Le but de cette introduction est de fournir
une présentation sommaire, et bien entendu non exhaustive de la déesse, mais
nous aborderons malgré tout son importance dans la mythologie grecque, ses
rapports de filiation avec d’autres figures et ses attributions et images
courantes.
Hécate est avant tout une
déesse nocturne, et plus précisément profondément lunaire comme de nombreuses
figures féminines des panthéons polythéistes.
Ses attributions révèlent
d’emblée son dualisme, puisqu’elle est aussi bien une divinité fertile que la
déesse de l’ombre et des morts. Cette ambivalence permanente de la déesse
entre l’Ombre et la Lumière, à la fois donneuse de vie et porteuse
de mort, est sans aucun doute ce qui est le plus imprégné en elle, et c’est
aussi ce qui fait la richesse des rapports que nous pouvons entretenir avec
Hécate. Bien que moins connue que certaines figures essentielles du panthéon
grec, elle n’en demeure pas moins une divinité primordiale au sein de la
mythologie hellène : fille de deux titans, Homère fait d’elle la mère de Scylla
dans l’Odyssée, et Hésiode, dans sa Théogonie, révèle le rôle fondamental qui
lui est confié par Zeus.
Mais Hécate est aussi la
déesse des carrefours. En tant que telle, on la représente parfois dotée de
trois corps et trois têtes regardant dans des directions différentes. Cette
dernière attribution est certainement l’une des plus importantes dans le
rapport qu’entretiennent avec elle les païens d’aujourd’hui.
Une déesse qui subjugue
Oui Hécate subjugue, par
une notion de dualisme sur laquelle je reviendrai souvent, à savoir qu’elle
attire et qu’elle fascine au moins autant qu’elle effraie. Ces deux sentiments
sont inhérents au caractère couramment véhiculé d’Hécate et à ses attributions.
Car en effet, que ce soit via son aura de figure féminine, le mystère de son
environnement nocturne, son tempérament considéré (à tort je crois) comme
imprévisible, sinon instable, voilà autant de choses qui fascinent et qui
effraient déjà chez un homme ou une femme, alors comment ne pas éprouver ces
sentiments, et plus exacerbés encore, chez une divinité ?
Mais cette ambivalence à
travers l’attirance qu’elle suscite, indissociable de la méfiance qu’elle
inspire, doit être dépassée pour atteindre enfin le véritable dualisme de la
déesse, notamment dans ses interventions lorsque nous sommes amenés à faire
appel à elle. Alors prenons notre courage à deux mains, et explorons sans
attendre la profondeur d’Hécate.
Une divinité à double
tranchant
Ce qui caractérise
incontestablement Hécate dans l’esprit de nombre de païens et de pratiquants,
c’est cette notion de « double tranchant » qui lui colle à la peau. De fait,
Hécate est une déesse de la nuit, une déesse des carrefours, une déesse enfin
du changement. Autant de choses qui inquiètent et il est vrai qu’Hécate est
également aussi prompte à venir en aide qu’à punir (durement
parfois). Pour autant, je suis convaincu que dans son aspect nocturne, il faut
voir pour nous la perspective de l’aurore, que face au carrefour, une nouvelle
voie s’offre à nous, que dans le changement, nous devons compter sur le
renouveau.
Au final, le vrai dualisme
d’Hécate est ici, dans ce mi-chemin entre l’Ombre et la Lumière, et là est sa
beauté aussi, de nous permettre d’aller selon nos choix, d’un côté ou de l’autre.
Mais cela devra se faire, dès lors que l’on travaille avec elle, avec beaucoup
d’humilité, à nos risques et périls parfois, mais je suis persuadé
que nous avons tout à y gagner, et cela m’amène au point suivant.
Par delà la crainte, un
véritable guide
Il est peut-être temps, je
crois, de parler un peu de pratique. De par ses attributions, nous faisons
souvent appel à Hécate pour des rituels de bannissement, et il est vrai qu’elle
jouera dans ce cas son rôle à merveille, mais il faut alors voir le bannissement
au sens large. On l’évoquera par exemple pour se débarrasser des influences
néfastes d’une personne, mais également d’une dépendance, et allons encore plus
loin, Hécate est un support formidable pour tout travail sur soi-même, visant à
se débarrasser d’entraves qui nous sont propres. En somme, dès lors que vous
visez un changement positif, un renouveau vers quelque chose de bénéfique,
dès lors que face à une bifurcation vous devez prendre un nouveau chemin,
Hécate est une alliée précieuse.
Elle vous effraie toujours
? Oui sans doute un peu, et vous avez en partie raison. Car Hécate n’est pas
une composante d’un rituel, c’est une entité, avec toute la force que cela
suppose, mais bien plus selon moi, c’est un guide. Car lorsqu’on est amené
à travailler avec Hécate, et qui plus est sur du long terme, c’est avant tout
avec nous-même que nous travaillons. Hécate est difficile d’accès, mais lorsque
nous finissons par la trouver, c’est nous-même que nous trouvons. Et le respect
qu’elle exige dans notre pratique est avant tout le respect que nous nous
devons à nous-même; tout comme l’humilité qu’elle réclame est celle que nous
devons avoir face à nos propres défaillances, que nous pouvons cependant
surmonter par elle. En cela Hécate, plus qu’une divinité, est bel et bien un
véritable guide pour qui ne craint pas de se confronter, plus qu’à la peur
qu’elle inspire, à ses propres peurs.
En conclusion, pratiquer
avec Hécate
Je terminerai cet article,
après avoir évoqué les rituels au sein desquels elle peut intervenir avec
succès, et le rôle de guide qu’elle peut jouer au quotidien pour peu que l’on y
soit prêt, en rappelant que si Hécate peut nous sublimer, elle ne se prive pas
non plus de nous remettre à notre place si notre démarche avec elle n’est pas
cohérente.
Il faudra donc savoir faire
preuve d’humilité, mais sans peur pour autant; de respect pour elle sans se
nier soi-même, autant de qualités que la déesse apprécie, tout comme les
offrandes abondantes d’ailleurs, qui devront constituer un véritable don de votre
part. Mais ce qu’il ne faut surtout pas perde de vue, c’est que ce qu’Hécate
attend de nous, ce n’est ni plus ni moins que ce que nous devons attendre de
nous-même.
Hécate, dans son dualisme,
c’est un peu notre propre miroir : elle nous renvoie nos maux aussi bien que ce
qu’il peut y avoir de plus beau en nous, elle nous sublime comme elle nous
enterre. Au final, à travers elle, c’est véritablement face à nos choix que
nous sommes confrontés. En elle nous trouvons nos limites comme nos
forces, et nous ne récoltons venant d’elle que les fruits de la semence que
nous lui avons proposée.
Source :
Magazine "Lune Bleue"
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