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vendredi 3 février 2017

Les Déesses Terre en Méditerranée


Qu’est-ce que cela signifie lorsque nous identifions une déité féminine comme étant une Déesse Mère ? Est-ce que le terme Mère signifie une personne maternelle qui protège les enfants? Est-ce qu’une Déesse Mère signifie aussi une Déesse des naissances ? Est-elle une Déesse créatrice de l’univers ou une Déesse Terre (nommée aussi Terre Mère) ? Est-ce qu’elle est alors une Déesse de la fertilité ou une Déesse de la nature ?
Et que représente le terme fertilité ?
Déesse Mère pourrait signifier Déesse de la fertilité mais le terme fertilité est en soi plutôt vague et a plusieurs connotations. Le mot fertilité pourrait représenter la Terre en soi (fertilité de la terre) ou encore la vie végétale et agricole. Il pourrait aussi signifier la fertilité de la vie animale, comme celle des humains, et, conséquemment, la reproduction et les relations amoureuses. Comme vous le constatez, le terme fertilité est trop ambigu.

La Déesse Mère a d’ailleurs autant de rôles que de définitions. Elle peut aussi jouer le rôle de Terre Mère (Déesse Terre) et, parfois, les deux rôles sont confus et s’entremêlent comme dans le cas de la Déesse grecque Gaïa qui était connue pour son rôle de Terre Mère et de Déesse Mère. La Terre Mère est souvent perçue comme la force primale et la source de toute vie. Elle ne possède pas nécessairement un côté maternel. La Déesse Mère, elle, protège ses enfants et donne naissance aux divinités comme dans le cas de Rhéa, mère des divinités olympiennes. La Déesse Mère peut aussi être accompagnée par un consort de nature humaine ou divine, avec lequel elle doit s’unir périodiquement comme dans le cas de Cybèle et de son consort Attis. La Déesse Mère peut aussi avoir plusieurs attributs comme dans le cas de Déméter, Déesse du blé, Déesse Mère et Déesse de la fertilité.

Jusqu’ici, nous avons mentionné des Déesses connues grâce à la littérature et la mythologie. Nous n’avons pas mentionné les Déesses des civilisations égéennes de l’âge de bronze. Toutefois, les seuls écrits existant à propos de l’existence des divinités de l’âge de bronze sont les tablettes en linéaire B2 trouvées à Knossos et Pylos. Il n’existe aucune littérature ni aucune mythologie. Nous ne possédons aucune information à propos de leur culture, leurs croyances et leur histoire. Nous ne possédons que les noms qui apparaissent sur ces tablettes.
À Pylos, des tablettes dévoilent le nom de ME-TE-RE TE-I-JA, ou Mater Theia signifiant Déesse Mère. Qui était-elle? Nous ne pouvons que deviner et supposer…
Étant donné que les tablettes en linéaire B fournissent très peu d’informations pour déceler les divinités durant l’âge de bronze, les artefacts ont été d’une aide précieuse. Toutefois, les figures représentées sur les artefacts ne sont nullement identifiées et nous devons faire confiance aux experts qui tentent d’interpréter. Il est donc difficile de déterminer si les figures féminines représentent une Déesse, une prêtresse ou une chef de clan.
Ce que nous savons avec de plus en plus de cer­titude, c’est que les divinités féminines étaient plus adorées que les divinités masculines. Aus­si, il est de plus en plus certain que ces Déesses étaient généralement des Déesses Mère.
Certains experts croient que les civilisations minoennes et mycéniennes ne vouaient pas un culte à plusieurs Déesses, mais à une seule Déesse puissante, comme les Israélites qui adoraient un seul Dieu. Jusqu’au moment où nous décrypterons les textes en linéaire A, faits par les Crétois, nous ne saurons jamais avec certitude si les Minoens adoraient seulement des Déesses ou si des divinités masculines existaient.
L’arrivée des tribus helléniques apporta aussi le panthéon olympien dans lequel les divini­tés masculines dominaient, dont Zeus le Dieu suprême. Nous ne pouvons que spéculer sur le nombre de Déesses pré-helléniques qui ont survécu à la transition de l’âge de bronze à l’âge de fer. Nous avons ensuite assisté à la suppres­sion du culte des Déesses ou à la réduction de leur importance et de leur rôle.
