Il s’agit d’un art traditionnel qui consiste à dessiner
au henné des motifs élaborés sur les mains, ou sur les pieds à l’occasion d’une
cérémonie. Le dessin peut durer un mois. L’une des plus importantes cérémonies
précédant les mariages indiens est le mehendi ki raat. L’application du mehendi
aux fiancés avant le mariage est l’une des plus anciennes traditions de l’Inde
et des pays voisins : Pakistan, Bangladesh, Népal. Le Mehendi représente le
lien de mariage, considéré comme un signe de bonne fortune, il signifie l’amour
et l’affection au sein du couple et de leur famille respective. La cérémonie de
Mehendi est une célébration colorée, musicale et animée, qui diffère selon les
coutumes des familles. Elle a lieu, habituellement, la veille du mariage. La fiancée
et les autres femmes de la famille reçoivent les décorations mehendi sur les
mains et les pieds. Mehendi est aussi connu pour ses propriétés médicinales.
L’herbe qui la compose est très bonne pour la croissance des ongles, elle
produit un effet rafraîchissant qui aide à soulager le stress, les maux de tête
et la fièvre…
PRESENTATION ET HISTOIRE
Le henné est d'abord une plante, répertoriée sous le nom latin de Lawsonia
inermis, qui pousse sous les climats chauds et secs, principalement du
Maroc à l'Inde, en passant par l'Egypte, la Syrie, l'Iran ou le Pakistan.
Mais la culture se pratique aussi, à petite échelle, dans des pays ou régions
tels que la Chine, l'Indonésie, les Antilles... L'arbuste, dans les
conditions les plus favorables, mesure jusqu'à trois mètres de haut, et c'est
sa feuille, séchée et réduite en poudre, que l'on utilise pour
pratiquer l'art de la peinture corporelle. La fleur, blanche, rose
ou jaune selon les variétés, est petite et parfumée ; son distillat est utilisé
dans l'industrie cosmétique.
Les appellations sont nombreuses : henné, hina, al-henna ; le
mot mehndi (parfois mendhi, mehendi ou mehandi) est réservé à
la poudre, à la pâte et à la pratique du tatouage temporaire... Les Tamouls,
quant à eux, parlent de l'arbuste marudhani, marudhôndri ou aïvanam,
mais ils pratiquent sans doute moins que des peuples nord-indiens la peinture
corporelle au henné, probablement pour des raisons culturelles et des raisons
pratiques dues à la couleur de peau.
L'histoire du
henné et du mehndi est très ancienne et, finalement, assez bien connue. On la
fait aisément remonter à plusieurs milliers d'années. Les moins avares, ou les
plus aventureux, évoquent l'époque de la vieille cité de Catal Huyuk,
il y a quelque 9 000 ans, dans ce qui deviendrait bien plus tard la Turquie.
Certaines représentations liées au culte d'une déesse de la fertilité tendent à
faire penser que l'on utilisait le henné dans ce contexte religieux.
Les
autres traces ou témoignages sont nombreux : il y a 5 000 ans, les Egyptiens coloraient
de henné ongles et cheveux des momies, on en a retrouvé des traces sur celle de
Ramsès II ; la légende de Baal et Anath, rédigée en Syrie vers
2 100 av J-C., révèle l'usage féminin du henné sur les mains, dans les rites d'épousailles
; les mains de statuettes de divinités féminines minoennes ou mycéniennes (vers
1 700/900 av. JC.) portent des marques typiques de motifs au henné ; les Carthaginoisapportèrent
la pratique du dessin corporel au henné jusquà l'Afrique du Nord et la
péninsule ibérique... Romains, Juifs, Chrétiens et Musulmans d'Arabie
et d'ailleurs pratiquaient plus ou moins couramment cet art.
L'introduction en
Inde semble remonter au V ième siècle, comme pourraient le prouver des
découvertes dans les grottes d'Ajanta. En ces temps, hommes et femmes, riches
et pauvres, humains, divinités ou démons étaient représentés avec des
décorations corporelles au henné. Mais c'est, au XIIème s., l'arrivée des Moghols,
musulmans, qui marque le début d'une tradition et d'une véritable culture du
mehndi dans le Sous-Continent. Les souverains Râjputs d'Udaipur (ou Mewar, au
Râjasthân) utilisaient le henné en applications sur les pieds et les mains,
pour ne citer qu'une référence célèbre. Les préparations, les techniques
d'application, les motifs, devinrent alors de plus en plus sophistiqués, et les
habitudes d'utilisation de plus en plus ancrées dans la vie de chacun, selon
des principes esthétiques, religieux, culturels ou médicinaux. Il faut noter
qu'une très traditionnelle et typique occasion d'utiliser le mehndi est
l'ensemble des cérémonies de mariage : on rejoint là les pratiques les plus
anciennes, évoquées plus haut.
Les motifs du mehndi indien sont variés : entrelacs et figures
géométriques chez les musulmans, motifs figuratifs, souvent inspirés de la
nature (oiseaux, mangues, feuilles et fleurs...), chez les hindous, tandis que
les Tamouls recourent à des dessins circulaires dans la paume de la main et des
aplats colorés enveloppant de bout des doigts et le pourtour des pieds (ce sont
de telles pratiques qui sont appliquées notamment par les danseuses, à la
Réunion par exemple).
De nos jours le
henné, comme le tatouage véritable d'origine polynésienne, connaît une mode qui
dépasse de loin les frontières de sa zone traditionnelle de pratique. On peut,
dans ce domaine comme dans tant d'autres, parler de mondialisation. Les
symbolismes, significations culturelles et autres dimensions religieuses sont
généralement bien oubliés, et ne demeure plus qu'une motivation esthétique,
souvent très métissée d'ailleurs : les influences se mêlent, puisant leur
inspiration chez les Berbères aussi bien que chez les Celtes, dans la tradition
indienne aussi bien que dans la modernité occidentale... Des créateurs professionnels
et autres spécialistes ont pignon sur rue, prospérant notamment aux
Etats-Unis...
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