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vendredi 11 mars 2016

Tantra : SOS Ethique !


Aujourd'hui, le Tantra se développe considérablement en France. De plus en plus de personnes s'auto-proclament "animateurs" voire "initiateurs": Ateliers, stages, séances individuelles, les portes d'accès vers l'intimité sacrée fleurissent un peu partout. Phénomène de mode ? Réponse adéquate aux errances des relations hommes-femmes ? L'avenir le dira.

Aujourd'hui, après plusieurs années de pratique de cette voie aussi ardue que magnifique, je ressens la nécessité d'une éthique spécifique. Pourquoi ?


Le Tantra, dans son essence, invite à lever le couvercle de notre marmite sexuelle, l'instance la plus archaïque de notre être, la plus chargée d'inconscient. Donc, potentiellement, la plus libératrice d'énergies vitalisantes. Ce processus peut révéler nos blessures intimes, flambées de désirs, intensifications des transferts et projections, blocages/déblocages, violences, relation avec l'autorité, avec l'argent, etc.

Habituellement, ces mouvements invitent à des réactions "horizontales", en interaction avec l'autre.

Dans le principe de la voie multimillénaire, ces énergies se transforment dans la "verticalisation" : Le feu sexuel, consumant les névroses, vitalise le cœur et l'âme, aboutissant souvent à un ressenti délicieux nommé "la flûte intérieure". C'est l'axe de reliance terre-ciel.

Lors de ces puissants sursauts énergétiques, la qualité de l'encadrement devient de première importance: J'évoque la personne qui accompagne et son enseignement.

Au-delà de la déontologie habituelle de la relation d'aide qui interdit le passage à l'acte entre le thérapeute et son client, je désire ici pointer deux autres transgressions, énergétiques et sensuelles, qui relèvent de la même gravité :

J'ai vu des animateurs de stages s'impliquer avec leurs participants dans les pratiques et exercices qu'ils proposent, abandonnant ainsi leur place de gardien du cadre et des règles sécurisantes. Symboliquement, le père faisant l'amour avec ses enfants, il crée un inceste énergétique, donc une possibilité de cataclysme psychique violent. Le père-animateur doit rester à distance, inondant de son amour les processus de guérison de chacun.
Autre cas choquant, les séances individuelles, parfois intitulées "massages tantriques". Vendre de l'intimité sensuelle avec un client, c'est entrer en prostitution sensuelle, ni plus, ni moins. Et cela transgresse l'interdit fondamental.

J'invite les praticiens tantra à s'interroger sur leurs niveaux de maturité sexuelle, affective et spirituelle. La maturité sexuelle se mesurant à la capacité de rester le sujet, et non l'objet, de ses désirs et attirances. La maturité affective étant contraire au besoin d'être aimé (l'animateur peut recevoir des sentiments/projections négatifs sans réduire son investissement affectif à l'égard de ses clients). Quant à la maturité spirituelle, elle peut se mesurer à la capacité d'intégrer sa solitude existentielle, c'est-à-dire la profondeur du ressenti d'être seul au monde et relié.

Voilà mes propositions de vigilance, pour préserver cette voie que j'aime pour sa fabuleuse puissance d'éveil quand le cadre est tenu.

Brihadaranyaka Upanishad : la Chandogya:

La femme, en vérité, Gautama, est le feu, l'organe sexuel est le combustible, la toison pubienne est la fumée, la vulve est la flamme, l'insertion du pénis les charbons, les sensations agréables sont les étincelles. Dans ce feu, les dieux offrent la semence; de cette semence naît la personne.



par Eric GRANGE pour le magazine Signes et Sens

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