Par la naissance, la mort et le
renouveau, la mythologie de la Déesse mère révèle une représentation cyclique
du temps, où il n’y a ni commencement (création) ni fin, et non linéaire. Le
temps cyclique c’est celui des saisons, avec le labourage, les semailles et les
récoltes. L’hiver est le temps du repos afin d’accumuler les forces pour le
réveil du printemps. Vouloir s’activer toute l’année sans discontinuité est antinaturel
et néfaste pour l’homme. Car l’homme fait et fera toujours un avec la nature
malgré ce que veulent lui faire croire les religions patriarcales. Ainsi,
le dieu-serpent Apophis des anciens Égyptiens apparaît dans le Livre
des Morts comme le grand régénérateur et initiateur du monde souterrain et
solaire. Mais il ne va pas tarder à apparaître comme une puissance hostile, en
déclenchant intempéries et raz-de-marée, tout comme le serpent Midgardorm des
livres sacrés de l’Edda scandinave. En revanche, dans la Bible, le
temps est représenté comme une « flèche » (la flèche du Temps),
dressée du Commencement, la Création, jusqu’au Jugement dernier, avec
l’avènement du Messie ou du Royaume de Dieu. La vision cyclique de l’Histoire
est une vision païenne. Dans tous les mythes païens, le labyrinthe était le
symbole de la vie cyclique, du devenir.
« Tout revient éternellement,
mais avec une dimension nouvelle, parfaite contradiction de la ligne, de la
conception unilinéaire du temps. » Jean
Haudry, Le livre cosmique des Indo-européens.
En revanche la croyance dans le Dieu
biblique, implique donc la croyance au progrès, et fait du Progrès, ce
« désir d’avenir », un mythe.
« Ce mot magique [le Progrès]
fait de l’avenir un but et un accomplissement et conduit à imaginer que le
temps est le chemin de la perfection »
Michel Lacroix
Peut-on encore croire au progrès ? (ouvrage
collectif).
Les
serpents des arbres sacrés de la Déesse
Dans de nombreux mythes, le serpent
tellurique (parfois deux) vit autour d’un Arbre de la Vie, situé dans un jardin
divin. Dans la Genèse, de la Torah et de l’Ancien Testament, l’arbre de la
connaissance du bien et du mal est situé dans le jardin d’Eden, ensemble
avec l’Arbre de Vie et le Serpent. L’arbre de vie est parfois rattaché à
la Menorah (grand chandelier sacré) du temple de
Jérusalem. Les chrétiens ont souvent assimilé la croix du
Christ avec l’arbre de vie car, comme lui, elle donne vie à
l’humanité. Il donne la perpétuation de l’espèce. Il est à ne pas
confondre avec l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Cet arbre est
aussi mentionné plusieurs fois dans l’Apocalypse (Ap. 2,7 ; Ap.
22,14 ; Ap. 22,19).
La
pomme de l’arbre de vie : le pouvoir de la procréation
Croquer le fruit de l’Arbre de Vie
représenté à côté de la Déesse à Sumer, en Crète, en Inde, chez les
Celtes, c’est vouloir reprendre le divin pouvoir d’engendrement. Sur le
même schéma, la Déesse Héra siégeait sous l’arbre aux pommes d’or du
jardin des Hespérides où veillait son serpent Ladon que doit tuer Héraclès
pour pouvoir cueillir les fruits. Ailleurs et ailé, le serpent-Dragon
sera aussi éliminé par le Père, les saints n’étant pas en reste,
de Michel à Georges en passant par Paul et Patrick. Les serpents
sacrés gardés dans les temples égyptiens jouaient le rôle
d’agents procréateurs du dieu. Chez les Grecs, les femmes
stériles s’étendaient toute la nuit sur le sol du temple d’Asclépios,
dans l’espoir d’être fécondées par le dieu sous la forme d’un serpent. Étaient-ce
les esprits des morts qui surgissait de trous souterrains sous forme de
serpents dans les cultes crétois, avant qu’Apollon détruise Python à
Delphes ? Dans la mythologie celte, la pomme est le fruit de science, de magie
et de révélation, Avallon est l’« îles aux femmes » où poussent les
pommiers de l’éternelle jeunesse. Fruit de régénérescence en Scandinavie,
il est sacré en Inde où il y donnait une eau de vie miraculeuse de quatre
cents ans.
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