La Maîtresse (Potnia)

PO-TI-NI-JA ou Potnia ressemble plus à un titre ou un rang qu’à un nom. Potnia signifie Maîtresse ou Dame. Potnia était une Déesse Mère ou Déesse de la nature. Il y a plusieurs épithètes au nom Potnia qui veut soit dire qu’une même Déesse avait plusieurs attributs ou visages, ou encore qu’il existait plusieurs Déesses. Étant donné le manque de sources fiables, le peu que nous savons sur les différentes Potnias sont pures spéculations. 
Maîtresse des Animaux (Potnia Theron)
Potnia Theron ou Maîtresse des Animaux est la Potnia la plus communément représentée dans l’art minoen et mycénien. Elle était aussi connue sous le nom de Dame des créatures sauvages, Maîtresse des bêtes sauvages et plusieurs autres appellations.
Toutefois, il est important de noter que le nom Potnia Theron n’a pas été retrouvé sur les tablettes en linéaire B. Ce nom est en fait une appellation moderne pour désigner les Déesses phoégéennes de l’âge de bronze représentées avec des animaux. Ce serait donc une erreur que d’affirmer qu’une Déesse en particulier portait ce nom. Potnia Theron est une Déesse de la nature, plus particulièrement une Déesse sauvage des animaux. Elle dirige tout ce qui est de l’ordre de la nature et des animaux.
Influences du Proche-Orient
Potnia Theron est associée à la Crète ou à la Grèce mais aussi à la Syrie et à Babylone. Durant l’âge de bronze, les liens commerciaux entre la civilisation minoenne et celle du Proche-Orient étaient si forts que l’on considère l’influence religieuse du Proche-Orient très importante. Dans l’art oriental, la Maîtresse des animaux est souvent représentée nue avec des animaux de chaque côté. Parfois, elle les tient dans ses mains par leurs oreilles, leur cou ou leurs pattes. Aussi, elle était parfois représentée se tenant derrière un animal démontrant son pouvoir auprès de la nature et de ses créatures sauvages.
Ces influences sont bien illustrées grâce à un vase datant du 4ème siècle avant J.C. repré­sentant la Déesse Artémis tenant un lion et un cerf par la gorge. Cependant, Artémis porte une longue robe, contrairement à son équivalent oriental.
Artémis est la Déesse la plus associée à Potnia Theron. Elle est la Déesse de la chasse, de la forêt et la protectrice des animaux sauvages. Potnia Theron peut aussi être associée à la Déesse chasseresse crétoise Britomartis ou Dyctinna. D’ailleurs, Britomartis est considérée comme l’ancêtre d’Artémis. Inutile d’expliquer plus longuement les liens infinis entre toutes ces Déesses.
Différences entre Potnia Theron et Artémis
Nous l’avons vu, Artémis est la Déesse grecque la plus proche de Potnia Theron, à cause de son engagement auprès des animaux sauvages. Toutefois, voici les différences pertinentes entre ces deux Déesses.
Artémis est habituellement représentée comme une vierge tenant un arc, symbole de chasse­resse. Potnia Theron n’a jamais été représentée avec un arc. Elle était une Déesse de la nature mais pas une chasseresse. Son pouvoir est re­présenté par le fait qu’elle tient les animaux avec force par leurs oreilles, leur gorge ou leurs pattes. De plus, Potnia Theron est représentée avec des ailes, ce qu’on n’a jamais vu dans les repré­sentations d’Artémis. Aussi, Artémis était sou­vent accompagnée de nymphes ou de femmes inconnues tandis que Potnia Theron était plutôt accompagnée de figures masculines, habituelle­ment des mortels comme des grands chefs ou des grands guerriers (comme dans les repré­sentations des Déesses du Proche-Orient). Ceci s’explique surtout par le fait que Potnia Theron était aussi la patronne des jeunes guerriers ce qui est plutôt intéressant car Artémis était parfois considérée comme la patronne de l’initiation des garçons devenant de jeunes guerriers à Sparte.

