Dans
une relation tantrique, où l'aspect féminin est valorisé, la femme est dite
initiatrice. En effet, c'est elle qui guide l'homme vers une intimité sexuelle
basée sur les sensations subtiles, l'écoute et la présence à l'instant, sans
but à atteindre... tout est déjà là.
Dans
notre culture, la sexualité est de nature masculine, elle met l'accent sur la
performance, les techniques, le savoir-faire avec un but bien précis : atteindre
l'orgasme, gage d'une relation sexuelle réussie. Malgré tout, les frustrations
et les blocages persistent aussi bien pour la femme que pour l'homme. Dans
cette optique parler d'initiatrice prend même des connotations lourdes de sens
car la femme n'est pas valorisée. Un chamane sud-américain très connu dont
j'avais suivi quelques ateliers disait . « Tant que la
femme n'entre pas dans son plaisir, elle entretient le machisme de
l'homme ».
D'une certaine façon, oui, car en ne prenant pas sa place elle entretien le
côté masculin de la sexualité. En honorant sa féminité elle peut insuffler
petit à petit une nouvelle conscience, ni par le féminisme ni par la
compétition mais par la célébration !
Devenir
femme initiatrice ne s'improvise pas. Trop de femmes croient initier leur
compagnon mais leurs tentatives souvent maladroites ne sont reçues que comme
des critiques, des jugements, de la culpabilisation et ferme le dialogue et la
communication émotionnelle. L'homme se sentant incapable et déstabilisé dans son
rôle et dans son pôle « faire » se ferme de plus en plus, ou peut
perdre ses moyens et entretenir encore bien malgré lui frustration et colère
chez sa partenaire. Les deux partenaires entrent alors dans un cercle vicieux
pouvant mener à la rupture.
Pour
en avoir fait l'expérience, je peux vous assurer que dans ce mécanisme j'ai
blessé l'homme mais je me suis également beaucoup blessée, je me suis sentie
utilisée, trahie et mes frustrations ne faisaient qu'alimenter ma colère envers
l'homme. Je ne me sentais pas entendue ni comprise, pas aimée non plus. J'avais
plutôt en face de moi un mur ou une carapace que je tentais de percer et plus
je m'y employais plus elle se durcissait. Comme beaucoup de femmes, j'avais la
croyance que l'homme avait toutes les clés et que s'il ne savait pas les
utiliser c'est qu'il était incapable et égoïste. Il devait savoir, il devait
deviner et sentir alors que pour l'homme la femme est un mystère qu'il tentera
d'élucider par des techniques et « savoir-faire » pour surmonter ses
peurs.
Quels
ingrédients sont-ils nécessaires ?
Une
bonne connaissance de soi, de son corps, de son énergie vitale et sexuelle. La
capacité d'écouter et de prendre soin de ses désirs et besoins dans l'intimité,
d'écouter son rythme, et surtout de savoir s'exprimer. Dans mon expérience, par
un travail thérapeutique et tantrique soutenu, j'ai ouvert des portes à
l'intérieur. Ces clés que j'attendais de l'autre je les tenais en main !
J'ai pu guérir ma peur de l'homme, celle qui me mettaient en réaction par rapport
à lui et m'empêchait de m'abandonner. J'ai dû aussi faire un travail de fond
pour me réconcilier avec ma féminité blessée et humiliée. Je fais partie de ces
femmes qui sont très féminines dans leur apparence mais qui ont un côté yang
très fort. Ce côté yang secondaire me sert pour mes activités mais me
desservait dans l'intimité par son côté réactionnel. Du coup je ne me
laissais pas aimer et protéger car ma croyance était que je serais blessée et
abandonnée. L'acceptation de mes peurs profondes et de cet état contrôlant et
réactionnel a opéré dans les profondeurs de mon inconscient en m'apportant une
paix profonde, une confiance en moi sans limite et un grand sentiment de
liberté.
De
cette liberté est né l'écoute inconditionnelle de ce qui se passe en moi et une
certaine forme de magie opère parce qu'en m'ouvrant totalement à ma
vulnérabilité, à ma sensibilité à mes désirs j'ai pris soin de moi et permis à
l'homme de s'approcher tel qu'il est, avec sa force, ses faiblesses, ses
doutes, ses peurs, ses désirs différents des miens dans leur façon de
s'exprimer. En me redonnant de la valeur, en m'affirmant j'ai ouvert mon cœur,
et redonné de la valeur à l'homme.
Etre
à l'écoute nécessite d'éviter certains pièges : par exemple, vouloir faire
plaisir à l'autre alors que l'on a pas de désir est un manque de respect pour
soi comme pour l'autre. Un vrai non débouchera sur un vrai oui en sachant qu'il
y a mille manières d'être dans une relation intime favorisant le rapprochement,
le plaisir, la complicité. Sachez aussi à quoi vous dites non afin de pouvoir
vous ouvrir à ce qui serait juste pour vous sans fermer totalement la porte à
la rencontre. Faire l'amour ne se limite pas à la pénétration !
Il
ne s'agit pas tant de lui dire comment faire ou de lui dire notre
mécontentement ou nos frustrations, il s'agit de le guider en lui disant ce qui
nous fait plaisir dans l'instant, verbalement, ou en laissant parler son corps.
Cela va vous demander de vous donner le droit au plaisir, de l'investir
totalement, de jouer avec dans la sensualité, ce qui va guider et attiser le
plaisir de votre partenaire. Ecouter son plaisir ce n'est pas attendre un super
orgasme en se disant « Y a rien qui vient ! ». Centrée
dans l'instant cela va être d'être en phase avec son énergie sexuelle et la
sentir circuler, ou d'accueillir des petites sensations, un bien-être diffus,
peut-être juste l'envie d'être contre l'autre, à partir de là, dans une
respiration plus calme, une détente, peut naître un élan plus fort, un désir en
forme de vague qui vous prend vous emmène et vous emporte l'un et l'autre dans
une synchronicité de sensations.
