées en la personne du Maître Jeshua, cependant l’ouverture de coeur et le déconditionnement que ses actes et sa Parole suscitaient faisaient incontestablement appel en priorité à la sensibilité féminine de l’être. 



Dans une société pétrie de réflexes patriarcaux, cela choquait, cela indisposait. Des apôtres de la première heure, tel Simon-Pierre, ont plus ou moins consciemment refusé de quitter ces réflexes car c’était tout l’ordre de leur fonctionnement intérieur qui était mis en cause. Pour en revenir encore à Simon-Pierre, sans vouloir nier l’importance de son rôle en tant que meneur d’hommes, rappelons que l’un des traits dominants de son caractère était incontestablement la jalousie. J’ai déjà signalé qu’il se montrait extrêmement réactif face à certains événements d’où il se sentait exclu mais je n’ai pas précisé que sa révolte intérieure se manifestait surtout lorsqu’il lui fallait admettre que quelques femmes, dont Marie de Magda-la, bénéficiaient d’enseignements qui dépassaient de loin sa capacité de compréhension. 

Il était d’ailleurs de notoriété publique que le Maître réservait des moments particuliers pour enseigner régulièrement quelques très petits groupes de femmes. Cette réalité irritait aussi au plus haut point le clergé de l’époque et je crois qu’elle n’est certainement pas étrangère à la décision qui a fait du Christ un hors-la-loi dont il devenait urgent de se débarrasser.  Cette attention toute particulière que le Maître a accordée aux femmes en raison, disait-Il souvent, de leur capacité à mieux non pas comprendre mais incarner ce qu’Il transmettait L’a contraint inévitablement à une extrême vigilance quant à ce qu’Il pouvait déclencher en elles. 

Est-il besoin de préciser qu’un assez grand nombre de femmes ont éprouvé à son égard un puissant sentiment amoureux? La plupart s’en cachaient mais certaines ne pouvaient le dissimuler. Quant à Lui, Il en mesurait le risque tout en acceptant constamment de le courir. En effet, Il ne se cachait pas pour affirmer qu’une bonne part de la révolution intérieure dont Il était le Souffle ne pouvait se transmettre autrement que par les femmes… ou à travers l’espace féminin qui existe également en tout homme. D’ailleurs, l’apôtre Jean, dont on sait qu’il fut le disciple masculin le plus proche du Maître, était doté d’une sensibilité féminine évidente. 

Je me souviens qu’il était l’un des rares parmi nous à entretenir soigneusement sa chevelure et, d’une manière générale, sa mise vestimentaire. En cela, il ne faisait qu’imiter le Rabbi Jeshua lequel j’ai toujours vu accorder une constante importance à la propreté de son corps et de sa robe. Pour l’un comme pour l’autre, la simplicité d’une tenue n’excluait pas le soin qu’on se devait d’y apporter, témoin du respect naturel à accorder au Principe d’harmonie. En ce qui concerne l’entourage féminin du Maître, il est certain qu’il suscita à deux ou trois reprises quelques petits drames affectifs dont la plupart étaient basés,  comme on s’en doute, sur la jalousie. L’un de ces événements se solda une fois, me souvient-il, par le soudain reniement du Maître et de son enseignement. La disciple, qui se nommait, je crois, Bethsabée préféra abandonner sa démarche plutôt que d’accepter de renoncer à la manifestation d’un amour passionnel envers Lui. Le Maître, de son côté, n’eut aucune réaction, ce qui poussa Bethsabée à des débordements qu’on qualifierait aujourd’hui d’hystériques et salissants pour Celui qui l’avait enseignée. 

Le fait de ne pas réagir – tout au moins pas sur le coup – dans un tel cas avait aussi pour le Christ valeur d’enseignement. Sa méthode était souvent de laisser les émotions des uns et des autres monter jusqu’à leur paroxysme. Il permettait ainsi aux scories de la personnalité de se consumer encore un peu plus ou, tout au moins, de se révéler au grand jour et d’être identifiées afin d’envisager une guérison ultérieure. Dans la pensée du Maître, si le corps devait parler, il fallait alors qu’il parle, d’une façon ou d’une autre, faute de quoi des strates de boues s’empileraient dans la mémoire qui lui est propre. Ainsi préférait-Il une violente colère ou un rejet plutôt qu’une silencieuse incompréhension ou une pesante frustration par lesquelles l’être implosait lentement. Lors de semblables circonstances, Il s’exprimait donc peu, toujours avec des mots extrêmement choisis, parfois percutants mais jamais blessants. Je dirais que la douceur ferme était un des traits majeurs de sa Présence. 