 La Déesse Serpent
En 1903, l’archéologue Sir Arthur Evans décou­vrit deux figurines de femmes dans un temple dans le palais de Knossos en Crète. Les figu­rines n’étaient pas complètes et donc, ont été reconstituées. Ces figurines ont été nommées « Déesses Serpent ».
Les Déesses Serpent ont été créées pendant la période minoenne, autour de 1700 avant J.C., au moment où la Crète avait atteint un niveau artistique très élevé. Il y a eu beaucoup de spé­culations à propos de ces figurines, surtout pour savoir quelle Déesse était représentée par celles-ci. Certains ont dit qu’elles représentaient sim­plement une charmeuse de serpents et d’autres, une prêtresse. Toutefois, la plupart croient que ces figurines représentent une Déesse tout sim­plement nommée Déesse Serpent mais aucune preuve ne confirme cette théorie.
La première figurine représente une femme por­tant une robe peu commune et sa poitrine est exposée. Sur sa tête, elle porte un chapeau et sur celui-ci, un chat est assis. Elle tient aussi deux petits serpents dans chacune des mains nous rappelant Potnia Theron, Maîtresse des Animaux tenant un animal dans chaque main. Les deux animaux qui l’accompagnent donnent quelques indices sur la nature divine de la Déesse Serpent. Le serpent, comme le chat, est un symbole de la vie après la mort, ce qui pour­rait signifier qu’elle est une Déesse chthonienne. Le serpent est aussi symbole de guérison, don­nant à la Déesse le pouvoir de guérir. Aussi, le chat pourrait représenter l’aspect sexuel et fertile de cette Déesse. D’ailleurs, ses seins ronds ex­posés appuient cet aspect important. Tout ceci pourrait indiquer que la Déesse Serpent est une Déesse Mère.
La seconde figurine est plus grande, elle porte une robe différente mais, comme la première, sa poitrine est aussi exposée. De plus, elle porte un haut chapeau. Elle tient un long serpent dont la tête est tenue dans la main droite. Le corps du serpent s’enroule autour du corps de la figurine et sa queue se trouve dans sa main gauche. Le second serpent est placé sur le sommet du cha­peau et s’enroule aussi autour du corps.
Les deux statuettes représentent le fait qu’il exis­tait une seule Déesse représentée de deux ma­nières ou encore le fait qu’il y avait deux Déesses Serpent.
Est-ce que la Déesse Serpent a survécu à l’inva­sion dorienne ? Plusieurs se demandent si une des Déesses de la mythologie grecque a hérité du rôle de la Déesse Serpent minoenne. Peut-être Artémis, Cybèle, Perséphone ou Déméter ?
Britomartis (Dictynna)
Britomartis est une Déesse crétoise de la nature et de la chasse. Son nom signifie « Douce Vierge ». Elle est la fille de Zeus et Carme, fille d’Eubulus. Elle est née à Caeno en Crète. Elle était considérée comme une nymphe crétoise. Britomartis était une chasseresse et était considérée comme la compagne d’Artémis. Il y eût même une théorie selon laquelle elle fût son amante. Comme Artémis, sa chasteté était très importante. Un jour, Minos, roi de Crète, tomba amoureux d’elle mais Britomartis refusa son amour, considérant que celui-ci était son demi-frère. Minos se mit à la poursuivre et la piégea sur le bord d’une falaise. Elle décida de se jeter à la mer, préférant mourir. Elle fût heureusement sauvée grâce aux filets d’un pêcheur. À cause de son ardeur et son désir de demeurer chaste, Artémis la récompensa en lui donnant l’immortalité.
Elle fut alors nommée Dyctinna, signifiant Dame des filets, désormais Déesse. Il semblerait que ce nom lui fût désigné plus tôt car Britomartis a in­venté le filet de pêche. D’autres croient qu’elle fut nommée Dyctinna en l’honneur du Mont Dicte où elle chassait avec Artémis. Dyctinna serait aussi possiblement la Mère Montagne minoenne qui avait ses sanctuaires sur le sommet d’une mon­tagne. Britomartis est probablement identique à ou dérivée de la Déesse de l’âge de bronze Pot­nia Theron. Dyctinna était aussi nommée PI-PI-TU-NA, un nom trouvé sur les tablettes Linéaire B de Knossos. Si cette théorie est vraie, alors Dyctinna est une Déesse minoenne archaïque et plusieurs liens peuvent encore être faits.
