"Ma compagne était devant son ordinateur, en
larme. Elle m’a repoussé quand je me suis approché et continua de lire ce
texte jusqu’à la fin, mot après mot, larme après larme. J’ai vite été envahi
par cette tristesse qui se répandait si intensément. J’ai pleuré moi aussi,
sans même savoir ce que contenait l’objet du malheur. Un peu plus tard, j’ai lu
cette lettre ouverte de Nadirah Angail. Je me suis rappeler ces
personnes si chères qui ont pleuré et celles qui pleurent encore. J’avoue avoir
moi aussi prononcé plusieurs de ces phrases blessantes. Je
suis un idiot".
Oui Mesdames votre ventre vous appartient
Je vous propose une traduction libre du texte en question.
J’espère qu’il permettra d’éviter des larmes pour toutes les femmes, d’éviter
aussi à d’autres de prononcer ce genre de paroles qui font mal. J’espère
aussi que ce texte fasse réfléchir. En ce qui me concerne, c’est clair :
oui Mesdames votre ventre vous appartient.
Quelque part vit une une femme de 30 ans, sans
enfants. Les gens lui demandent sans cesse:
Alors, toujours pas d’enfants?
Sa réponse varie d’un
jour à l’autre, mais comprend généralement des sourires forcés et de la
retenue. «Non, pas encore»,
répond-elle avec un léger sourire, en prenant sur elle.
« Eh
bien, il ne pas attendre indéfiniment. Le temps est compté tu sais » lui lance celui qui croit tout savoir,
avant de s’en retourner, satisfait de lui-même d’avoir donné des conseils d’une
telle sagesse. La femme retient son sourire. Quand elle est seule, elle pleure…
Des pleurs parce
qu’elle est tombée enceinte à 4 reprises déjà et a fait 4 fausses couches. Elle
pleure parce qu’elle espère une grossesse depuis sa nuit de noces, il y a 5 ans
déjà. Elle crie parce que son mari a une ex-femme qui lui a donné des
enfants. Des cris parce qu’elle aimerait tellement tenter une fécondation in
vitro mais n’en n’a pas les moyens. Des cris parce qu’elle a déjà tenté cette
fécondation in vitro par le passé, à plusieurs reprise même, mais n’a toujours
pas d’enfants. Des cris parce qu’avec son meilleur ami, ce n’est absolument pas
envisageable, «ce serait trop bizarre» dit-elle. Des cris parce que son
médicament empêche la grossesse. Elle pleure parce que cette question délicate
provoque des tensions entre elle et son mari…
Encore des cris
car les médecins lui disent que tout est normal chez elle, mais au plus
profond d’elle même, elle croit que se sont eux qui ne comprennent rien. Des
cris parce que son mari culpabilise tellement, la situation devient de plus en
plus difficile à vivre. Des cris parce que ses sœurs ont des enfants. Des cris
aussi pour cette autre soeur, qui elle, ne veut même pas d’enfants. Des cris
parce que sa meilleure amie est enceinte. Des cris parce qu’elle a reçu une
invitation pour fêter une énième naissance. Des cris parce que sa mère ne cesse
de lui demander: «Qu’est-ce que tu attends ma
fille? » Des
cries aussi parce que ses beaux-parents attendent de devenir grands-parents.
Des cris parce que ses voisins ont des jumeaux qu’ils traitent comme
des vauriens…
Elle pleure parce qu’à 16 ans elle est tombée enceinte sans le
vouloir. Des pleurs parce qu’elle est une tata incroyable. Des cris parce
qu’elle a déjà trouvé les prénoms. Elle pleure en passant devant la pièce
toujours vide de sa maison. Elle pleure aussi à cause de ce vide dans son
corps. Elle pleure parce qu’elle et son homme ont beaucoup à offrir. Des pleurs
parce que son mari serait un bon père. Des pleurs parce qu’elle serait surement
une super maman… mais elle n’est pas maman.
Ailleurs, cette autre femme qui à 34 ans et 5 enfants.
Les gens lui disent:
Cinq? Bon dieu, j’espère que vous avez terminé!
Et puis ils rient… parce que ce genre de commentaire est drôle.