Pour en revenir à Bethsabée, je sais que le Maître lui tendit une main salvatrice environ six mois après l’explosion de son reniement. Il trouva le moyen de la faire venir en sa présence, la fit asseoir devant Lui et la pria simplement de méditer en sa compagnie. Lorsque la rencontre silencieuse prit fin, tous ceux qui connaissaient bien Bethsabée ne purent que remarquer la Lumière qui l’habitait. Elle n’était plus la même femme; avec le temps et l’ultimedéclic du rayonnement du Christ, elle avait découvert l’autre visage de l’amour qu’elle devait Lui porter et ce qu’il lui était demandé d’en faire. En réalité, ce que le Maître attendait de beaucoup n’était autre que le courage de dépasser les mille facettes de l’orgueil et de cette tension de l’âme qui a tendance à tout pétrifier dans un réflexe d’égocentrisme. Il donnait à ceux qui se sentaient eux-mêmes prêts à donner ; c’est-à-dire à ceux qui acceptaient de se couler dans le mouvement naturel d’expansion de la vie. 

Il ne redressait personne mais montrait à tous à quoi peuvent mener les sinuosités de peur et de rétraction d’une conscience qui ne s’est pas encore totalement découverte. C’était sa façon d’indiquer à chacun son axe personnel de verticalité. Il ne combattait rien mais laissait ses adversaires du moment s’épuiser dans leurs gesticulations. Il est certain que les femmes de son entourage montraient à ce propos davantage de souplesse que les hommes. En sa présence, elles travaillaient leur propre qualité d’amour et la juste orientation de celle-ci, que ce soit dans le contexte de l’humanité quotidienne ou dans son prolongement vers l’Esprit. Pour le Maître Jeshua, l’amour ne pouvait pas avoir deux destinations, l’une parallèle à la Terre et l’autre pointée ver le Ciel. L’amour, à ses yeux, se développait et prenait toute sa signification au point de rencontre exact de ces deux directions apparemment contraires. Il se tenait donc au centre de la croix qui se dessine d’elle-même de toute éternité dans l’infinitude du cosmos. 



Si la domination masculine totalitariste qui s’est imposée dans la plupart des Églises a voulu gommer cet aspect de l’enseignement du Christ, il est certain que les temps bougent et qu’il n’est plus acceptable d’en rester là. Puisque nous en sommes à évoquer  l’importance de l’énergie féminine et des femmes elles-mêmes autour de Jeshua, j’ajouterai encore que la plupart des proches disciples du Christ avaient une épouse… ou simplement une compagne, malgré la réputation scandaleuse que l’on faisait alors à ce genre de situation. D’autre part, il est faux de croire que le Christ incitait les uns et les autres à quitter leur compagnon ou leur compagne de vie s’il le fallait pour Le suivre. Je ne L’ai jamais entendu prononcer de telles paroles et Il n’a jamais brisé la moindre union afin d’attirer à Lui. Que sa Parole ait créé des ruptures au sein de quelques familles est exact… mais certainement pas sur son incitation. 

C’était cet étrange mélange d’eau vive et de feu qu’Il communiquait nécessairement à certaines âmes qui plaçait celles-ci en état de désynchronisation d’avec leurs proches, et rien d’autre. Il y avait un point sur lequel Il ne transigeait pas et qui a sans doute prêté à une déformation de ses paroles : Pour le Maître, la Présence divine devait occuper le premier rang dans la vie d’un homme ou d’une femme. Cela se plaçait en toute logique dans son discours car Il affirmait que l’Essence de son Père résidait de toute éternité dans le cœur de chacun. Reléguer cette Essence ou ce Principe au second rang signifiait donc tout  simplement se nier soi-même, tant dans son origine que dans sa destination. – « Le Tout-Puissant est Tout, affirma-t-Il mille fois plutôt qu’une. Vous ne pouvez ni le retrancher de votre vie, ni en faire un simple élément de votre monde intérieur, un élément dont on se souvient seulement quand tout va mal. Il est Tout parce qu’Il est la Vie et vous êtes immergés en Lui tout comme Il l’est en vous. Ainsi, vous pouvez tout abandonner… sauf Son empreinte et Son chemin en vous. » L’histoire officielle promulguée par les Églises est elle-même pleine de contradictions. Tandis qu’elle prétend imposer la première place aux hommes dans l’entourage immédiat du Christ, les Évangiles canoniques, eux, ne citent que des femmes pour témoins immédiats de la régénération du Maître après sa crucifixion. Quant à la propagation du Message christique en Gaule, il est aussi l’affaire des femmes. Sur le pont des fameuses « barques » qui accostèrent dans le Golfe du Lion, on retrouve encore, bien sûr, Myriam de Magdala, Marie-Jacobée, Marie-Salomé, tandis que la Tradition y place aussi Sarah qui, comme on le sait, fait l’objet d’un culte important dans la petite ville côtière des Saintes Maries de la Mer, non loin de Nîmes


Extrait : Les messages Esséniens – Daniel Meurois-Givaudan  – les  enseignements premier du Christ. 

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