Britomartis possède plusieurs attributs d’Arté­mis. Britomartis devint Déesse de la chasse, de la terre, de la nature et des animaux sauvages. Elle fût la patronne des chasseurs, des marins et des pêcheurs. D’ailleurs, Artémis a déjà porté le nom d’Artémis Dyktinna dans ses sanctuaires dans la baie de Chania et à Chersonesos. Donc, plusieurs présument que Dyctinna et Artémis sont la même.
Le culte de Britomartis avait lieu en Crète mais aussi sur l’île d’Égine, en tant qu’Aphaea, Déesse locale. Sur l’île de Cephallonia, elle était connue sous le nom de Laphria.
Gaea et ses filles
Dans la mythologie grecque, Gaea et ses filles (Rhéa, Thémis et Dione) sont les Déesses Terre et Déesses Mère les plus anciennes. Elles ont joué un rôle essentiel dans la Théogonie d’Hé­siode (3).
Gaea était considérée comme la Terre en soi. Son nom était parfois Ge ou Gaia et les Romains la nommaient Tellus ou Terra. Non seulement elle était la Déesse Mère ultime mais elle était aussi une Déesse créatrice. Gaea a été engendrée par Éros (amour) et par Tartare venant de Chaos (abysse primale). Ils étaient les premières matières physiques nées.
Du ventre de Gaea, sont nés plusieurs enfants gigantesques. Soit sans partenaire masculin ou soit avec Éther, Gaea est devenue la mère d’Uranus (ciel), de Pontus (Mer) et d’Ourea (montagnes). Uranus épousa sa mère et de­vint le chef suprême de l’univers. Gaea et son époux/fils représentent la séparation du ciel et de la terre. Elle mit au monde beaucoup d’en­fants avec Uranus : les Cyclopes, les Titans et les Géants. Aussi, avec son frère Tartare, elle mit au monde un des plus grands monstres : le Typhon.
Gaea créatrice de la Terre
Uranus décida de cacher ses enfants et provo­qua beaucoup de colère et de peine chez Gaea. Elle demanda l’aide de son fils Cronos, le plus jeune et le plus brave des Titans. Elle lui donna même l’arme, une faucille, pour tuer Uranus. Cronos gagna du pouvoir pour régner sur l’uni­vers mais il la mit en colère lorsqu’il refusa de libérer ses propres frères. Gaea avait un talent pour la divination (qu’elle passa plus tard à sa fille Thémis) et elle est connue pour être la pre­mière à avoir possédé les oracles de Delphes. Alors, elle prédit à son fils que celui-ci chuterait à cause de son fils. Ayant peur de perdre son pou­voir de régner, il avala chacun de ses enfants que Rhéa, son épouse, mit au monde. Gaea et Rhéa aidèrent alors Zeus, le plus jeune des fils de Cronos, à prendre la place de son père et de celle des autres Titans.
Gaea porta plusieurs autres enfants. Elle demeure une des plus grandes Terre Mères ayant existé.


Rhéa
Rhéa, ou Ops ou Magna Mater, est une autre grande Déesse Mère. Elle est fortement identi­fiée à la Déesse Mère phrygienne Cybèle (voir plus bas sur Cybèle). Rhéa fait partie des Titans, enfants de Gaea et d’Uranus. Elle est la soeur de Cronos, et lorsque celui-ci devient le chef suprême, elle l’épouse. Toutefois, leur mariage n’est pas une union très heureuse.
Lorsque Gaea annonce que Cronos sera écrasé par l’un de ses enfants, Rhéa voit cinq de ses enfants se faire avaler par leur propre père. Une grande peine pour Rhéa. Ayant peur de perdre tous ses enfants, Rhéa cache son plus jeune fils, Zeus, dans la grotte d’une montagne en Crète. Elle pousse le courage en faisant passer une roche enveloppée dans du linge pour Zeus que Cronos avale. Avec l’aide de sa mère Rhéa et de sa grand-mère Gaea, Zeus réussit à faire cra­cher Cronos pour redonner les enfants avalés. Zeus et ses frères défient alors Cronos.
