Pourquoi donc l’insatisfaction, même après des périodes de bonheur éphémère,
persiste-t-elle tout au fond de nous ? Peut-être parce qu’il y a en chacun une
conscience de la partie non révélée, non manifestée de toute la beauté humaine
qui crie son désir de vivre.
Une graine a-t-elle conscience de pouvoir devenir une fleur ?
Il y a le miracle de la vie et il y a le miracle de la Vie. Et cette Vie, cette
force de Vie, présence silencieuse et subtile au milieu du bruit de nos
existences, ne demande qu’à s’exprimer, à se manifester dans toute la beauté et
la pureté qu’est la lumière originelle de notre esprit et de notre cœur émanant
de notre âme. Mais encore faut-il en prendre conscience.
Le
féminin est doté d’attributs souvent considérés comme secondaires tels la
douceur, la patience, la sincérité ou l’humilité, et c’est bien là, dans ce que
certains pensent être de la faiblesse ou de la sensiblerie, que réside la
quintessence de notre véritable nature. Cette incroyable nature humaine
d’origine divine qui soutient l’architecture de notre incarnation et qui
diffuse son parfum d’authenticité à travers notre âme.
Il ne s’agit pas d’avoir, mais de donner. Il ne s’agit pas de montrer, mais de
manifester. Il ne s’agit pas de faire, mais d’être… devenir ce rayon d’amour,
de lumière et de bienveillance inhérent à notre nature première.
Le
féminin porte en lui une sagesse innée, une mémoire du juste et de la
tempérance. Ce féminin est désir de connaissance à travers Ève, virginité
exempte de souillure à travers Marie, paix à travers Esther, reconnaissance à
travers la Samaritaine, foi et fidélité à travers Marie-Madeleine. Au-delà du
schéma archétypal de la femme de sublimation, il existe ce désir de
connaissance qui nous ouvre à l’expérience, cette virginité qui nous ouvre à la
réceptivité, cette paix qui nous ouvre à la sagesse, cette reconnaissance qui
nous ouvre à la transformation, cette foi et cette fidélité qui nous ouvrent à
la divinité. Cet anima est présent autant en la femme qu’en l’homme ; il suffit
de le laisser être. Mais la sublime grâce donnée à la femme est de porter
l’enfant, de porter la vie, le pouvoir du devenir de l’humanité et de sa
planète. La femme est la terre de l’homme ; l’amour qui les unit est la fleur
du monde.
Le féminin, orient du monde intérieur
Là où le soleil se lève, où la lumière s’élève pour sortir de la pénombre
intérieure, la Vie nous cherche dans notre dormition et pousse le germe de la
fleur ensommeillée dans la graine. Le féminin, où le divin s’exprime plus qu’en
toute autre forme, nous pousse à grandir dans la verticalité et à nous ouvrir
vers l’infini. Il y a en chacun de nous cette réalité ultime de l’être d’éveil
qui ne demande qu’à se réveiller par son germe, à croître par sa tige, à se
révéler par sa fleur et à se manifester par son parfum.
Nous sommes à la fois masculin et féminin, l’un ET l’autre, et non pas l’un
sans l’autre, et lorsque l’équilibre des forces s’installe en nous comme le
battement des ailes de l’oiseau, l’énergie née de cette harmonie nous ouvre son
horizon à la Vie, au sens véritable de notre vie, pour nous conduire à la noce
intérieure. Alors seulement nous pouvons faire surgir le ciel de notre terre,
car nous avons à accoucher de notre ciel intérieur par notre terre intérieure,
et cette naissance ne peut se faire qu’à travers la force du féminin. Mettre au
monde le divin, nous recréer à partir de l’incréé, nous donner naissance à
travers notre incarnation ou peut-être simplement devenir ce que nous sommes
depuis toujours.
Puissance
féminine, force de vie qui nous montre le chemin vers l’or du ciel et ouvre la
porte secrète qui mène vers l’infini de l’éternel.
Le pouvoir des larmes
Une
graine ne peut germer dans un sol aride. Mais si le sol est humide et arrosé de
pluie et de soleil, alors oui, la vie s’éveille.
Un
cœur a besoin d’être humide pour pleurer. Un cœur aride et sec devient dur
comme la pierre ; rien de bon ne peut alors en émaner. J’ai eu la chance
d’avoir le cœur mouillé, trempé, inondé même. Lorsque cette eau du cœur monte à
la surface des yeux pour couler en rivières de larmes, l’épais rideau de
l’incohérence intérieure s’effiloche jusqu’à, un jour, lointain et proche à la
fois, laisser apparaître en soi l’infinie beauté et pureté de l’âme.
Le
pouvoir des larmes, pouvoir de l’être féminin, est bien trop souvent incompris,
méprisé et sous-estimé. Faut-il laisser pleurer le cœur pour le libérer des
douleurs, des doutes, des colères, des désespoirs et de toutes nos guerres
intérieures ? Faut-il se laisser pleurer pour grandir dans son cœur, pour qu’il
atteigne un jour la véritable joie intérieure et le trésor caché de l’âme ?
Apprendre
à lâcher son orgueil ou sa honte, puisque le regard des autres n’a de prise que
grâce à nos peurs. Pleurer est une force incroyable du féminin de l’être, dont
l’effet reste insoupçonné dans les esprits étriqués par le jugement ou enfouis
dans l’ignorance. Les larmes sincères nous conduisent droit vers l’humilité ;
et plus profond nous puisons ces perles d’eau de vie, plus haut notre âme se
révèlera dans sa divinité.
C’est dans la nudité, c’est de l’immaculé, qu’émane la Lumière. Et lorsque ce
mystère de Vie s’opère en nous, l’ultime apparaît pour se déployer encore et
encore… jusqu’à l’infini. Dans ce subtil et puissant rayonnement de splendeur
intérieure, de cette fleur divine de l’âme, naît alors une forme nouvelle de
larmes. Pure essence de douceur, larmes « intercédantes », pluie d’amour qui
descend du ciel vers la terre pour se répandre en compassion et en don du Soi.
De nos larmes émane alors un parfum de miracle ; parce que ces larmes-là sont
manne de vie… manne tombée du ciel, née du ciel pour émaner d’Amour et devenir
fontaine de Grâce.
Francine SCHNEEBERGER D’HAU
Spécialisée dans les domaines de la thérapie intégrative ; Accompagnement
spirituel ; Auteure ; Fondatrice du Centre Colomblanche.
Pratiquer la paix au quotidien, Éditions Colomblanche, 2015.
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