Entretien
avec Marie-Jésus SANDOVAL - AMRITA
Tantrika et chamane, Marie-Jésus Sandoval Amrita propose des
initiations à la sexualité sacrée pour les hommes et les femmes, les
célibataires et les couples. Elle aide aussi les femmes à renouer avec leur
puissance. Pour elle, vivre le sacré revêt de multiples dimensions.
Pourquoi avoir besoin de vivre le sacré ?
C’est
bien ce que je me demande ! La vie n’est-elle pas suffisamment sacrée
ainsi ? A-t-on besoin de lui donner plus de valeur ?
Vouloir vivre le sacré, au-delà de tout dogme, c’est poser et relier la Conscience de ce que Sa-Créer en moi. C’est lui donner une dimension psychocorporelle pour sortir enfin des guerres intestines…
Vouloir vivre le sacré implique de sentir à un niveau plus profond le sens que je donne à ma vie. C’est l’expression d’un chemin intérieur qui se défie des croyances.
Pour moi, le sacré est un espace relationnel qui me permet de vivre avec intensité l’instant présent. Je me sens nourrie et contentée.
Le sacré, c’est aussi l’acceptation que chaque inspire et chaque expire nous rappellent notre dernier souffle, nous invitant à accueillir avec sagesse et sérénité le temps du pas-sage.
Le sacré appelle-t-il un autre rapport au temps, un autre
regard ?
Tout
à fait ! Il nécessite d’appuyer sur le bouton « pause » de la
télécommande de ce tourbillon de la vie qui s’accélère sans cesse, un
tourbillon de consommation, d’obligations, d’habitudes…
Vivre le sacré, c’est vivre de façon extraordinaire des choses ordinaires, non
pas pour les magnifier mais pour leur redonner toute leur valeur, toute leur
saveur. C’est donner à cet espace qui ralentit la possibilité de respirer
profondément, c’est apporter un second souffle, nous nourrir et nous remplir de
ce beau en nous, cette délicatesse du cœur qui nous révèle toutes ces façons de
conjuguer le verbe aimer la vie. Développer l’Amour de la Vie dans la fierté
d’être un homme ou une femme. Être dans la profondeur du cœur,
l’émerveillement. « La beauté est dans l’œil de celui qui regarde ».
Quand on vit dans le sacré, on accueille notre humanité tout en espérant
rencontrer notre divinité.
Le sacré s’est-il perdu ?
Oui,
il s’est perdu quand l’homme est passé de la vie nomade à la vie
sédentaire : il a alors perdu le lien avec la nature et peu à peu avec sa
nature profonde. Le chaman en lui, relié aux esprits des plantes, des animaux,
des éléments et du monde des esprits s’est endormi pour laisser place au
conquérant. Le cerveau droit et le cerveau gauche sont entrés en lutte.
Comment y revenir aujourd’hui ?
En
se souvenant que le sacré n’est pas le rituel mais l’expérience personnelle de
ce que cela CRÉE en soi. Ce retour à notre vraie nature est plus que jamais
porté par les femmes. Non pas pour revenir au matriarcat mais pour permettre
aux valeurs de cette expression primordiale de l’humanité de soutenir la vie et
toutes ses formes d’expression.
Peux-tu nous en dire plus sur ton rapport au Féminin sacré
Le
culte de la Déesse Mère Universelle des origines est un culte matricien qui
vénérait le pouvoir originel de la femme. La femme est magique comme la terre.
Elle donne la vie et la nourrit. Tel était le pouvoir devant lequel on
s’inclinait. Le lien entre la Terre et la Femme a donné naissance au culte de
la Déesse Mère, fertile et nourricière.
En ces temps les femmes portaient la vie dès leurs premières menstruations. La vie du clan s’ordonnait autour de la relation entre la mère et l’enfant. On trouve des ouvertures aux formes vulvaires peintes en ocre rouge, honorant le sang de la vie, des femmes, des lunes. Le lien entre la Terre et le Ciel, les menstruations étant en lien avec le cycle lunaire. Le symbole du serpent est associé au culte matricien.
D’autres symboles sont-ils associés au culte de la Déesse
Mère ?
Les
pierres levées sont vénérées comme des points d’accumulation d’énergie, des
points d’acupuncture : elles symbolisent l’œil cosmique de la Déesse. Ces
lieux de culte s’articulent autour du cercle pour célébrer les rythmes des
saisons : solstice et équinoxe, pleine lune et nouvelle lune.
Un changement récent s’est produit dans l’histoire de l’humanité. Il y a 6 000 ans, on a cessé de vénérer la Terre et l’élément féminin. La révolution agricole a bouleversé la relation avec la terre. Il ne suffisait plus d’accepter les bienfaits de la terre mais de maîtriser ses forces prodigieuses. Quand l’homme s’est sédentarisé il a voulu posséder la terre puis la femme.
Avec quelles conséquences ?
Le
symbole du « conquérant » a bouleversé la place des femmes dans la
société. Privée du pouvoir lié à la terre nourricière, la femme a perdu sa
liberté d’être sexué, porteuse de vie et de vitalité.
Le culte de la matrice a été diabolisé, l’entrée du temple - la vulve, le vagin, l’utérus, en un mot la yoni (en sanscrit) - a été séparée et sectionnée.
Comment sortir de cette séparation ?
Grâce à
la roue Médecine de la réconciliation de l’homme et de la femme. Elle est cette
comme-union entre l’énergie des organes de la vie et l’énergie du cœur.
Ce qui a été séparé peut à nouveau être réuni. Le masculin portant le féminin et inversement. UNIDOS. Union des principes Masculin et Féminin car toute aventure humaine commence dans le ventre d’une femme…..
Cette union nous ramène à Dieu comme Conscience, espace universel qui anime le monde fait de vibrations, molécules, atomes… Dieu comme expression du vivant, d’une fraternité du vivant dans tous les aspects et tous les règnes : minéral, végétal, animal, terrestre, extra-terrestre…
Le mot de la fin ?
Revenir
au sacré, c’est vivre une expérience au cœur de nous-mêmes qui nous ouvre un
chemin spirituel, une transformation intérieure. C’est développer les qualités
et les valeurs du cœur, nos intentions… Cela génère en nous la magie de la
présence, la dévotion, l’adoration, l’écoute intérieure. C’est là où j’ai le
sentiment d’œuvrer.
Renseignements – Inscriptions :
Pour
en savoir plus, procurez-vous le nouveau livre "Et
tu seras chamane!" la biographie de Marie Jésus SANDOVAL-AMRITA par Jean-Luc
Nussbaumer.
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