Rhéa est aussi responsable de la réconciliation entre Zeus et Déméter, donnant la possibilité à Perséphone de passer les deux tiers de l’ année auprès de sa mère et un tiers de l’ année auprès de son époux, Hadès.
Déméter et Perséphone
Perséphone est la fille de Zeus et Déméter et la Déesse du printemps, du blé mais aussi la reine des souterrains. Elle jouait avec ses amies les Océanides ramassant des fleurs dans la nature. Hadès, le frère de Zeus et Déméter, le seigneur des souterrains, quittait rarement son royaume. Par contre, lors de cette journée, il tomba amou­reux de Perséphone. Il reçut la permission de Zeus d’apporter Perséphone dans son royaume pour en faire sa reine. Déméter ne fut pas mise au courant. Personne n’entendit le cri de dé­tresse lorsque Hadès emporta de force Persé­phone, sauf Hékate et Hélios.
C’est la nymphe Cyane, qui a vu la scène de loin, qui raconta tout à Déméter. Déméter, pleine de colère et de tristesse, se mit à la recherche de sa fille pendant neuf jours, sans succès. Au dixième jour, Hékate prit en pitié Déméter et lui raconta qu’elle avait entendu Perséphone crier. Elle lui dit aussi d’aller voir Hélios qui voit tout durant le jour. Ensemble, les deux Déesses se rendirent chez Hélios, le Dieu Soleil. Hélios raconta tout à Déméter, dont l’intention d’Hadès d’épouser Perséphone. Déméter fut encore plus colérique à l’annonce de cette nouvelle. Tellement, qu’elle refusa de retourner à l’Olympe et qu’elle décida de partir à la recherche de sa fille. Elle vagabon­da, empruntant une forme humaine et déformant sa beauté, visitant des villages. Poséidon se mit à désirer le retour de Déméter et se mit à la poursuivre. Déméter tenta de se cacher et de se dissimuler. Pour cette raison, elle se transforma en jument. Toutefois, Poséidon la trouva et il se transforma à son tour en étalon. Il la prit et celle-ci tomba enceinte. À ce moment, Déméter se fit nommer Déméter Érynie ou Déméter Noire. En bas, sur la terre des humains, on se mit à subir la famine due à la colère de Déméter, Déesse du blé, qui avait le pouvoir de gérer l’agriculture. Elle mit au monde une fille nommée Desponia, la Déesse des chevaux.
Déméter à Éleusis
Toujours à la recherche de sa fille, Déméter se rendit à la ferme de Céléus, Seigneur de la ville d’Éleusis. La Déesse fit la connaissance des quatre filles de Céléus mais elle se présenta sous le nom de Doso en tant que servante cher­chant du travail. Céléus et son épouse Metanei­ra l’accueillirent sous leur toit. Déméter se mit à prendre soin du jeune enfant en lui offrant un charme de protection et en confectionnant des onguents. Un soir, Meteneira interrompit un rite de guérison que Déméter éxécutait, par peur que la Déesse brûle l’enfant. Déméter, prise de colère, révéla sa vraie identité. Elle dit à Céléus et Meteneira qu’elle leur enseignerait, à leur fa­mille et aux gens d’Éleusis, les rites pour l’ho­norer elle et sa fille Perséphone, connus sous le nom des Mystères d’Éleusis. Céléus et les habitants d’Éleusis débutèrent immédiatement la construction du temple pour honorer les deux Déesses. Déméter fut donc apaisée.
