La
divinité suprême réunit en elle à la fois les éléments mâles et les éléments
femelles ; on dit qu’elle est androgyne, cependant, le Principe masculin et le
Principe féminin nous sont souvent présentés comme dissociés et l’une des
principales caractéristiques de la gnose éternelle est la place donnée à la
déesse dans le couple divin. Celle-ci est aussi appelée la Mère divine ; elle
exprime la force vitale universelle qui se manifeste et elle est la conscience
de la manifestation. La terre et la mer en tant que réceptacle et matrice de
la vie lui sont rattachées.
Le
Principe masculin est symbolisé par le ciel. Il est une image de la
transcendance ordonnée, sage et juste. Sa grandeur se traduit par un sentiment
d’absence qui effraie et attire en même temps. Il est celui qu’on veut être en
supprimant la distance et la différence alors que la Mère divine est investie
de privilèges exceptionnels pour faciliter l’identification au Père. On sait,
par exemple, que le culte et les rites de la fécondité liés aux manifestations
sexuelles étaient réservés à la Grande Déesse. Ces constantes nous les
retrouvons avec des variantes dans toutes les grandes traditions excepté dans
le judaïsme, religion exclusive du Dieu mâle.
On a
tantôt reproché aux gnostiques de se laisser aller à une sexualité débridée et
à des pratiques perverses, tantôt parlé de leur aversion de la chair et de leur
propension à une ascèse coupée de la vie. L’étude des Manuscrits de Nag
Hammadi permet une vue plus objective et plus nuancée de l’attitude des
gnostiques envers la femme, souvent assimilée, dans le judaïsme et dans le
christianisme, au démon tentateur.
Les écris
gnostiques témoignent du souci de transcender la vision d’un univers scindé en
deux entités contraires : Lumières et Ténèbres, Bien et Mal, Esprit et Chair.
L’essence de l’univers est, pour le gnostique, au-delà du dualisme, et la gnose
se propose de le conduire là où les entités ne sont plus contraires.
La gnose,
en invitant l’homme à répondre à la question « Qui suis-je ? » lui demande
d’approfondir par l’intériorisation sa condition. Il s’agit donc pour lui de
se dépouiller de ses vêtements psychiques, organiques, sociaux et historiques.
Deux voies s’offrent à lui au départ : celle de l’ascèse qui permet de prendre
ses distances avec le monde pour mieux se défaire de ses habitudes et de sa
torpeur aliénantes, ou celle qui consiste à se libérer des interdits moraux à commencer par les interdits sexuels,
en les bravant et en poussant l’expérience jusqu’à la débauche et la
perversion. Ascèse et licence ont
finalement le même but : dépouiller l’homme de
ses conditionnements afin de l’amener à découvrir sa vraie nature.
oui, et alors ???
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