Il
ne s'agit pas d'entrer dans une sexualité masculine en suivant le rythme de
l'homme qui sera plutôt à tendance rapide ou soutenue, mais de savoir goûter, savourer
ce qui ce passe en s'arrêtant sur ce qui est en train de se passer, en se
relaxant, en respirant profondément de manière à ce que l'énergie sexuelle
accumulée dans les organes génitaux puisse circuler et envahir le reste du
corps. Cela demande à oser l'inviter à vous rejoindre dans cet espace parce que
c'est là qu'est votre plaisir. Lorsque l'homme est dans l'action il n'est pas
dans le ressenti, il ne se laisse pas non plus toucher, à tous les sens du
terme. Si la femme l'invite à entrer dans son ressenti en ralentissant le
rythme, il va s'ouvrir et dans cette ouverture la rencontre peut se faire, une
rencontre de cœur à cœur, corps à corps, d'âme à âme. Là, les deux amants vont
se sentir nourris d'amour, dans une proximité profonde, non pas de surface. Là
est le changement parce qu'il y a rencontre, partage...
Dans
cet espace plus doux, le vagin se détend et les sensations peuvent alors se
diffuser, se transformer en vibrations, en vagues, l'homme aussi peut apprendre
à percevoir d'autres sensations au niveau de son pénis qui ne naissent pas dans
le mouvement bien au contraire. C'est par son sexe que l'homme transmet son
amour, car son énergie est pénétrante, c'est le propre de l'énergie masculine.
Dans cet espace de pénétration cet amour peut être recueilli, accueilli reconnu
au niveau du vagin. En percevant cet amour qui vient du sexe vous pouvez le
porter dans l'espace du cœur avec la conscience, l'attention, la présence. Cet
amour se ressent au niveau énergétique par des vibrations particulières. Ressentir
cet amour est très guérissant lorsque l'on a été blessée sexuellement, la femme
va se sentir respectée, honorée, aimée, elle va alors s'ouvrir encore plus à
l'énergie masculine. Si l'homme se sent ainsi reçu au niveau du sexe, il va
ouvrir son cœur. Les deux partenaires sont alors dans le donner/recevoir,
complémentaires dans leur énergie yin et yang, l'énergie d'amour va adoucir
l'énergie sexuelle, l'énergie sexuelle va attiser l'amour. Un cercle se forme
de l'un a l'autre, il n'y a plus de séparation.
Plus
vous serez à votre écoute plus vous allez affiner vos perceptions et sentir
aussi où est votre partenaire. S'il est trop centré sur vous il risque d'être
déconnecté de ses sensations au profit de votre plaisir. Vous allez le sentir
et vous pourrez alors l'inviter à se recentrer et à entrer dans son propre
plaisir. Il a parfois besoin de cette autorisation. Si la femme est dans son
plaisir, qu'elle l'entretient, en invitant l'homme a entrer dans le sien cela
va recréer une forme de fluidité naturelle entre les 2 corps. D'une manière
métaphorique on pourrait dire que dans la sexualité, l'homme est celui qui
donne l'impulsion électrique, la femme est celle qui transmet ou conduit le
courant... Cette transmission peut prendre naissance dans l'énergie du feu en
entrant dans votre côté plus animal, plus sexuel si votre corps vous guide
instinctivement dans cette énergie. Vous serez alors l'un et l'autre dans
l'aspect yang de la sexualité puis au bout d'un moment sentir que votre corps
passe à une autre vitesse de croisière, il entre dans l'aspect yin et aura
besoin de se relaxer, de s'abandonner à des sensations plus douces plus
subtiles et peut-être de vous faire entrer dans un espace plus
extatiquo-méditatif.
Contrairement
à ce que l'on pourrait croire ce n'est pas la femme qui prend les rennes, elle
prend tout simplement sa place dans une complémentarité avec l'homme. Elle va
l'inviter à explorer le côté féminin de la sexualité, ce côté qui fait trop
souvent défaut et qui fait qu'il y a tant de frustrations. En se donnant le
droit d'explorer toute sa palette de sensations elle va permettre aussi à
l'homme d'explorer les territoires de son féminin intérieur, devenir plus
réceptif sans pour autant qu'il perde de son yang, bien au contraire. Un homme
qui s'ouvre prend une autre consistance, car se sentant valorisé dans son côté
masculin il osera plus facilement entrer dans sa réceptivité. Une femme qui
honore sa féminité rayonne de l'intérieur, elle n'est ni fille, ni objet de
désir, ni mère... A vous de découvrir ce joyau !
Pour
que l'alchimie opère dans cette forme d'initiation, le couple aura besoin d'une
bonne communication, une confiance mutuelle, beaucoup d'amour, une grande
capacité d'ouverture, le désir d'explorer et d'instaurer une certaine qualité
et le temps nécessaire pour que cela s'installe. La femme est l'avenir de
l'homme chantait Ferrat...
Catherine
Weissbrodt-Delorme
Animatrice,
thérapeute psycho-corporelle depuis 12 ans, formée au counselling et relation
d'aide centré sur la personne (Carl Rogers) auprès de l'AFTCP de Lausanne, en
focusing (E.Gendlin, New-York), rêve éveillé, travail énergétique et
supraconscience, Tantra. Maman de 2 adolescents j'intègre au sein de ma famille
une qualité d'être et de conscience qui s'ajustent au quotidien.
Contact
: Gustave-Coindet 8 –
CH 1800 Vevey
Rue Jean-Jaurès – F 01200 Bellegarde-s/ValserineA voir sur www.etre-soi.com
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