Le compromis
Déméter souffrait toujours de l’absence de sa fille et ne retournait pas à l’Olympe. Sa colère face à ses frères, Hadès et Zeus, était si intense qu’elle causa une famine globale. Aucune ré­colte n’avait lieu. La race humaine faisait face à l’extinction due à la faim… C’est à ce moment que Zeus intervint. Il tenta par plusieurs moyens de faire revenir sa soeur à l’Olympe mais celle-ci continua de menacer les déités et de promettre que le monde mourra de faim si sa fille ne lui revenait pas. Découragé, Zeus envoya Hermès quérir Perséphone dans les souterrains pour que celle-ci retourne auprès de sa mère. Hadès ne s’y opposa pas. Perséphone, joyeuse de retour­ner auprès de sa mère, mangea une grenade, au grand désespoir de Déméter. Hadès lui rappela la règle qui affirme que manger de la nourriture des souterrains force la personne à y rester…
Zeus décida donc que Perséphone devrait faire un compromis : passer un tiers de l’année dans les souterrains avec son nouveau mari et les deux autres tiers auprès de sa mère dans l’Olympe ou sur la Terre. Zeus fit part de ce com­promis à sa propre mère, Rhéa, qui elle, en fit part à Déméter. Celle-ci accepta le compromis et rétablit l’ordre dans la nature et l’agriculture, mettant un terme à la famine.
Ce mythe est donc le symbole du cycle de la na­ture, des saisons et de la roue de l’année.
Mère et fille, vie et mort
De tous les mythes gréco-romains, aucun ne peint une image aussi sensible et humaine de la relation mère/fille comme le fait le mythe de Dé­méter et Perséphone. Les Déesses, particulière­ment Déméter, réagissent de manière tout à fait humaine face à la perte d’un être aimé. Déméter réagit exactement comme une mère humaine qui perd son enfant. Elle vit la perte, la douleur, le désespoir et la colère ultime comme n’importe quelle mère humaine.
Leurs noms, Déméter et Koré (Perséphone) signifient « mère » et « fille ». Déméter était connue comme la mère du blé tandis que sa fille était l’esprit ou l’essence du blé. Même s’il existe plusieurs versions du mythe, la moitié des informations liées à ce mythe nous provient de l’Hymne Homérique à Déméter qui détaille l’enlèvement de Perséphone. Il existe plusieurs niveaux d’interprétation à ce mythe lié aux Mys­tères d’Éleusis et plusieurs auteurs ont écrit sur le sujet. Les Mystères expliquent entre autres le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance. Même si cet article ne fait pas l’analyse de ce mythe, il y a beaucoup à apprendre de celui-ci…
Au départ, Perséphone incarnait la vie en soi. Sa vie sur terre était symbole de printemps, de renouveau et sa vie dans les souterrains était symbole de la mort et de l’hiver. Ironiquement le symbole de la graine a une double signification la graine qui pousse au printemps est un sym­bole de renaissance mais la graine de la gre­nade est un symbole de mort. Il existe plusieurs versions sur comment Perséphone mangea ces graines de grenade : certains croient que Hadès la força à les manger et d’autres disent qu’elle les mangea volontairement. Ce qui peut signifier que la mort et la vie ne sont qu’un.
Étant donné que nous ne connaissons pas les secrets des Mystères d’Éleusis (nous en savons très peu), nous ne pouvons que spéculer sur la signification des rites. Une chose est claire : de plus en plus on croit que le savoir et la sagesse légués par ces mystères concernaient un espoir donné aux humains. Et que cet espoir est qu’il existe une vie après la mort.
Les Mystères se tenant à Éleusis se déroulaient en l’honneur de Déméter et de Perséphone, ou Koré, comme on la nommait parfois. En gros, une partie des cérémonies, des rites et des fes­tivals était basée sur le changement des sai­sons et sur l’agriculture. Des festivals spéciaux avaient lieu spécifiquement pour les récoltes. En l’honneur des deux Déesses, les participants fai­saient revivre le mythe sur une scène de théâtre.
Artémis d’ Éphèse
À Éphèse, en Asie Mineure, il y avait un temple immense construit en l’honneur de la Déesse Artémis (Diane). Ce temple, connu sous le nom d’ Artémésium, était une des Sept Merveilles du Monde. Ce temple était immense et orné des plus beaux objets d’art. Il était le plus grand des temples de l’époque, bâti par Croesus, roi de Lydie, autour du 6ème siècle avant J.C. Détruit en 356 avant J.C. par un fou nommé Hérostra­tus, il fut reconstruit par Alexandre le Grand et redétruit par les Goths en l’an 262 de notre ère. Il n’a jamais été reconstruit après la seconde des­truction.