La femme rit aussi, enfin, elle rit jaune à vrai dire. Alors elle change de
sujet, comme elle sait le faire, et passe outre le manque de respect, un fois
encore. Elle aussi, quand elle est seule, elle pleure…
Des pleurs parce qu’elle est enceinte du sixième et a
l’impression de devoir cacher sa joie. Elle pleure parce qu’elle a toujours
voulu une grande famille et ne voit pas pourquoi cela perturbe tellement les
gens. Elle pleure de ne pas avoir eu de frères et sœurs avec qui partager son
enfance. Elle crie car à 12 ans déjà, elle voulait avoir beaucoup
d’enfants comme sa grand-mère. Elle pleure parce qu’elle ne pouvait pas
imaginer sa vie sans ses enfants. Des pleurs car les autres considèrent sa
situation comme une punition. Elle pleure parce qu’elle ne veut pas être à
plaindre. Des pleurs parce que les autres sont persuadés que ce n’est pas
ce qu’elle voulait. Des cris à cause des sous-entendus qui insinuent qu’elle
est irresponsable. Elle crie parce les autres croient qu’elle n’a pas son
mot à dire. Des cris parce qu’elle se sent incomprise…
Des pleurs parce qu’elle est fatiguée de défendre ses choix de
vie. Des pleurs parce qu’elle et son mari sont parfaitement capables de
s’occuper de leur famille, mais cela ne semble pas compter aux yeux des autres.
Des cris parce qu’elle est fatiguée de ces commentaires « pour
rigoler ». Des cris parce qu’elle a su se réaliser, et que tout ce qu’elle
souhaite, c’est que chacun trouve sa propre voix. Des cris parce que parfois
elle doute et se demande si elle aurait dû arrêter au quatrième. Des cris parce
que les gens sont toujours très rapide pour critiquer et beaucoup plus lent
pour apporter leur aide. Des cris parce qu’elle se rend malade de cette
situation. Elle pleure parce qu’elle n’est pas un numéro de cirque. Elle crie
d’entendre tous ces gens impolis donner leur opinion sur sa vie privée. Elle
crie parce que tout ce qu’elle veut, c’est vivre en paix.
Enfin, cette autre femme de 40 ans qui a un enfant. Les
gens lui disent:
Un seul? Vous n’en vouliez pas plus?
«Je
suis heureux avec mon enfant unique»,
répond-elle calmement, des paroles maintes fois répétées. Ce qui peut
parfaitement s’entendre. Personne ne se doute que seule, elle pleure…
Elle pleure parce que sa seule grossesse qui soit arrivée à
son terme était un véritable miracle. Elle pleure d’entendre son fils lui
demander sans cesse d’avoir un frère ou une sœur. Elle pleure parce
qu’elle en a toujours voulu au moins trois. Elle crie parce que sa
deuxième grossesse a dû être interrompue pour sauver sa propre vie.
Des cris parce que son médecin estime qu’une autre grossesse serait «à
haut risque». Des pleurs aussi parce qu’elle a du mal à prendre soin de
l’enfant qu’elle a. Des cris parce que son mari n’aura pas eu le temps d’envisager
ce deuxième enfant. Des cris parce que son mari est mort et qu’elle n’a pas
trouvé l’amour à nouveau…
Elle pleure parce que sa famille pense qu’un seul ça suffit.
Elle crie parce qu’elle est profondément impliquée dans son rôle et
ne peut pas aller au delà. Des cris parce qu’elle se sent égoïste. Des pleurs
parce qu’elle n’a toujours pas perdu le poids de sa première grossesse. Des
cris aussi parce que sa dépression post-natale a été intense. Des cris parce
qu’elle ne peut pas imaginer revivre ce passage de sa vie à nouveau. Elle
pleure parce qu’elle a des problèmes physiques que sa grossesse n’a fait
qu’exacerber. Des cris parce qu’elle se bat encore contre la boulimie. Des cris
parce qu’elle a dû se faire enlever l’utérus. Elle pleure parce cet autre bébé
qu’elle désire, jamais elle ne l’aura.
Ces femmes sont partout. Elles sont nos voisines, nos
amies, nos sœurs, nos collègues et nos cousines. Elles n’ont rien à
faire de nos conseils ou de notre avis. Leur ventre leur appartient. Respectons
cela.
---> D’après
un texte original en anglais de Nadirah Angail paru sur son
blog.
Faites
découvrir ce texte à vos ami(e)s. Permettez-leurs d’être touché par son
message. Offrez-leurs cette possibilité de regarder au fond de soi-même.
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