Chez les Grecs, Artémis était vue comme une vierge chasseresse, tandis que sur le territoire de l’Anatolie, elle était vue comme Déesse Mère. La sculpture d’Artémis trouvée en Anatolie confirme cet aspect : la Déesse est représentée avec plusieurs seins, un symbole de maternité et de fer­tilité. Elle est d’ail­leurs associée à Cybèle et certains se demandent si ce n’est pas plutôt cette Déesse qui est représentée.
L’Artémis des Grecs est une Déesse de para­doxes et de contra­dictions. Elle est une vierge mais elle protège les enfants et est considérée, entre autres, comme la Déesse des nais­ sances. Cet aspect est tout à fait en contradic­tion avec l’Artémis éphésienne qui n’a rien de chaste et qui est loin d’être une vierge.
Au sein des Amazones, elle reçoit le plus grand des honneurs : elle est honorée comme la Déesse officielle des tribus d’Amazones et comme la protectrice des femmes. Toutefois, ses attributs guerriers et sauvages sont en contradiction avec la Déesse Mère d’Éphèse et la Déesse des nais­sances des Grecs. Toutefois, l’Artémis d’Éphèse était aussi une Déesse de la nature et des animaux sauvages, res­semblant étrangement à Potnia Theron, la Maîtresse des Animaux.
Cybèle
Déesse Mère dans toute son essence. Cybèle (Kybele) est une Déesse Mère phrygienne qui était honorée en Grèce et en Italie. Elle a été souvent asso­ciée aux deux autres Déesses Mère grecques : Rhéa et Déméter. Cybèle fut si grande qu’elle fut nommée « La Mère de tout » ou « La Grande Mère des Dieux ».
Cybèle portait aussi le nom de Dindy­mème ou Mère Dinymenienne car elle est née sur le Mont Dyndimus. Zeus éjacula sur la Terre autour du Mont Din­dymus et une créature jaillit de la terre, possédant les organes reproducteurs mâle et femelle. Les déités, ayant peur de cette créature, la castrèrent et elle devint une femme. Cette créature devint la Déesse Mère Cybèle, nommée Agdistis à Pessinus. Les déi­tés jetèrent le phallus coupé de Cybèle et un amandier poussa instantanément au même en­droit. Un jour, Nana, fille du Dieu de la rivière Sangarius, jouait sous l’amandier et une graine tomba sur sa cuisse. La graine disparût et Nana fut enceinte. Elle mit au monde un fils nommé Attis qu’elle abandonna dans la nature. Attis sur­vécut grâce à une chèvre qui l’allaita. Attis gran­dit et devint un très bel homme. Cybèle le vit et tomba amoureuse de lui. Toutefois, il était pro­mis à la fille du roi de Pessinus. Cybèle fut prise d’une colère immense et causa la mort d’Attis et de son père qui furent forcés de se castrer mutuellement. Cybèle, regrettant son action face à Attis, enterra son corps près d’un pin.
D’autres versions racontent qu’Attis fut tué lors d’un combat avec une bête sauvage.
Le culte de Cybèle a voyagé jusqu’en Italie, en 204 avant J.C. grâce à la grande pierre d’obsidienne sacrée à Cybèle que l’on apporta à Rome, suite à la demande de l’oracle de Sibylle de Cumes. Les Romains honoraient Attis comme le Dieu de la végétation et de la fertilité et il était considéré comme le consort de Cybèle. Le festival de Cybèle se déroulait le 4 avril et son animal préféré est le lion. D’après la légende, il semblerait qu’elle aimait que ce soit des lions qui tirent son chariot doré. Les adeptes du culte de Cybèle et d’Attis se nommaient corybantes et ses prêtres se nommaient gallis. Les gallis dansaient en transe jusqu’ à la castration en l’honneur d’Attis. 

 -        1 NDLR : Mother Goddess, sur Timless Myths : http://www.timelessmyths.com/classical/mother.html
-        2 NDLR : le linéaire B est une écriture mycénienne utilisée entre 1500 et 1200 avant notre ère.  
-        3 NDLR : récit grec de l’origine des Dieux datant du VIIIème siècle avant notre ère.
Retrouvez cet article ainsi que d’autres articles sur diverses Déesses sur le site Amna Dea : http://deesse.feminin-sacre.org/ ,
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